Cadeau empoisonné
A un peu plus de deux semaines (17 jours) de son investiture, les premières conséquences du retour de Donald Trump à la Maison Blanche sont déjà visibles.
Parmi elles, l’envolée actuelle du dollar qui pourrait faire des dégâts aux économies du continent. Le billet vert vient d’atteindre en effet des niveaux qu’il n’avait plus connus depuis deux ans, et se rapproche désormais de la parité avec l’euro.
Sur les marchés, les opérateurs et les cambistes traduisent, à leur manière, le slogan électoral de Trump, « rendre à l’Amérique sa grandeur » dont le dollar en est un puissant symbole.
Dans les capitales africaines, l’inquiétude gagne les pouvoirs publics. Banquiers centraux et ministres de Finances ont déjà sorti leur calculette et redoutent les conséquences sur les populations. Environ 60% de la dette extérieure des pays d’Afrique subsaharienne étant libellée en dollars (au Maroc, cette part est à 36,1%), l’appréciation du dollar renchérit le service de la dette et pourrait exacerber les pressions inflationnistes à l’import, la plupart des devises de la région ayant beaucoup perdu de valeur face à la devise américaine. Au Ghana, au Nigeria, et encore plus dans les pays « dollarisés » comme la RDC et le Zimbabwe, les banques centrales ne savent plus où donner la tête. Elles ont épuisé tout le crédit adossé au taux directeur en tant qu’instrument de régulation monétaire.
L’appréciation du billet vert n’est pas du tout une bonne nouvelle pour les ménages en Afrique subsaharienne. Dans la plupart des pays de la région, plus de 2/3 des importations sont libellées en billet vert. Un dollar fort risque de laminer surtout le pouvoir d’achat des populations en plus de la pression sur les réserves de change.
Décidément, Trump à la Maison Blanche est un cadeau empoisonné aux Africains en ce début d’année.