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Crise diplomatique entre l’Algérie et le Mali, le Maroc pointé du doigt

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Image d’illustration. © DR

Cela fait quelques jours que la décision a été actée : Bamako a rompu l’accord de paix négociée en 2015 par Alger. Si pour le Mali cette décision vient affirmer sa souveraineté, l’Algérie y voit, elle, une ingérence étrangère. Pour le pays voisin, le Sahel est devenu un terrain où les puissances étrangères viennent se disputer leurs intérêts. Sur cette liste, figure évidemment le Maroc.

Le torchon brûle entre le Mali et l’Algérie. En réalité, la crise n’a pas commencé le 25 janvier lorsque la junte malienne a décidé de rompre l’accord de paix conclu en 2015 avec les rebelles séparatistes touaregs. Accord signé à l’époque sous l’égide de l’Algérie. C’était toutefois la goutte qui avait fait déborder le vase entre les deux pays. Mais Alger ne renonce pas à relancer le dialogue. Le pays garde «les canaux de dialogue ouverts avec la junte et tente de convaincre des pays tiers de la nécessité de renouer avec le processus de paix au Mali».

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Un expert algérien en géopolitique explique que «la fin de cet accord, avec effet immédiat, fragilise l’influence du pays dans la région du Sahel et ouvre la voie à la reconfiguration des alliances, notamment au profit du Maroc et d’Israël». Et pour appuyer ses propos, de citer : «Rabat s’est empressé en décembre dernier de proposer une alliance stratégique et un « accès à l’Atlantique » aux pays de la région enclavés et presque tous dirigés par des régimes issus de coups d’État». Un média algérien rapporte, lui, que les Émirats arabes unis «auraient accordé 15 millions d’euros au Maroc pour financer des campagnes frauduleuses et créer un climat de tension entre l’Algérie et les pays du Sahel».

Shift régional

La «décision malheureuse» de la junte malienne constitue selon Alger «une source de menace pour la paix et la stabilité régionale». Et la situation risque de se compliquer davantage, car la présence étrangère appelle une autre présence étrangère. «Par exemple, l’ingérence russe amènera inévitablement celle des États-Unis qui à son tour donnera à réfléchir à la Chine… Le Sahel est en train de devenir, si ce n’est pas déjà le cas, le terrain de confrontation des grandes puissances de la planète».

Un constat que vient confirmer le diplomate et ancien ministre algérien Abdelaziz Rahabi. Interrogé sur la virulence du ton utilisé par la junte malienne à l’égard de l’Algérie, Rahabi a répondu que les autorités de Bamako «n’ont pas les capacités politiques, diplomatiques ou militaires pour avoir ce ton avec l’Algérie». Si un pays adopte un tel langage, «cela signifie qu’il s’appuie sur des puissances non régionales, ou qu’il est entré dans une stratégie de puissances non régionales».

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L’Union européenne, elle, s’est dite confrontée à un dilemme quant à sa présence restante au Mali et dans la région ouest-africaine du Sahel. La décision du Mali, du Burkina Faso et du Niger, dirigés par des juntes, de se retirer de la CEDEAO a encore compliqué cette présence. «Il est très significatif que ces trois États, tous dotés de dictatures militaires, aient décidé de quitter l’organisme régional… au moment même où nous voyons l’influence russe augmenter», a déclaré le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. «Cela crée une nouvelle configuration géopolitique de cette zone.»

Il a ajouté que la présence russe était déjà forte au Mali et pourrait bientôt s’étendre à d’autres pays. Africa Corps est le nom de la présence militaire russe qui a succédé au groupe Wagner, la force mercenaire déployée au Mali en 2021. Fin janvier, un contingent s’est envolé pour le Burkina Faso.

L’UE a jusqu’au 24 mai pour décider de rester ou non au Mali, a déclaré Borrell.

Le Maroc pointé du doigt

Mais si l’ingérence étrangère préoccupe l’Algérie, c’est surtout le Royaume qui est pointé du doigt. «On ne peut pas imaginer que les pays du Sahel puissent chercher un accès vers l’océan Atlantique. Ce n’est ni une logique géographique ni économique, mais plutôt un message diplomatique clair que ce sont là les contours du nouvel ordre régional qu’ils veulent installer dans la région du Sahel, devenue un terrain d’expérimentation», tranche le diplomate algérien Abdelaziz Rahabi.

Faisant référence à l’initiative royale atlantique, Abdelaziz Rahabi voit dans ce projet l’objectif de réduire l’influence de l’Algérie, de mettre l’armée algérienne sous pression constante et de l’engager dans une guerre d’usure, ainsi que de créer des problèmes pour l’économie algérienne, avec des retombées sociales.

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Plus que cela, le ministère algérien des Affaires étrangères a dénoncé «l’intensification» par les autorités maliennes de «leurs programmes d’armement financés par des pays tiers et leur recours à des mercenaires internationaux», citant l’intention du Maroc et d’Israël «de créer une autre situation d’instabilité aux frontières de l’Algérie».

Si la crise diplomatique entre le Maroc et l’Algérie a toujours déteint sur le Sahel, la crise entre Alger et Bamako vient compliquer les choses. Mais pour le spécialiste en géopolitique, Alexandre Del Valle, Rabat «a une stratégie fondée sur des accords gagnant-gagnant, tandis que la capacité d’influence de l’Algérie dans la même zone se limite à un pouvoir de nuisance».

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