Au secours, David Ricardo
Les dirigeants africains viennent de se réunir à Dakar pour un nième sommet consacré à la sécurité alimentaire. Pour une fois, on ne peut leur reprocher d’avoir fait le déplacement pour le shopping. La capitale sénégalaise n’abrite pas d’enseignes prestigieuses de la maroquinerie ou de prêt-à-porter, des boutiques souvent prises d’assaut par les épouses et les conseillers (dont quelques fictifs) des chefs d’État à chaque rencontre de ce type. Le tout, grâce aux «frais de mission» supportés par le contribuable. C’est d’ailleurs pour cette raison que la tension est palpable dans les cabinets présidentiels à l’approche de chaque grand rendez-vous international. Plutôt que de travailler les dossiers en profondeur, les conseillers se battent pour figurer dans la délégation qui accompagnera le «patron».
Revenons au sommet dit «Dakar 2». Comme les précédents, les 100 millions de personnes menacées d’insécurité alimentaire sur le continent n’en entendent rien. Rien de rien. Les incantations du genre «on va faire, il nous faut 100 milliards de dollars pour…», ressemblent à un disque rayé.
La vérité est que très peu de pays africains peuvent se prévaloir d’une politique agricole digne de ce nom pour nourrir leurs populations. Et la situation est encore plus grave pour les États pétroliers comme le Gabon, l’Algérie, l’Angola et le Congo-Brazzaville. Drogués aux pétrodollars, ces pays importent quasiment tout ce qu’ils mangent.
Qu’un continent qui regorge 60% des terres arables du monde soit le plus menacé par l’insécurité alimentaire devrait faire réfléchir. David Ricardo, inventeur de la théorie des avantages comparatifs, aurait dû être invité au sommet de Dakar.