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CEDEAO : vers une sortie de crise ?

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D’abord le Niger, ensuite le Mali et le Burkina Faso : les chefs d’État des pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont annoncé la levée d’une grande partie des sanctions imposées aux trois États sous régime militaire. Avec ces décisions, les pays ouest-africains témoignent de leur volonté de renouer le dialogue avec ces trois pays sahéliens qui ont affiché leur intention de quitter le bloc sous-régional.

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Dans une tentative de renouer les liens avec Niamey, Conakry et Bamako, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a annoncé, ce week-end, la levée d’une grande partie de ses sanctions économiques imposées à l’encontre des trois régimes militaires.

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Réunis samedi en sommet extraordinaire à Abuja, les chefs d’État des pays membres de l’organisation discutaient de «la politique, la paix et la sécurité dans la République du Niger», ainsi que «les récents développements dans la région». La dernière réunion des membres remonte au 9 février, lorsqu’ils avaient appelé à la «réconciliation» avec les régimes militaires du Niger, du Mali et du Burkina Faso et les avaient exhortés à rester dans le bloc régional.

Levée d’une grande partie des sanctions

Samedi après-midi, l’organisation a levé «avec effet immédiat» les plus lourdes sanctions imposées au Niger. «Les frontières et l’espace aérien nigérien seront rouverts, les transactions financières entre les pays de la CEDEAO et le Niger de nouveau autorisées, et les avoirs de l’État nigérien dégelés, “pour des raisons humanitaires”», a annoncé Omar Alieu Touray, le président de la Commission de la CEDEAO. «Des sanctions individuelles et politiques restent en place», a-t-il ajouté sans donner plus de précisions.

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Dimanche, elle a aussi annoncé «lever les sanctions financières et économiques à l’encontre de la République de Guinée». En septembre 2022, l’organisation ouest-africaine décidait de mettre en place des «sanctions graduelles» la Guinée du Colonel Mamadi Doumbouya qui renversait le président Alpha Condé. La mesure avait interrompu l’assistance et les transactions financières par les institutions financières de la CEDEAO et le gel des avoirs des membres de la junte et du gouvernement. Ces personnes avaient également jusque-là, interdiction de voyager. Lundi, le chef de la junte a annoncé par décret la dissolution du gouvernement en fonction depuis juillet 2022.

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L’organisation a également décidé de «lever les restrictions sur le recrutement des citoyens de la République du Mali pour des postes professionnels au sein des institutions de la CEDEAO».

Le Burkina Faso, qui fait partie des quatre États dirigés par des régimes militaires depuis 2020 et, lui aussi soumis à des sanctions, n’est, pour sa part, pas mentionné dans le communiqué de l’organisation régionale.

Rétablir l’ordre sous-régional

Ces décisions marquent un pas de la CEDEAO vers la reprise du dialogue avec ces trois régimes militaires. «Nous devons revoir notre approche quant au retour de l’ordre constitutionnel chez quatre de nos pays membres», avait déclaré en introduction le président nigérian, Bola Ahmed Tinubu, qui assure la présidence de la CEDEAO.

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Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, qui sont dirigés par des militaires depuis respectivement 2020, 2022 et 2023, qui ont notamment tourné le dos à la France et se sont rapprochés de la Russie, se sont regroupés au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES). Les trois pays ont de plus annoncé en janvier leur intention de quitter l’organisation sous-régionale ouest-africaine. Mi-février, le chef du régime militaire nigérien, le général Abdourahamane Tiani, a évoqué la possible création d’une monnaie commune avec le Burkina Faso et le Mali, comme une «étape de sortie» de la «colonisation».

Créé en 1975 pour renforcer la coopération et l’intégration régionale, ce bloc, composé de quinze États, tentait depuis des mois de pousser à un retour des civils à la tête de ces pays dirigés par des juntes. Ces trois États sahéliens comptent parmi les vingt économies les plus pauvres au monde. Leur PIB par habitant se situe au-dessous de 2 500 dollars annuels (2 320 euros) en parité de pouvoir d’achat, selon la Banque mondiale. Ils sont dépourvus d’accès à la mer, les obligeant à importer et à exporter, via leurs voisins côtiers, comme la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Togo, le Ghana ou le Nigeria.

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La décision de ces trois pays, où des coups d’État ont renversé les présidents élus, marque le point d’orgue de la dégradation des relations avec le bloc sous-régional qui s’est employé en vain à obtenir le retour le plus rapide possible de civils au pouvoir. L’organisation a suspendu les pays de ses instances et leur a imposé de lourdes sanctions. Elle était même allée jusqu’à menacer le nouveau régime à Niamey d’une intervention militaire, avant de faire marche arrière.

L’annonce du retrait burkinabè, nigérien et malien de la CEDEAO suscite l’inquiétude de centaines de milliers de ressortissants des trois pays, particuliers ou commerçants. L’organisation garantit en effet aux citoyens des 15 pays membres de pouvoir voyager sans visa et de s’établir dans les pays membres pour y travailler ou y résider.

C’est la première fois, en près de 50 ans d’existence de l’organisation, que ses membres se retirent de la sorte. Raison pour laquelle, dans son communiqué, le bloc sous-régional invite instamment les trois États membres à recourir «au dialogue, à la négociation et à la médiation». La notification formelle, adressée à la CEDEAO le 29 janvier dernier, a fait démarrer le délai d’un an avant que le retrait ne prenne effet. Durant cette période, les pays membres qui décident de partir restent tenus par leurs obligations, selon les textes de l’organisation.

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La CEDEAO avait préalablement noté que les juntes n’avaient pas consulté leurs citoyens sur cette décision et a ensuite présenté des arguments positifs en faveur du maintien dans l’union, afin de coopérer pour relever des défis communs tels que le changement climatique, l’extrémisme violent, les migrations et le crime organisé.

Toutefois, cette décision de la CEDEAO d’apaiser les tensions et de s’éloigner de la confrontation ne fera probablement pas changer d’avis les chefs militaires, notent les experts.