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Burkina Faso : plutôt Wagner que les français !

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Ce 20 janvier 2023 à Ouagadougou, des manifestants demandent le départ de la France et brandissent des drapeaux russes. © Olympia DE MAISMONT / AFP

Après le Mali, c’est au tour du Burkina Faso de demander le départ des troupes françaises du territoire. Selon des sources locales, le pouvoir aurait donné un mois aux militaires français du détachement « Sabre » pour quitter le territoire, dénonçant l’accord de coopération militaire qui le liait à la France depuis 2015. Une décision aussi liée à l’influence grandissante de la Russie sur place.

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«La vague anticolonialiste qui a commencé au Mali (…) semble avoir fait des émules au Burkina Faso voisin, constate le quotidien ouagalais, puisque ce dernier a demandé le départ, dans un mois, de la force Sabre installée depuis 2018 à Kamboinsin, dans la zone périurbaine de Ouagadougou. Ce retrait plus que probable se fera entre le soulagement de ceux qui soutiennent mordicus que les troupes françaises n’ont rien à faire ici, et la relative indifférence de la majorité des Burkinabè qui sont plutôt préoccupés par la situation sécuritaire figée (…)», écrit le quotidien burkinabé Le Pays.

L’ombre de Wagner ?

Depuis quelques mois, le groupe paramilitaire livre une véritable guerre de l’information, à grand renfort de buzz, de vidéos anti-françaises et d’opérations de désinformation.

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Une vidéo met en scène Emmanuel Macron, depuis son bureau présidentiel, qui tape du poing et fait le vœu de reconquérir l’Afrique. Un vœu en passe d’être exaucé par une armée de zombies qui se revendique fièrement comme «les démons de Macron»… Heureusement pour les populations opprimées, les miliciens de Wagner volent à leur rescousse, fournissant armes et munitions contre l’oppresseur… «À bas l’impérialisme», «À bas la France» scandent les Maliens, Ivoiriens et Burkinabés enfin libérés, grâce à leurs alliés russes.

Ce n’est pas la première du genre. En décembre dernier, une autre vidéo de propagande, attribuée au groupe paramilitaire russe Wagner, vise la France et a été diffusée à destination de la population africaine. Avec un objectif : dénoncer l’influence néo-coloniale de Paris et ses ambitions sur le continent africain.

Dans ce dessin animé, un homme se trouve chez lui en train de lire le journal, quand surgit soudainement dans sa cuisine un rat venu lui voler de la nourriture. La radio sur la table diffuse alors : «C’est le rat Emmanuel, il est votre ami, il est venu pour vous aider. Vous ne pouvez rien faire sans lui. Vous avez besoin de lui.»

Si elles sont à la gloire des mercenaires russes, des spécialistes du groupe dirigé par Evgueni Prigojine s’interrogent quant à l’origine des vidéos et au fait qu’elles aient réellement été réalisées et diffusées par Wagner.

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Comme le note le média français TF1 Info, la première vidéo a été diffusée par une page Facebook, Burkina Kibaya, mais elle n’a pas été relayée, du moins dans un premier temps, par les médias et réseaux sociaux russes.

Difficile donc de savoir qui a créé ces vidéos de mauvaise qualité, qui pourraient servir de « false flag », ou opération sous fausse bannière, à savoir des clips diffusés justement pour dénoncer les actions de propagande russes dans la région.

Le projet All Eyes On Wagner, qui traque et diffuse toutes les informations disponibles sur la présence de Wagner dans le monde, juge que le groupe est implanté avec certitude dans six pays africains : au Mali, à Madagascar, en Centrafrique, au Soudan, au Mali et au Burkina Faso.

Lire aussi : En Centrafrique, le soft power russe

Avec ces vidéos, le groupe dévoile-t-il ses intentions futures ? Car si Wagner maintient des forces dans les pays cités, ses mercenaires n’ont pas encore été aperçus en Côte d’Ivoire.

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