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Commémoration des 80 ans du massacre de Thiaroye
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Le 1 décembre 1944, plusieurs centaines de soldats d’origine subsahariens ont été massacrés de leur camp de cantonnement à Thiaroye dans la banlieue dakaroise. Leur seul crime fut le fait de réclamer la prime qui leur était due à leur retour de la Seconde Guerre mondiale. A l’époque, les autorités françaises avaient affirmé que ces soldats étaient en mutinerie. Elle aurait été déclenchée par les soldats des forces coloniales, anciens prisonniers de guerre sur le sol français, conduisant les forces françaises à ouvrir le feu, tuant trente-cinq tirailleurs sénégalais.
Cette version officielle a été relayée pendant des décennies par l’État français. Elle fait l’objet de nombreuses controverses, plusieurs historiens pointant les incohérences ainsi qu’un «mensonge d’État» savamment entretenu. Depuis, le pays de la liberté, de l’égalité et de la fraternité avait toujours refusé d’admettre sa responsabilité face à cette page macabre de son histoire avec l’Afrique.
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Chaque année, le Sénégal célèbre ses héros qui se sont battus pour la libération de la France suite à l’appel du Général Charles De Gaulle. Pour ce 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, le président français Emmanuel Macron a envoyé une lettre à son homologue sénégalais Bassirou Diomaye Faye dans laquelle, il affirme que la «France se doit de reconnaître» qu’il y a eu un «massacre» dans le camp militaire de Thiaroye le 1er décembre 1944.
Cette reconnaissance intervient dix ans après le discours de François Hollande en 2014. Sans oublier, la décision prise par l’État français à la date du 18 juin 2024, d’octroyer la mention «morts pour la France» à six tirailleurs africains (quatre Sénégalais, un Ivoirien et un Burkinabè) tués lors de cette tragédie.
Quelques jours plus tard, le secrétariat d’État français chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, avait déclaré que cette reconnaissance s’inscrit dans le cadre des commémorations des 80 ans de la libération de la France, comme dans la perspective du 80e anniversaire des événements de Thiaroye, dans la droite ligne mémorielle du président de la République qui souhaite que nous regardions notre histoire «en face», tout en ajoutant que cette mesure «pourra être complétée dès lors que l’identité exacte d’autres victimes aura pu être établie».
Un pas historique
Selon les spécialistes, ce mot est utilisé pour la première fois dans un courrier officiel, rédigé quelques jours avant les cérémonies commémoratives au cours desquelles Emmanuel Macron sera représenté par son ministre des Affaires étrangères.
Pour sa part, le président Sénégalais a salué «un pas consistant qui doit ouvrir la porte à une collaboration pour la manifestation de la vérité sur ce douloureux événement».
Par ailleurs, Emmanuel Macron a souligné l’importance du travail des historiens. «Il est essentiel d’établir autant que possible les causes et les faits ayant conduit à cette tragédie», a-t-il affirmé.
Le président français a également exprimé son souhait d’être tenu informé des avancées des travaux du comité créé au Sénégal pour faire la lumière sur ces événements.
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Pour rappel, en début de semaine, cinq députés français ont proposé la création d’une commission d’enquête parlementaire pour faire toute la lumière sur cet épisode sombre de l’histoire coloniale. Soutenue principalement par des formations de gauche, avec quelques signataires du camp présidentiel, cette initiative vise à combler les zones d’ombre qui subsistent encore.
Le texte, soumis à l’approbation d’une commission compétente, pourrait permettre le lancement des travaux dès mars 2025. Les 30 députés membres de cette commission auraient alors la possibilité d’auditionner des historiens, des descendants des victimes, ainsi que des responsables du service historique de la défense française. Ces auditions seraient menées sous serment, garantissant ainsi la transparence et la rigueur des investigations.
Cette commission pourrait permettre de répondre aux nombreuses questions encore en suspens : combien de tirailleurs ont été tués ce jour-là, pourquoi ces soldats réclamant le paiement de leurs primes ont-ils été abattus, et quelles furent les motivations des officiers coloniaux ? Si cette enquête s’avère concluante, elle pourrait conduire l’État français à reconnaître officiellement le massacre et à ouvrir un nouvel épisode de justice mémorielle.