Cemac : Paul Biya invite ses pairs à une réunion d’urgence sur la dette
Le président camerounais, Paul Biya a invité ses homologues de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) à une réunion extraordinaire à Yaoundé, la capitale camerounaise. Même si l’ordre du jour de cette rencontre n’a pas été divulgué, les économistes soutiennent que les échanges vont tourner autour des questions économico-financières, vu la situation macroéconomique fragile de la région. Ils ajoutent aussi cette réunion sera une occasion de juguler la menace d’endettement et de crise financière sur le marché des titres publics de la Cemac.
Selon les données de la Banque mondiale, la zone Cemac traverse une période économique difficile, malgré des perspectives initialement optimistes après la crise sanitaire de la Covid-19. En 2023, la croissance économique de la région a ralenti à 1,7%, contre 3,1% en 2022. De plus, les réserves de change de la zone se sont réduites à 6.539 milliards de Fcfa, soit l’équivalent de quatre mois et demi d’importations, marquant une baisse de 5% par rapport à l’année précédente. Cette diminution des réserves est le reflet de l’augmentation des importations dans la zone.
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Les pays de la Cemac, riches en pétrole et en ressources minières, peinent à améliorer leur développement humain. Selon le rapport 2023 du programme des Nations unies pour le développement (PNUD), aucun des États de la région ne figure parmi les meilleurs classés. Le Gabon, par exemple, se classe 123e sur 193 pays, tandis que le Tchad se situe parmi les derniers. Cette situation dégradée, marquée par des déficits budgétaires et un endettement élevé, entraîne des difficultés de paiement et des arriérés de salaires, notamment au Congo. Le Cameroun, bien que moins touché, subit également les pressions du Fonds monétaire international (FMI), qui a imposé une réduction drastique des subventions sur les hydrocarbures.
La situation actuelle fait écho à celle de décembre 2016, lorsque les chefs d’État de la Cemac s’étaient réunis en urgence face à la chute des prix du pétrole et à l’instabilité sécuritaire dans le Golfe de Guinée. À l’époque, ils avaient évité la dévaluation du franc CFA, en s’engageant à mettre en œuvre des réformes structurelles pour renforcer la stabilité financière de la zone. Cependant, huit ans plus tard, la situation reste morose.