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Algérie : le général d’armée à Paris pour une visite officielle

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Le Général d’Armée Saïd Chengriha, Chef d’état-major de l’Armée nationale populaire algérienne (ANP), a entamé lundi 23 janvier une visite officielle en France, à l’invitation de son homologue français Thierry Burkhard, a annoncé le MDN dans un communiqué.

Algérie : le général d’armée à Paris pour une visite officielle, une première en 17 ans

Le Général d’Armée Saïd Chengriha, Chef d’état-major de l’Armée nationale populaire algérienne (ANP), et le Général d’Armée Thierry Burkhard, Thierry Burkhard, Chef d’état-major des Armées françaises. © DR

Alger inscrit cette visite «dans le cadre du renforcement de la coopération entre l’ANP et les Armées françaises» qui permettra aux deux parties «d’examiner les questions d’intérêt commun», a précisé le ministère dans un communiqué.

Le séjour du patron de l’armée algérienne rentre dans le cadre de la préparation de la visite que devrait effectuer en France, en mai prochain, le président Abdelmadjid Tebboune, indique l’AFP.

https://twitter.com/supwithdz/status/1617940993055260673?s=20&t=m1Br4zbQGdzNVIKgeSdeNw

Les deux généraux s’étaient précédemment rencontrés les 25 et 26 août 2022 lors du voyage du président français Emmanuel Macron en Algérie. Ils avaient alors évoqué la situation sécuritaire au Sahel et abordé le renforcement de la coopération entre les armées algérienne et française.

À son arrivée à l’aéroport de Paris-Le Bourget en France, le Général Chengriha a été accueilli par le Général, Eric Peltier chargé des Relations internationales militaires auprès du Commandement de l’État-major des Armées françaises ainsi que l’Ambassadeur d’Algérie en France.

Discrétion à l’Élysée

C’est la première visite en dix-sept ans d’un responsable algérien de ce grade à Paris. La dernière visite d’un chef d’état-major algérien en France remonte en effet à Gaïd Salah en mai 2006.
Le Chef d’état-Major algérien a été reçu par le Président français Emmanuel Macron, «à qui il a remis un message de Monsieur le Président de la République Abdelmadjid Tebboune, Chef Suprême des Forces Armées, ministre de la Défense nationale», précise le communiqué ministériel.

Toutefois aucune image de la rencontre entre les deux hommes n’a été publiée. L’AFP a confirmé la rencontre, relevant son caractère «hautement symbolique».

Algérie : le général d’armée à Paris pour une visite officielle, une première en 17 ans

Le président français Emmanuel Macron et le chef d’état-major de l’armée algérienne, le général Saïd Chengriha, à l’aéroport d’Alger, le 27 août 2022. © AFP

Le chef d’État français espère poursuivre à cette occasion le travail de mémoire et de réconciliation entre les deux pays. Ces rencontres parisiennes font suite à celles d’Alger qui ont eu lieu en août 2022, lors du déplacement du président Macron qui avait permis de remettre la relation bilatérale sur les rails, après une crise liée à des propos qu’il avait tenus en octobre 2021.

C’est un pas en plus vers ce que le président Macron qualifie d’«une nouvelle ère des relations algéro-françaises», ou d’«une nouvelle relation de confiance» tel qu’exprimé par le président Tebboune.

Lire aussi : Macron attendu en Algérie, le souvenir de la colonisation encore vif

«Étaient présents à cette rencontre, aux côtés de la délégation algérienne, Mr Sébastien Lecornu, ministre français des Armées et le Général d’Armée Thierry Burkhard, Chef d’état-major des Armées françaises.

En cette occasion, les deux parties ont évoqué la coopération militaire algéro-française et les moyens de sa consolidation», précise la même source.

Alger et Paris restent toutefois discrets sur la nature des échanges qui ont eu lieu, à l’Élysée. Si l’on en croit les médias algériens, la situation sécuritaire au Sahel et la coopération militaire étaient au cœur des sujets, comme lors des rencontres bilatérales de l’été 2022.

Axe Alger-Paris : la Défense

Au deuxième jour de sa visite officielle en France, le Général d’Armée Saïd Chengriha, a été reçu par le ministre français de la Défense, Sébastien Lecornu, à l’Hôtel de Brienne, pour un entretien bilatéral, «où des carrés des différentes forces françaises lui ont présenté les honneurs militaires», précise le ministère.

Par la suite, le patron de l’armée algérienne a eu «une réunion élargie avec le ministre des Armées françaises en présence du Général d’Armée française Thierry Burkhard. Les entretiens ont examiné les moyens permettant le renforcement des relations de coopération militaire et sécuritaire entre les deux pays», indique le communiqué qui note que «la réunion a été sanctionnée par la signature d’une feuille de route conjointe».

L’achat d’armes, vraie raison de la visite ?

Pour nombre d’observateurs, cette visite suscite plusieurs interrogations. Certains y voient la duplicité d’Alger qui, malgré des signes de rapprochement avec Paris et Washington, demeure l’allié indéfectible de la Russie. L’alliance avec Moscou étant considérée comme «une constante des ailes influentes».

Car depuis la guerre en Ukraine, l’Algérie se trouve dans une position délicate. Elle essaie de réaliser un équilibre très difficile dans ses relations historiques et stratégiques avec Moscou et ses relations avec les pays européens ainsi que les États-Unis, note RFI.

En dehors de la symbolique et des considérations d’apparat, la visite du chef d’état-major algérien, Saïd Chengriha, à Paris se voulait bien plus «matérielle». Elle relève pour certains commentateurs, d’une stratégie du côté français visant à nouer des contrats d’armement avec l’armée algérienne, en raison du budget de la défense de l’État algérien. Au titre de la seule année 2023, le régime algérien prévoit de réserver 23 milliards de dollars à l’armement, soit 120% du budget de 2022.

Mais la vente d’armes à l’Algérie pourrait s’avérer être un acte à haut risque, des doutes planant sur la destination finale de ces armes, qui bénéficieront sans aucun doute aux groupes armés de la région, notent certains experts.

Émissaire de Paris au Sahel ?

«L’Algérie joue un rôle important dans la crise du Sahel, de par sa position. Et la coordination avec elle est essentielle à la France pour continuer la lutte contre le terrorisme», détaillait en août dernier une source de l’Élysée.

Pour d’autres observateurs, à l’issue de cette visite, l’Algérie devrait jouer le rôle d’émissaire de la France au Sahel afin de tenter d’endiguer le sentiment anti-français grandissant dans la région, qui ne s’est jamais autant exacerbé en Afrique que depuis l’arrivée de Macron aux commandes de l’Hexagone.

Lire aussi : Au Burkina Faso, plutôt Wagner que les français !

Pierre Guiffard, Senior Fellow à l’Institut Montaigne, détaille à cet égard :

«Les attaques contre l’ambassade de France à Ouagadougou et l’Institut Français de Bobo Dioulasso, le 1er octobre 2022, les manifestations régulières au Mali, au Burkina Faso ou au Niger contre la présence française, le pillage des magasins français à Dakar, en mars 2021, ou les nombreuses invectives contre des responsables politiques français seraient l’illustration d’un sentiment anti-français bien ancré en Afrique de l’Ouest, ressenti par une majorité de la population qui rejetterait la présence française sous toutes ses formes (militaire, en premier lieu, mais aussi diplomatique et économique).»

Cette visite soulève notamment d’autres interrogations sur les contradictions de Paris : victime de la percée russe en Afrique et apportant à la fois, son soutien à Alger, l’un des principaux appuis de Moscou en Afrique.

Lire aussi : Comment Paris et Moscou mènent une guerre informationnelle au Sahel

Alors que l’influence de la France est fragilisée dans plusieurs pays de la région, l’Algérie étendra-t-elle son parapluie protecteur au Sahel ?

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