Accueil / Articles Afrique

Croissance africaine : la “malédiction des ressources” continue de frapper

Temps de lecture
Mine de cuivre Frontier à Sakania (Sud-Est de la RDC) © Gwenn Dubourthoumieu pour Jeune Afrique

La reprise de la croissance africaine demeure fragile et incertaine avec un taux de 3,2% prévu en 2023. Dans ce contexte, les nations dont le sous-sol est relativement pauvre en ressources naturelles tirent mieux leur épingle du jeu. Ils affichent une croissance économique plus vigoureuse et une meilleure diversification. Plus globalement, l’inflation élevée et la dette publique constituent des menaces pour la stabilité des économies africaines.

En scindant l’Afrique en deux entités distinctes, distinguant d’une part, les nations richement dotées en ressources naturelles, et d’autre part, celles dont le sous-sol est relativement pauvre, une analyse percutante des performances économiques des deux blocs se dessine. Il est manifeste que la croissance économique s’avère considérablement plus robuste au sein des pays défavorisés en termes de ressources naturelles, avec des taux pouvant être jusqu’à deux fois supérieurs à ceux des nations mieux loties.

Lire aussi : Assemblées FMI-BM : Janet Yellen «L’Afrique façonnera l’avenir de l’économie mondiale»

Cette disparité s’est particulièrement accentuée lors de l’année 2022, avec une croissance respective de 5,5% pour les économies diversifiées et 2,7% pour celles s’appuyant majoritairement sur les ressources naturelles. Selon les récentes projections du FMI, en 2023, cette tendance persistera, avec des taux attendus de 4,3% pour les pays dépourvus de ressources naturelles, comparés à 2,4% pour les autres. Il est également à noter que la croissance du PIB par habitant affiche un contraste saisissant, se situant à 2,4% dans les nations dépourvues de ressources naturelles, tandis qu’elle atteint seulement 0,2% dans les pays riches en ces ressources.

Lire aussi : Afrique subsaharienne : le FMI voit des signes d’espoir malgré les défis

La nécessité de diversifier son économie

Bien que la richesse en ressources naturelles puisse théoriquement favoriser le développement économique, la réalité dévoile un grand nombre d’exceptions. Plusieurs pays continuent de pâtir des multiples problèmes associés à l’abondance des ressources souterraines. On peut notamment citer la dépendance aux revenus tirés des matières premières, la corruption, la faible diversification économique, la vulnérabilité aux fluctuations des prix, la fragilité des institutions étatiques et la croissance des inégalités.

En revanche, l’absence de telles ressources a constitué un atout pour certains pays qui ont mis en œuvre des mesures précoces visant à diversifier leur économie et à entreprendre des réformes structurelles favorables à leur développement. Le Maroc, pays hôte des assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI, cinquante ans après les dernières tenues en Afrique en 1973 à Nairobi, incarne un modèle exemplaire à suivre. En Afrique subsaharienne, de nombreux pays défavorisés en ressources naturelles (Kenya, Rwanda, Sénégal) se démarquent par leur économie diversifiée et dynamique, avec des taux de croissance robustes.

L’Afrique créditée d’une croissance de 3,2% en 2023

Pour un continent qui se relève tout juste du choc de la pandémie du COVID-19, la croissance s’établira à 3,2% en 2023 et prendra de la vitesse en atteignant 3,8% en 2024. Toutefois, la reprise, longtemps attendue, demeure fragile et incertaine. L’Afrique doit encore faire face à une série de défis considérables. Sa résilience future ainsi que sa prospérité à long terme reposent fondamentalement sur des réformes structurelles souvent complexes.

À court terme, l’inflation demeure élevée et sujette aux risques. Bien que les taux d’inflation aient tendance à baisser dans près des deux tiers des pays africains, ils demeurent dans la plupart des cas supérieurs aux niveaux d’avant la pandémie, exacerbant ainsi la question du coût de la vie, particulièrement pour les populations les plus vulnérables du continent. Par ailleurs, l’inflation des prix des denrées alimentaires persiste à un taux à deux chiffres pour la médiane des pays, laissant craindre une détérioration de la sécurité alimentaire. Selon les estimations, environ 158 millions de personnes en Afrique se trouvent en situation d’insécurité alimentaire aiguë, soit environ 13% de la population.

En outre, la dette publique présente des signes de vulnérabilité. Plus de la moitié des pays du continent éligibles aux prêts concessionnels du fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance du FMI sont confrontés à un risque élevé de surendettement. Certains sont même déjà en situation de surendettement.

Lire aussi : L’enjeu du réacheminement des DTS pour le développement de l’Afrique

Pour l’avenir, les perspectives de croissance à moyen terme s’avèrent mitigées. L’Afrique est un continent vaste et diversifié, où certains pays tireront mieux leur épingle du jeu que d’autres. Malgré tout, de nombreux pays africains devront persévérer pour générer une croissance économique soutenue, inclusive et génératrice d’emplois, nécessaire pour rattraper les pertes subies au cours de la récente crise prolongée, tout en faisant face à la croissance démographique du continent.

Recommandé pour vous

BAD-Maroc : Akinwumi Adesina attendu la semaine prochaine à Marrakech

Afrique, Économie - À partir du lundi prochain, Akinwumi Adesina, président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), sera en visite au Maroc.

Marrakech abritera le 14e US-Africa Business Summit du 19 au 22 juillet 2022

Afrique, Économie - Le Maroc accueille la 14e édition de l’US-Africa Business Summit, organisée, par le "Corporate Council on Africa" (CCA), du 19 au 22 juillet 2022, à Marrakech.

Afrique du Sud : les startups du pays s’accaparent 95% des fonds levés en Afrique australe depuis 2019

Afrique, Économie - L’Afrique du Sud reste le leader en Afrique australe en termes de levées de fonds, depuis plus de trois ans. Depuis 2019, le pays a attiré à elle seule 1,7 milliard $ sur 1,8 milliard $ levé dans l’ensemble de la sous-région.

BAD : l’Afrique a besoin de 424 milliards de dollars pour se remettre de la crise sanitaire

Afrique, Économie - Les États africains ont besoin de 424 milliards de dollars cette année pour les aider à faire face aux effets dévastateurs de la pandémie du coronavirus, affirme Akinwumi Adesina, président de la BAD.

BCEAO : accélération de l’inflation dans l’Uemoa

Afrique, Économie - Le dernier bulletin mensuel des statistiques de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) indique un taux d’inflation en glissement annuel de 6,8% en mai 2022, contre 6,6% en mars 2022.

Algérie : découverte d’un important gisement de gaz à condensat

Afrique, Économie - La société algérienne d’énergie Sonatrach a annoncé ce lundi la découverte d’un «important» gisement de gaz à condensats dans les champs de Hassi R’mel, dans le désert du pays.