Cédéao : les gouverneurs des banques centrales discutent d’une monnaie régionale
La capitale sénégalaise a ouvert ses portes ce 30 juillet à la 64ᵉ réunion ordinaire du Comité des gouverneurs des banques centrales de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). La session, qui se tient au siège de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bcéao) à Dakar, marque un moment clé pour les discussions économiques régionales.
Cette rencontre est placée sous le signe de plusieurs enjeux majeurs. Parmi les dossiers examinés figurent le renforcement de la supervision bancaire transfrontalière et le rapport d’activités de l’Agence Monétaire de l’Afrique de l’Ouest. Ce dernier offre un aperçu détaillé de la surveillance multilatérale des économies des États membres de la Cédéao. Il fait également le point sur les progrès réalisés dans le cadre de la feuille de route pour le lancement de l’Eco, la future monnaie régionale.
Les gouverneurs passeront en revue le rapport sur la convergence macroéconomique des États membres. Cette analyse portera sur les évolutions économiques régionales et le respect des critères de convergence pour l’année 2023, ainsi que les perspectives pour 2024.
Le gouverneur de la Bcéao, Jean-Claude Kassi Brou, a souligné l’importance pour les États membres de maintenir le respect des critères de convergence macroéconomique afin de préparer le lancement effectif de l’Eco.
Tout dans le même sillage, Olayemi Cardoso, gouverneur de la Banque centrale du Nigeria et président du comité des gouverneurs de la Cédéao, a déclaré que «le programme d’intégration monétaire de la région a parcouru un long chemin ; le succès final est imminent». Il a exprimé sa confiance dans les progrès réalisés, malgré les défis rencontrés.
Quant au commissaire chargé des Affaires économiques et de l’agriculture à la Commission de la Cédéao, Massandjé Toure-Listé, a mis en lumière les avancées notables dans la mise en œuvre de la feuille de route pour l’Eco. La responsable a toutefois précisé la nécessité de renforcer la coopération inter-institutionnelle et de mutualiser les ressources pour accélérer le processus.
Les économies régionales, résilientes face aux chocs exogènes
Outre les discussions spécifiques à la région, l’impact du contexte économique mondial a également été abordé. Les tensions inflationnistes et les crises géopolitiques, couplées aux défis sécuritaires et aux effets du changement climatique, ont pesé sur la stabilité macroéconomique régionale, contribuant à un ralentissement de la croissance du PIB de la Cédéao en 2023. Ce ralentissement a été accompagné d’une hausse de l’inflation, dépassant les objectifs fixés par les banques centrales.
Néanmoins, au sein de l’UEMOA, les économies ont démontré une résilience notable face aux chocs exogènes. L’activité économique a enregistré une croissance de plus de 5% et l’inflation a diminué à 3,7% en 2023, après avoir atteint 7,4% en 2022. Le déficit budgétaire a également diminué, passant de 6,9% en 2022 à 5,2% en 2023.
Les perspectives pour 2024 sont encourageantes, avec une croissance économique projetée à 7% pour l’UEMOA, soutenue par les exportations de pétrole et de gaz. L’inflation devrait se stabiliser dans la cible de la banque centrale, fixée au plus haut à 3%. La Bcéao réitère son engagement à soutenir les initiatives visant à promouvoir la croissance, la stabilité macroéconomique et l’intégration monétaire au sein de la Cédéao.