Caricature Turque
Au récent symposium de Jackson Hole aux États-Unis où il débattait avec ses pairs sur l’efficacité des instruments de politique monétaire, le gouverneur de la Banque centrale turque a dû faire profil bas. Et pour cause, son patron, Recep Tayyip Erdogan s’est autoproclamé gouverneur de la banque centrale, quitte à ruiner la crédibilité d’une institution patiemment construite ces vingt dernières années et le «renouveau» économique du pays.
Alors que l’inflation pulvérise des records à 79%, Erdogan a «consommé» trois gouverneurs de la Banque centrale en quatre ans, trop indépendants à son goût. De plus, un groupe de recherche composé d’économistes indépendants turcs, conteste ce chiffre et estime l’inflation à 176,4% !
Le tort de ces technocrates honnis par Tayyip Erdogan, c’est d’avoir voulu appliquer le «bon sens» monétariste en relevant les taux directeurs pour endiguer la hausse des prix. Le chef de l’État turc lui, ne l’entend pas de cette oreille «au nom de préceptes de sa religion qui seraient incompatibles avec une hausse des taux d’intérêt». C’est ce qu’il prétend. Il avait d’ailleurs contraint la banque centrale à abaisser ses taux de 5 points. Tant pis pour la défiance des marchés envers la monnaie turque qui s’est effondrée face au dollar quelques jours après la décision de l’économiste en chef de la Turquie, sans parler de la fuite de capitaux.
À la fois imam, gouverneur de la banque centrale et chef de l’État, Erdogan est la parfaite caricature de ces dirigeants, si nombreux en Afrique, frappés par l’usure du pouvoir et à court d’inspiration. Ils sont prêts à tout, quitte à laisser leurs pays dans un état de délabrement.