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Afrique subsaharienne : l’inflation et l’insécurité alimentaire menacent des millions de vies
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Malgré les assauts des banquiers centraux, l’inflation continue de rester forte. Selon les dernières données mensuelles disponibles, de nombreux pays à revenus faibles et intermédiaires subissent une inflation alimentaire dépassant les 5%, avec certains pays affichant des taux à deux chiffres, relève la Banque mondiale. L’Afrique est particulièrement frappée, avec des pays comme le Zimbabwe, l’Égypte, le Rwanda et le Burundi figurant parmi les pays où la hausse des prix alimentaires est la plus forte au monde.
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Entre 2019 et 2022, le coût de la nourriture a explosé, faisant grimper l’indice des prix alimentaires de la FAO de 95,1 points à 143,7 points. Ces flambées de prix, même temporaires, peuvent laisser des séquelles durables. Les périodes de famine et de disette, même de courte durée, sont susceptibles d’entraîner des problèmes de santé persistants, affectant la santé physique et cognitive des générations futures. Les nouvelles estimations conjointes de la malnutrition infantile révèlent que 148,1 millions d’enfants de moins de 5 ans ont souffert de retard de croissance en 2022, soit 1 enfant sur 5 dans le monde. Malheureusement, les taux mondiaux de retard de croissance stagnent, s’éloignant de la trajectoire nécessaire pour atteindre l’objectif de réduction de moitié d’ici à 2030. L’Afrique subsaharienne a subi l’une des plus grandes détériorations, comptant plus de 2 millions d’enfants supplémentaires atteints de retard de croissance par rapport à 2020.
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L’insécurité alimentaire continue de mettre en danger des millions de vies
En Afrique australe, jusqu’à 70 millions de personnes font face à une insécurité alimentaire aiguë, dont certaines vivent dans des conditions de famine. La sécheresse persistante depuis trois années consécutives a fortement compromis les moyens de subsistance. Même si les pluies de mars et mai ont apporté un certain soulagement dans la Corne de l’Afrique, les effets cumulés de la sécheresse persistent. Les récoltes sont en-deçà de la moyenne, les troupeaux ont été décimés et la disponibilité du lait pour la consommation et la vente est faible.
Ces facteurs ont considérablement affaibli les ménages, limitant leur accès à la nourriture et aux revenus. Dans certaines parties de l’Afrique de l’Ouest, notamment au Burkina Faso, au Mali et au Nigéria, la situation est tout aussi catastrophique. Les experts estiment que de juin à novembre 2023, environ 45.200 personnes connaîtront une insécurité alimentaire calamiteuse dans les zones touchées par les conflits dans ces zones. Les conflits et la violence sont parmi les principales causes de cette crise alimentaire et la situation risque de s’aggraver si les précipitations ne dépassent pas les moyennes prévues. Le Nigéria n’est pas épargné, avec une prévision de 24,8 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë entre juin et août 2023, dont 1,1 million en situation d’urgence. La crise sécuritaire complexe, les conditions macroéconomiques défavorables et les aléas naturels se conjuguent pour aggraver l’insécurité alimentaire dans le pays.
De plus, l’apparition de criquets pèlerins dans certaines parties de l’Afrique de l’Ouest et du Centre ajoute une nouvelle menace à la sécurité alimentaire de la région. Des groupes de larves et d’ailés ont été signalés dans la partie occidentale de l’Afrique du Nord. Les pluies saisonnières pourraient favoriser les invasions acridiennes dans tout le Sahel, menaçant la production agricole régionale et augmentant le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire dans les mois à venir.
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