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De Maïga à Maïga… mais que se passe-t-il au Mali ?

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Choguel et Abdoulaye Maïga, en décembre 2022. DR.

C’est tombé comme un couperet. Choguel Kokalla Maïga est limogé, vive Abdoulaye Maïga ! Un ancien gouvernement qui ne voulait plus bouger, malgré de multiples tentatives, un nouveau premier ministre militarisé et non civil… Cette nouvelle nomination annonce une transition houleuse pour un Mali en perte de repères politiques.

Dans les méandres politiques de Bamako, une nouvelle page s’est écrite jeudi 21 novembre. La junte au pouvoir, solidement ancrée dans les rouages de l’État depuis 2020, a désigné le général Abdoulaye Maïga en tant que premier ministre, évinçant le civil Choguel Kokalla Maïga. Ce dernier, fidèle vétéran de la scène politique, a vu sa carrière à ce poste écourtée après des critiques virulentes sur l’opacité de la transition militaire.

Le désormais ex-premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, a été destitué, entraînant avec lui tout son gouvernement. Un décret, pour le peu, lapidaire signé par le président de la transition, Assimi Goïta, et lu solennellement à la télévision nationale, a scellé son sort. Son remplaçant, le général Abdoulaye Maïga, vient de dévoiler son équipe ministérielle, marquée par le départ de sept ministres et le maintien de certains aux postes stratégiques.

Tout a commencé un 15 novembre 2024. C’est lors d’un discours passionné à l’occasion de l’anniversaire de la reprise de Kidal que Choguel Maïga a mis le feu aux poudres. Devant ces militants du Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), il a critiqué la gestion opaque de la transition par les militaires. Il a dénoncé le report des élections, initialement prévues pour mars 2024 et la mise à l’écart systématique des civils dans les grandes décisions. «Le Premier ministre d’un pays ne peut pas apprendre dans les médias que les élections ont été reportées. C’est à la télé que les ministres ont appris que les élections avaient été reportées», a-t-il lancé sous les applaudissements de la foule.

Lire aussi : Limogeage de Choguel Maïga : le Mali en quête de stabilité ?

Dans les médias maliens l’on parle alors d’acte de divorce entre Choguel Maïga et Assimi Goïta. Selon les experts maliens, cette sortie n’était pas un coup de tête, mais une manœuvre calculée. Choguel Maïga savait ses jours comptés, qu’il n’était plus en accord avec la politique militarisée du pays et a donc décidé de provoquer son limogeage. S’il avait démissionné, ç’aurait été un aveu de faiblesse et d’échec. A présent, c’est la tête haute, en héros, que Choguel Maïga pli bagages.

L’éviction de Choguel Maïga ne sera toutefois pas sans conséquence. Leader emblématique du M5-RFP, mouvement à l’origine du renversement de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta, il demeure une figure très respectée. Son départ pourrait fracturer davantage la transition déjà fragile, d’autant qu’il conserve une base militante prête à le suivre.

Général Maïga, les médailles et le verbe

C’est alors que le général Maïga fait son entrée. A 43 ans, le militaire est tout sauf un novice. Porte-parole de la junte, il a longtemps été l’écho des décisions stratégiques de cette dernière, distillant annonces et ruptures dans un style mi-autoritaire, mi-sentencieux. Affublé de son éternel béret et treillis, il incarne depuis des années l’autorité qui a rompu avec l’ancienne puissance coloniale française, amorçant un virage géopolitique vers la Russie.

Mais il ne se contente pas d’être un soldat : doté d’un doctorat en sécurité internationale et riche d’expériences au sein d’organisations africaines et onusiennes, ce gendarme de formation est aussi un tribun littéraire. Qui d’autre aurait convoqué Victor Hugo à la tribune des Nations unies pour fustiger la France et ses alliés ?

Lire aussi : Mali : le général Abdoulaye Maïga nommé premier ministre

Ses allocutions, souvent imagées et mordantes, ponctuent les grandes décisions de la junte. On se souvient de son ton cinglant lorsqu’il annonça la rupture des accords de défense avec la France ou la suspension des partis politiques en 2024.

Cette nomination appuie davantage la militarisation totale de l’appareil étatique qu’une volonté de stabilité. Les militaires, ayant rompu leur engagement initial de remettre le pouvoir aux civils en mars 2024, semblent s’installer durablement dans les hautes sphères. Le chef de la junte, le général Assimi Goïta, est même pressenti comme candidat potentiel à une présidentielle encore hypothétique…

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