Démonstration Kényane
La double éclaircie de la semaine est venue du Kenya. Aussitôt élu, William Ruto, le nouveau président de la République, a révoqué la reconnaissance du polisario, infligeant un camouflet aux parrains de ces indépendantistes. Au-delà, il s’agit surtout d’un nouveau succès de la stratégie patiemment déployée par Rabat qui consiste à se rapprocher de tous les pays, peu importe leur position sur la question du Sahara.
Le cas du Nigeria, avec lequel le Maroc est engagé dans le gigantesque projet du gazoduc, est une illustration parfaite de ce changement de cap amorcé dès l’accession du Roi Mohammed VI au trône. Ce pays n’a pas changé sa position sur le Sahara, mais cela n’empêche pas le Maroc de bâtir un chantier d’une envergure sans précédent avec Abuja.
Mais c’est surtout la décision de la Cour suprême de Nairobi d’entériner l’élection de William Ruto, rejetant le recours du candidat soutenu par le pouvoir, qui devrait être scrutée partout sur le continent. La plus haute juridiction de la justice kényane apporte la preuve de son indépendance et montre la voie à ses consœurs africaines. Elle se démarque surtout de ces cours un peu partout en Afrique qui ne tranchent que dans le sens attendu par le pouvoir en place.
Le courage des juges kényans doit être salué. Leur décision confirme l’ancrage démocratique de leur pays et balaie le préjugé selon lequel toute compétition électorale en Afrique est systématiquement émaillée de violences. À contre sens de cette « normalisation », le chef de l’Etat centrafricain a décidé de modifier les dispositions non amendables de la constitution pour s’ouvrir la voie à un troisième mandat. Minable.