Bienvenue à Starlink
Les apprentis censeurs d’internet et de la presse, partout sur le continent, n’ont qu’à bien se tenir. Elon Musk, le fantasque propriétaire de Starlink (Tesla, SpaceX, Neuralink, X-Twitter…), annonce qu’il déploiera massivement l’internet haut débit par satellite en Afrique dès l’année prochaine. «2024 sera l’année de l’Afrique», a-t-il déclaré. Plusieurs pays sont d’ores et déjà sur sa short-list : Côte d’Ivoire, Sénégal, RDC et le Maroc au Maghreb. Rien de surprenant de voir des pays comme l’Algérie, le Mali, le Niger, le Burkina Faso ou l’Ethiopie prévenir que Starlink n’était pas le bienvenu chez eux, car ces satellites étant connus pour être un outil pour contourner la censure. On retrouve là le noyau des pays où la presse est la plus réprimée actuellement en Afrique.
Dès qu’ils sont confrontés aux contestations de la rue, les pouvoirs impopulaires sur le continent enjoignent aux opérateurs télécoms de débrancher les réseaux sociaux afin, soi-disant, «de prévenir les troubles à l’ordre public». En réalité, il s’agit d’un motif fallacieux pour museler les oppositions. L’objectif est de neutraliser toute parole gênante et les canaux de coordination de ceux qui osent contester les pouvoirs en place. Les juntes malienne, burkinabè, nigérienne, tchadienne et les régimes ougandais, togolais ou rwandais, en sont coutumiers. Mais cette liste n’est malheureusement pas exhaustive.
C’est le recours à cette censure par le Sénégalais Macky Sall, au plus fort des manifestations de rue à Dakar et Ziguinchor, qui a surpris plus d’un observateur. Se réclamer de la démocratie, c’est aussi se battre pour que ceux qui ne partagent pas ses idées puissent s’exprimer. Le jour où nos dirigeants l’auront compris, aucun d’entre eux ne redoutera plus le satellite d’Elon Musk.