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Comment l’Égypte cherche-t-elle à échapper à la domination du dollar ?

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Image d’illustration. © DR

Comme de nombreux pays émergents, l’Égypte et sa monnaie sont actuellement éreintées par le rebond du dollar.  Le Caire cherche de plus en plus à s’affranchir du dollar. Cet été par exemple, il a émis un emprunt en yuan chinois. Mais la domination mondiale de la devise américaine continue à imposer son tempo : depuis le mois de janvier, la livre égyptienne a perdu 20% de sa valeur face au dollar. La dégringolade a été provoquée par la fuite des capitaux étrangers aimantés par la remontée des taux américains. Bien d’autres pays émergents l’ont expérimenté au même moment. La suspension de la parité fixe n’a pas suffi à enrayer la chute, la livre continue à glisser.

Et ce n’est que l’un des problèmes parmi d’autres auquel l’économie égyptienne est confrontée depuis le début de la guerre russe en Ukraine : l’inflation tourne autour de 15% et les besoins en financement s’envolent. Après avoir fait appel à la Banque mondiale et à ses partenaires du Golfe, l’État est sur le point d’obtenir un nouveau prêt du FMI ; l’aide des bailleurs apporte un soulagement bienvenu, mais ne règle rien sur le fond.

La liquidité en dollar a baissé en partie faute de rentrées en devises du secteur du tourisme. Et puis les acteurs économiques se sont mis à faire de la rétention pour protéger leurs réserves. Les banques ont d’elles même limité les retraits de leurs clients. L’État les a précédées. Il a mis en place une série d’obstacles à la circulation du billet vert, histoire de limiter l’érosion de ses réserves indispensables pour honorer les échéances des dettes libellées en dollars. D’où cette subite évaporation des billets verts.

Tout manque en Égypte, les médicaments, le fromage, les produits électroniques, tout ce qui est importé. De nombreuses marchandises croupissent en douane faute de règlement en dollars. Les minotiers, les éleveurs de volaille sont les premières victimes de cette pénurie. Les vidéos de poulets égorgés faute d’alimentation font le tour des réseaux. Même les bourgeois du Caire sont affectés. Impossible aujourd’hui d’acheter un véhicule ou des biens manufacturés importés.

Le gouverneur de la Banque centrale a reconnu que sa priorité était d’abord la lutte contre l’inflation. Qui est aussi l’une des conséquences de la hausse du billet vert : avec l’effondrement de la livre égyptienne face au dollar, les prix des produits importés remplissant le panier de la ménagère se sont envolés. Revoir la perception de la livre sur le marché des changes ne suffira pas à résoudre la crise.

Pour sortir durablement de cette tutelle, l’Égypte doit aussi améliorer sa balance commerciale et donc exporter davantage. Une politique de longue haleine qui exige un soutien à l’industrie locale, de la formation, et la libéralisation des secteurs contrôlés par l’armée. Des objectifs fixés depuis des années, mais sans cesse reportés.

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