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Corruption : quels pays d’Afrique subsaharienne ont été bons élèves ?
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L’ONG allemande Transparency International a récemment publié son rapport annuel 2022 sur l’état de la corruption dans le monde. L’Indice de perception de la corruption (IPC) souligne que globalement, «la plupart des pays ne parviennent pas à enrayer la corruption».
Transparency, qui attribue des notes allant de 0 (pays où la corruption est la plus élevée) à 100 (pays où la corruption est absente), note que la moyenne mondiale reste inchangée depuis plus d’une décennie à seulement 43 sur 100. Plus des deux tiers des pays obtiennent un score inférieur à 50, tandis que 26 pays sont tombés à leur score le plus bas à ce jour.
La région stagne
En Afrique subsaharienne, l’organisation relève d’une situation désastreuse. Le score moyen de la région, qui reste le plus bas du monde, perdant même un point cette année pour atteindre 32, marque une autre année de stagnation. Sur les 49 pays évalués, la majorité n’a fait aucun progrès. 44 obtiennent encore un score inférieur à 50.
Et pour preuve, le premier pays du continent – les Seychelles -, est classé au 23e rang mondial des pays où la corruption est faible. Les progrès réalisés par quelques pays sont occultés par les baisses de scores notables observées dans d’autres.
Dans le Top 10 africains des pays où la corruption est la plus faible on retrouve les Seychelles (70 pts), le Botswana (60 pts), le Cap Vert (60 pts), le Rwanda (51 pts), l’Ile Maurice (50 pts), la Namibie (49 pts), le Sao Tome-et-Principe (45 pts), le Bénin (43 pts), le Ghana (43 pts) et le Sénégal (43 pts).
Pourtant, Transparency pointe que la corruption n’est pas «le seul des maux accablant la région : elle est aussi l’une des moins pacifiques du globe selon l’Indice mondial de la paix».
Corruption et conflit
Selon l’institution allemande, «la paix mondiale se détériore depuis 15 ans. La corruption en a été à la fois une cause et un résultat. La corruption sape la capacité des gouvernements à protéger les personnes et érode la confiance du public, provoquant des menaces de sécurité de plus en plus difficiles à contrôler. D’un autre côté, les conflits créent des opportunités de corruption et sapent les efforts des gouvernements à y mettre un terme».
En effet, Transparency alerte que «des niveaux élevés de corruption laissent les États exsangues, sans ressources ni soutien public, incapables de prévenir les conflits, alors que les populations du continent se démènent encore pour enrayer les effets de la pandémie et affronter l’augmentation du coût de la vie».
Samuel Kaninda, conseiller régional pour l’Afrique de Transparency International déplore qu’«à l’heure actuelle, les populations du continent africain sont assaillies de toutes parts par de multiples difficultés – pénuries alimentaires, hausse du coût de la vie, une pandémie qui n’en finit pas et de nombreuses situations de conflits. Mais en dépit du fait que la corruption vient alimenter et compliquer chacune de ces crises, les gouvernements de la région, pour la plupart, continuent de négliger les efforts requis pour lutter contre ce fléau».
La République centrafricaine (24 pts), le Soudan (22 pts), la République démocratique du Congo (20 pts), le Soudan du Sud (13 pts) et la Somalie (12 pts) sont rangés parmi les dix pays les moins pacifiques de la planète et figurent aussi dans la liste des 30 pays les moins bien classés de l’IPC.
Samuel Kaninda précise que «les Africains ont besoin que leurs dirigeants ne se contentent plus de simples mots et engagements et prennent des mesures fortes et décisives pour éradiquer la corruption qui est omniprésente, en particulier en ces temps si durs, sinon la situation ne fera qu’empirer.»
Mais pour Daniel Eriksson, directeur général de l’organisation, nuance. Il affirme que «la bonne nouvelle est que les dirigeants peuvent en même temps combattre la corruption et promouvoir la paix», proposant aux gouvernements les mesures à même d’y arriver.
Transparency International appelle les gouvernements à accorder la priorité aux engagements de lutte contre la corruption, en renforçant les équilibres des pouvoirs, en garantissant le droit à l’information et en limitant les influences privées.
Selon le patron de l’ONG, ceux-ci «doivent ouvrir les espaces permettant aux citoyens – militants, entrepreneurs, membres de communautés marginalisées, jeunes, etc. – de participer à la prise de décisions. Dans les sociétés démocratiques, le peuple peut faire entendre sa voix pour aider à éradiquer la corruption et exiger un monde plus sûr pour tous.»