Confusion sur le bilan des inondations en Libye
Le bilan des inondations catastrophiques qui ont frappé la Libye le 10 septembre dernier suscite la confusion. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) a annoncé un bilan de 11.300 morts et 10.100 disparus à Derna. Il a aussi fait état de 170 autres personnes tuées ailleurs dans l’est de la Libye. Cependant, cette déclaration a été rapidement contestée.
Divergences sur les chiffres
OCHA avait attribué ce bilan au Croissant-Rouge libyen, mais le porte-parole de cette organisation, Tawfiq al-Shukri, a rejeté ces chiffres. Il a précisé que «les chiffres officiels sont émis par l’organisme autorisé par les autorités libyennes».
Dans un rapport ultérieur, OCHA a cité les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé. Notamment 3.958 morts et de plus de 9.000 disparus. Un groupe d’analystes de données et de chercheurs libyens a également avancé un autre bilan. Il s’agit d’environ 4.000 décès confirmés lors d’un décompte effectué samedi.
Situation des secours
Alors que la confusion règne en Libye, la ville de Derna tente de se remettre des inondations dévastatrices. Celles-ci sont intervenues après la rupture de deux barrages lors de la tempête Daniel il y a plus d’une semaine. Ces inondations ont engendré d’importants dégâts, effaçant de vastes zones au cœur de la ville qui comptait quelque 100.000 habitants.
Libye, un pays divisé face à la catastrophe
La Libye, riche en pétrole, est actuellement divisée entre deux gouvernements rivaux. L’un est basé à Tripoli et est reconnu par l’ONU. L’autre est situé dans l’est du pays, soit la région la plus touchée par la catastrophe. Cette division a compliqué les opérations de secours et entravé la collecte d’informations précises.
Besoin d’une aide internationale en Libye
Selon Ugochi Daniels, directrice générale adjointe des opérations de l’Organisation internationale pour les migrations, environ 46.000 personnes ont été déplacées par les inondations. Les dégâts matériels sont considérables, avec plus de 1.500 bâtiments touchés à Derna, dont 891 complètement détruits.
Mobilisation internationale
Des équipes d’intervention d’urgence et d’aide ont été déployées en Libye depuis plusieurs pays. L’on cite la France, l’Iran, la Russie, l’Arabie saoudite, la Tunisie, la Turquie et les Émirats arabes unis. D’autres pays ont également exprimé leur intention d’envoyer de l’aide. Les responsables internationaux estiment que beaucoup plus d’aide sera nécessaire pour faire face à cette catastrophe.
Enquête sur les barrages négligés
Par ailleurs, des experts avaient depuis longtemps mis en garde contre les deux barrages de Derna. Ils avaient appelé à leur entretien. Mais les gouvernements successifs en Libye ne l’ont pas fait malgré les fonds alloués à cet effet. Les barrages d’Abu Mansour et de Derna, construits dans les années 1970 par une entreprise de construction yougoslave, devaient protéger la ville des inondations soudaines, fréquentes dans la région. Ils étaient aussi utilisés pour l’irrigation des cultures.
Détournement de fonds d’entretien en Libye
Un rapport d’un organisme de contrôle d’État en 2021 a révélé que les deux barrages n’avaient pas été entretenus. Et ce, malgré l’allocation de plus de 2 millions de dollars à cet effet en 2012 et 2013. Face à ces révélations, les autorités de Libye ont annoncé l’ouverture d’une enquête sur l’effondrement des barrages et l’utilisation des fonds d’entretien.
Une situation chaotique
La Libye traverse actuellement une période de grande instabilité politique et sécuritaire, ce qui a rendu la gestion de cette catastrophe naturelle particulièrement difficile. La situation est compliquée par les divisions internes et le manque de coordination entre les différents acteurs impliqués dans les secours. Face à cette crise, les Libyens attendent désespérément une aide internationale pour faire face aux conséquences dévastatrices des inondations.
Le besoin de clarifier le bilan en Libye
La confusion entourant le bilan des inondations en Libye montre la nécessité de clarifier la situation rapidement. Les autorités libyennes devront travailler en étroite collaboration avec les organisations internationales pour obtenir des chiffres précis sur les victimes et les dégâts matériels. En parallèle, il est impératif de mettre en place des mesures d’aide et de reconstruction pour venir en aide à la population sinistrée. Cette catastrophe met en lumière les défis auxquels est confrontée la Libye, tant sur le plan politique que sur le plan humanitaire.