Crise climatique : l’Afrique pourrait lutter contre le réchauffement de la planète
Bien qu’elle ait enregistré les émissions par habitant les plus faibles de toutes les régions du monde depuis 1960, l’Afrique subit une augmentation de la température plus rapide que la moyenne mondiale. Des dizaines de pays africains sont en plus dévastés chaque année par de graves inondations et sécheresses.
«Le changement climatique est comme la Covid-19 : il ne connaît pas de frontières», a précisé Nathalie Delapalme, directrice générale de la Fondation Mo Ibrahim. Cette fondation vient de publier cette semaine une nouvelle étude qui s’attarde sur le stress climatique en Afrique et le rôle que celle-ci doit jouer pour y faire face. Cette enquête a été menée dans le cadre de la préparation de la 27ᵉ conférence onusienne sur le climat (COP27), qui aura lieu cette année en Égypte.
Le rapport en question est intitulé « En route vers la COP27 : Faire valoir le point de vue de l’Afrique dans le débat sur le climat ». Il sera détaillé pendant trois jours, lors d’un forum virtuel qui débutera ce mercredi. Il permettra au continent de «prendre une longueur d’avance» avant la tenue de la COP27 en novembre 2022.
Les risques et les opportunités liés au climat seront également examinés par les orateurs de cet événement, dont le chef de l’Union africaine, Macky Sall, le président de la Banque mondiale, David Malpass, et la directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva.
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Une crise climatique chronique
Selon le rapport, les températures annuelles sur le continent pourraient augmenter de 6°C avant la fin du siècle. Dans le cadre d’un «scénario de fortes émissions», la même source estime que 33 pays africains devraient connaître des températures au-dessus de 35°C plus de 100 jours par an.
En raison de leur «faible variabilité climatique interne ou saisons», de nombreuses nations africaines sont en train de devenir les premières à être exposées à des climats extrêmes. En effet, l’Afrique est déjà la région du monde la plus touchée par la sécheresse. Elle a subi «81 catastrophes naturelles et au moins 172 millions de personnes ont été impactées sur la période 2010-2022», indique l’enquête, précisant que les répercussions sur le continent diffèrent selon les pays.
Le Kenya, la Somalie, la Mauritanie, l’Éthiopie, le Lesotho, Madagascar, le Niger, l’Afrique du Sud et le Zimbabwe sont les plus touchés par les conditions extrêmes de chaleur et de sécheresse. En même temps, la fréquence et l’intensité des fortes pluies devraient augmenter sur la majeure partie du continent, en particulier dans l’Est du Sahel, en Afrique de l’Est et en Afrique centrale. D’ailleurs, dans ces régions, les précipitations sont très imprévisibles. Et, les communautés les plus vulnérables à la volatilité du climat sont celles qui dépendent de l’agriculture pour assurer leur subsistance. Actuellement, dans la région de Godé en Éthiopie, il n’y a pas eu une goutte de pluie depuis un an et demi, ce qui place le pays au bord de la crise humanitaire.
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L’apartheid énergétique
Par ailleurs, la Fondation Mo Ibrahim évoque un « apartheid énergétique ». Selon elle, ce concept fait référence aux 900 millions d’Africains qui n’ont pas accès à l’électricité, soit près de trois fois la population des États-Unis (plus de 330 millions d’habitants). L’organisme souligne en outre que plus de 930 millions de personnes sont contraintes d’utiliser des combustibles polluants, comme le kérosène et le charbon de bois, qui présentent des risques pour la santé.
D’après le rapport, l’équilibre entre l’accès à l’énergie et l’atténuation du changement climatique est crucial, surtout que «l’Afrique représente 17% de la population mondiale, mais seulement 5,9% de l’approvisionnement énergétique mondial».
La population africaine étant appelée à doubler d’ici 2050, l’étude insiste sur l’importance de soutenir le continent afin qu’il puisse renforcer sa capacité à répondre aux menaces climatiques. Les solutions consistent notamment à augmenter les ressources financières et les infrastructures, à trouver un juste équilibre entre énergie et protection du climat et, surtout, à tirer le meilleur parti des atouts du sol africain.
«Grâce à ses ressources écologiques et minérales, l’Afrique dispose du potentiel pour être un acteur unique dans la lutte contre le changement climatique», indique le rapport. Et de conclure que la demande mondiale de lithium, de graphite et de cobalt, en particulier, peut être transformée en une aubaine pour le continent.
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Pour rappel, le sommet COP15 d’Abidjan, qui a eu lieu du 9 au 20 mai 2022 en Côte d’Ivoire, était axé sur la désertification et ses impacts. Les 196 pays qui ont pris part à cette conférence ont convenu de plusieurs engagements, dont la restauration, d’ici 2030, d’un milliard d’hectares de terres dégradées. Ils se sont aussi mis d’accord sur l’amélioration de la préparation, la réponse et la résilience face à la sécheresse. Au cours de ce sommet, les participants ont relevé que l’évaporation de l’eau sera plus importante et l’eau moins abondante, surtout si les températures continuent de grimper. Les intervenants ont également souligné l’urgence de s’attaquer à la désertification qui provoque à son tour des migrations et des exodes.
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