Accueil / Articles Afrique

Cameroun : un pays pas comme les autres

Temps de lecture
Paul Biya lors de son discours à la Nation à l’occasion de la fin d’année 2023 et du Nouvel An 2024 © DR

Au pouvoir depuis 1982, Paul Biya détient le record de longévité en Afrique. Ces derniers temps, le président camerounais de 91 ans brille de par son absence. Sa dernière apparition en public remonte à début septembre lors du forum de la coopération Chine-Afrique (FOCAC). Il avait été annoncé dans plusieurs sommets internationaux, mais ce dernier ne s’y est pas rendu. Ceci a alimenté le débat sur son état de santé. Et pour clôturer le débat, le gouvernement a pris une décision radicale : il est simplement interdit d’en parler !

L’état de santé du président camerounais, Paul Biya, est un secret de polichinelle. Il était apparu pour la dernière fois sur la scène internationale au forum de la coopération Chine-Afrique (FOCAC). Depuis lors, le plus vieux chef d’Etat du continent est introuvable, même si le gouvernement a déclaré qu’il se trouve actuellement à Genève, en Suisse et en bonne santé. Cependant, il ne s’est pas rendu à New York pour l’Assemblée générale des Nations unies fin septembre, où il était annoncé. Paul Biya n’était également pas présent au sommet de la Francophonie les 4 et 5 octobre à Paris, pas plus qu’à Hambourg, en Allemagne, en ce début de semaine.
Cette absence prolongée du président avait alimenté les spéculations sur son état de santé. Certains sont allés jusqu’à annoncer sa mort. D’ailleurs une vidéo avait été diffusée dans ce sens, mardi dernier, sur la chaîne de télévision privée en ligne, Africa Broadcasting Service (ABS), par un des leaders séparatistes anglophone en exil.

Lire aussi : FIFA : six mois de suspension pour Samuel Eto’o

Dans la foulée, le gouvernement avait rendu public un communiqué dans lequel, René Sadi, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, a dénoncé des rumeurs qui «relèvent du fantasme et de la pure imagination». Le responsable gouvernemental avait ajouté que «le chef de l’État s’est accordé un bref séjour privé en Europe», mais «il demeure, comme de coutume, et où qu’il se trouve, attentif à l’évolution de la vie nationale».

Avant cette sortie du porte-parole du gouvernement, deux autres membres du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti majoritaire, ont aussi dénoncé ces rumeurs. Pour Jacques Fame Ndongo, ministre de l’Enseignement supérieur, ce sont des allégations dénuées de tout fondement.

Quant au ministre du Travail, Grégoire Owona, il a soutenu que ceux qui tentent de tromper l’opinion en annonçant le décès du chef de l’État camerounais doivent «payer le prix fort». Les institutions appropriées doivent sévir face à ces imposteurs, a-t-il déclaré, tout en rappelant que dans les institutions, il y a des mécanismes qui doivent permettre de poursuivre ce genre de personnes parce que l’on n’annonce pas le décès d’un chef d’État sans s’assurer de ce qu’il se passe.

Interdiction formelle d’évoquer la santé du président

Il faut dire que la volonté de ce dernier a été exaucée puisque le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a «formellement interdit» aux médias d’évoquer la santé du président. Dans la note ministérielle adressée aux gouverneurs régionaux, il est noté que «le chef de l’Etat est la première institution de la République, et les débats sur son état relèvent du domaine de la sécurité nationale ….Tout débat dans les médias sur l’état de santé  du président de la République est par conséquent formellement interdit». Paul Atanga Nji a précisé que les récalcitrants feront face à la loi : «Les contrevenants devront faire face à la rigueur de la loi» souligne la note estampillée d’une mention rouge «très urgent».

Lire aussi : Cameroun : les « cadeaux » de Bonne Année de Biya

Pour veiller à ce que cette mesure soit respectée, le ministre de l’Administration territoriale a ordonné à chaque gouverneur de créer «des cellules de veille chargées de suivre et d’enregistrer toutes les émissions et débats dans les médias privés et d’identifier les auteurs de commentaires tendancieux, y compris ceux qui agissent à travers les réseaux sociaux».
Cette décision fait couler beaucoup d’encre chez les acteurs des médias. Ces derniers estiment que cette mesure représente un recul de la démocratie et de la liberté d’expression.  Ils la qualifient de retour à l’époque du parti unique où seule la pensée unique était valorisée. Ce qui va à l’encontre des principes fondamentaux du métier, qui exigent que les journalistes ne suivent que les directives de leurs rédactions.

Recommandé pour vous

Tunisie : gel des comptes bancaires de plusieurs opposants du président

Afrique, Politique - Un tribunal tunisien a gelé les comptes bancaires des principaux opposants du président Kaïs Saïed, dont Rached Ghannouchi, le chef du parti Ennahdha.

L’Algérie célèbre en grande pompe ses 60 ans d’indépendance

Afrique, Politique - L’Algérie célèbre, le 5 juillet 2022, les 60 ans de son indépendance de la France par un grand défilé militaire. Lors de cette journée de fête, c'est le président Abdelmadjid Tebboune qui conduit le cortège militaire.

Tunisie : le nouveau projet de Constitution renforce les pouvoirs du président

Afrique, Politique - Le président tunisien a publié un projet de Constitution qui marque une rupture radicale avec le régime parlementaire en place.

Soudan : le 3e anniversaire sanglant du renversement d’Al-Bachir

Afrique, Politique - Neuf manifestants sont morts jeudi 30 juin au Soudan, lors d’une manifestation massive qui s’est répandue dans plusieurs villes du pays.

Conseil de sécurité : l’envoyé de l’ONU en RDC déplore une grave détérioration sécuritaire

Afrique, Politique - L’émissaire des Nations Unies (ONU) en République démocratique du Congo (RDC), Bintou Keita, a mis en garde le Conseil de sécurité contre un embrasement qui pourrait devenir incontrôlable dans l’est du pays.

Johannesburg : ouverture des travaux du Parlement panafricain

Afrique, Politique - Les travaux de la session ordinaire de la cinquième législature du Parlement panafricain (PAP) se sont ouverts, mardi 28 juin, au siège du Parlement à Midrand, en Afrique du Sud, en présence d'une délégation marocaine.