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Afrique subsaharienne : la pénurie de financement expose davantage les économies

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Le tarissement de l’aide au développement et l’accès de plus en plus restreint aux financements privés vont peser sur les performances des économies subsahariennes en 2023. L’ensemble des pays pré-émergents de la région sont privés d’accès aux marchés financiers depuis le printemps 2022. Le tout dans un contexte où la dette et l’inflation affichent des niveaux jamais vus depuis des décennies. Le FMI projette désormais une croissance de 3,6% pour l’Afrique subsaharienne.

Les turbulences qui ont secoué le secteur bancaire en mars dernier ont ajouté une couche supplémentaire d’incertitude dans la conjoncture internationale malmenée par une inflation toujours élevée et les perturbations liées à la guerre en Ukraine. Dans son dernier rapport sur les perspectives de l’économie mondiale, le FMI se montre ainsi moins optimiste sur la croissance. Ce scénario est dû aux performances plus faibles dans plusieurs grandes économies mais aussi dans le monde émergent. La croissance en Afrique subsaharienne va décélérer de 3,9% à 3,6% en 2023 en raison de plusieurs facteurs, dont l’un des plus importants est le resserrement des financements.

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Des difficultés d’accès au financement

Le changement d’orientation de la politique monétaire au niveau mondial a fait augmenter les coûts d’emprunt des pays subsahariens sur les marchés intérieurs comme internationaux. L’ensemble des pays pré-émergents de la région sont privés d’accès aux marchés financiers depuis le printemps 2022, relève le FMI. Le tout dans un contexte où la dette et l’inflation affichent des niveaux jamais vus depuis des décennies, ce qui réduit le pouvoir d’achat des ménages et frappe de plein fouet les couches les plus fragiles de la population.

Les restrictions sur les crédits auront des conséquences lourdes, notamment sur les pays qui ont du mal à financer leurs investissements dans des secteurs essentiels tels que la santé, l’éducation et l’infrastructure. La situation est préoccupante, car elle aura un impact non seulement sur le présent, mais également sur les années à venir, alerte Abebe Aemro Selassie, directeur du département Afrique au FMI. D’ici 2040, un tiers des nouvelles arrivées sur le marché du travail dans le monde proviendront des pays d’Afrique subsaharienne. Pour assurer la stabilité de l’économie mondiale, il est essentiel d’avoir des travailleurs compétents et qualifiés. Cependant, les restrictions sur le financement mondial ne permettront pas à l’Afrique subsaharienne de les fournir.

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Consolider les finances publiques

Le FMI dit continuer à remplir son mandat d’aider les pays en difficulté financière. Jusqu’ici, il a conclu pas moins de 21 arrangements de prêts avec les pays de la région, et davantage de demandes sont en discussion. Entre 2020 et 2022, l’institution a mis 50 milliards de dollars à disposition des pays de la région sous forme de programmes, de financement d’urgence et d’allocation de droits de tirage spéciaux (DTS).

Aujourd’hui, l’institution considère qu’il faut en priorité consolider les finances publiques et renforcer leur gestion. Par ailleurs, les banques centrales doivent poursuivre leur combat contre l’inflation. “Les autorités monétaires devront s’armer de prudence tant que l’inflation n’aura pas emprunté une trajectoire clairement descendante et qu’elle ne se sera pas rapprochée de la fourchette visée par les banques centrales”.

Taux de change : s’adapter au nouveau contexte

Les pays d’Afrique subsaharienne qui ont un régime de change flexible ou intermédiaire sont très sensibles aux fluctuations des taux de change, ce qui a un impact important sur l’inflation. En moyenne, pour la région dans son ensemble, une dépréciation de 1 point de pourcentage du taux de change par rapport au dollar entraîne une hausse de l’inflation de 0,22 point de pourcentage au cours de la première année. Cette répercussion est plus forte que dans les pays émergents d’Asie (0,15) et d’Amérique latine (0,18). Pour les pays de la région ayant un régime de change flexible ou intermédiaire, cette répercussion est encore plus importante, à 0,28, soit quatre fois plus forte que pour les pays dont le régime est fixe, où les échanges sont essentiellement facturés dans la devise de rattachement.

En 2022, la plupart des pays ont relevé les taux d’intérêt. Ils ont aussi eu recours à des mesures administratives et sont intervenus sur les marchés des changes pour lutter contre l’inflation et résister aux dépréciations. La hausse médiane des taux d’intérêt a été de 260 points de base dans la région, bien que cela ait été inférieur à la médiane enregistrée dans les pays émergents et les pays en développement extérieurs à la région. Les pays subsahariens ont également mis en place des mesures administratives pour contrôler les mouvements de devises, notamment des pratiques de taux de change multiples, des rationnements de devises et des contrôles des prix. En général, les régimes fixes de la région ont moins souffert de l’appréciation du dollar en 2022, mais beaucoup d’entre eux ont perdu des quantités substantielles de réserves de change au cours de l’année. Les régimes flexibles et intermédiaires doivent laisser le taux de change se déprécier pour faciliter l’adaptation aux chocs extérieurs qui s’avèrent durables, tels que les évolutions des termes de l’échange et les relèvements des taux d’intérêt dans les pays avancés, estime le FMI.

Pour les économistes, les dirigeants africains peuvent prendre plusieurs mesures pour atténuer les incidences négatives et contenir les pressions sur les taux de change. Ils peuvent resserrer la politique monétaire pour maîtriser les anticipations d’inflation, procéder à une consolidation des finances publiques pour maintenir la viabilité de la dette publique et corriger les déséquilibres extérieurs, en particulier dans les pays où les déséquilibres budgétaires sont les principaux. Ils peuvent également laisser le taux de change se déprécier pour aider les agents économiques à s’adapter aux nouvelles réalités extérieures.

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