Caricature
Choguel Maïga, le Premier ministre du Mali qui vient d’être limogé avec fracas par les militaires au pouvoir à Bamako, n’a pas su cette fois-ci activer son instinct de caméléon. Depuis plus de trente ans, ce tribun opportuniste, surnommé « Android » par la rue bamakoise, a travaillé quasiment avec tous les régimes qui se sont succédé au Mali. Des militaires comme des civils, y compris ceux qu’il vilipendait la veille de sa nomination aux responsabilités. Même ses adversaires lui reconnaissent son extraordinaire capacité à retourner sa veste sans états d’âme, et à se recycler.
À lui tout seul, Choguel Maïga symbolise la caricature de l’engagement politique sur le continent. La plupart des hommes et des femmes qui se lancent dans la politique, le font surtout pour des raisons alimentaires, y compris ceux qui se proclament opposants.
Pour beaucoup d’entre eux, la politique est avant tout une industrie et une opportunité d’affaires. Le plus compliqué, c’est de miser sur le bon cheval. Pour gagner de l’argent, il faut adhérer au « bon » parti politique. Et si on a la chance d’arriver au pouvoir, le gros lot est garanti. C’est ainsi que l’on assiste au phénomène de génération spontanée des fortunes partout en Afrique. Les ministres « gagnent au loto » à tous les coups. Ils se transforment en millionnaires (en dollars) en très peu de temps. Pareil pour les dirigeants de grandes administrations (Douane et Impôts) et des entreprises publiques. Et ce sont les mêmes qui devisent sur la bonne gouvernance dans les conférences, et osent se plaindre que les créanciers appliquent une prime de risque très élevée à leur pays.