Démagogie
La Banque mondiale a révélé le 3 décembre dernier que les pays « en développement » (ndlr : on ne dit plus pays sous-développés qui est une catégorisation humiliante, semble-t-il) ont déboursé 1.400 milliards de dollars au titre du service de la dette extérieure dont 406 milliards d’intérêts pour la seule année 2023.
Le poids des frais financiers atteint un niveau jamais vu depuis vingt ans. Ce sont les pays les plus pauvres parmi les pauvres qui sont pénalisés par l’intensité de cette pression financière. Ils se retrouvent ainsi piégés, car privés de toute marge de manœuvre pour investir dans l’éducation, la santé et les infrastructures. La majorité de ces Etats se trouvent sur le continent africain, et sont éligibles aux prêts concessionnels de l’IDA (Association internationale de Développement).
S’ils sont aujourd’hui étranglés par le remboursement de la dette, c’est parce qu’ils récoltent ce qu’ils ont semé. Ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. A cause de l’instabilité chronique et du risque politique très élevé dans ces pays, ils empruntent à des taux d’enfer sur le marché international. Tous les bien pensants qui culpabilisent les créanciers en les présentant comme des « méchants capitalistes » devraient revoir leur logiciel. Ce sont ces mêmes démagogues qui diabolisent les institutions de Bretton-Woods accusées « d’exploiter les pauvres ». Ils devraient pourtant se rappeler que dans les conditions actuelles du marché, la Banque mondiale et d’autres institutions multilatérales constituent la principale bouée de sauvetage des pays les plus pauvres en Afrique.