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Afrique : Emmanuel Macron déterminé à renforcer la présence de la France sur le continent

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Le président Emmanuel Macron est accueilli par le président du Bénin, Patrice Talon, à Cotonou, mercredi 27 juillet 2022. © David Gnaha/AP/SIPA/David Gnaha/AP/SIPA

La Guinée-Bissau était la dernière escale de la tournée africaine d’Emmanuel Macron, qui s’est également rendu cette semaine au Cameroun et au Bénin. Lors de ce voyage, le président français a réitéré l’engagement de l’Hexagone à soutenir l’Afrique contre l’insurrection des terroristes et l’exacerbation de l’insécurité alimentaire. Aussi, il a profité de cette tournée, qui coïncidait avec les visites du chef de la diplomatie russe à plusieurs pays du continent, pour dénoncer l’expansion de l’influence de la Russie en Afrique et l’impact de sa guerre en Ukraine sur le continent.

La tournée africaine du président français a pris fin le jeudi 28 juillet en Guinée-Bissau, où il a rencontré son homologue Umaro Sissoco Embalo. Emmanuel Macron a souligné lors d’un point de presse qu’il s’engage à financer l’éducation et le développement économique, ainsi qu’à apporter un soutien militaire pour lutter contre l’extrémisme en Afrique occidentale et centrale.

De son côté, Embalo n’a pris que brièvement la parole, affirmant que la présence du président français en Guinée-Bissau est essentielle pour souligner l’intérêt de la France pour l’Afrique. «Je crois que la coopération est déjà bonne, mais maintenant, elle va se renforcer encore plus dans tous les domaines et notamment celui de la sécurité», a-t-il indiqué. «Nous sommes confrontés au terrorisme non seulement dans la région du Sahel, mais toute l’Afrique est confrontée à ce fléau», a ajouté Umaro Sissoco Embalo.

Il faut préciser que la Guinée-Bissau est confrontée à de graves troubles politiques. En février, au cours d’une tentative de coup d’État avortée, 11 personnes ont été tuées. Puis, en mai dernier, Embalo a dissous le Parlement et appelé à la tenue d’élections législatives anticipées d’ici la fin de l’année. De plus, depuis son indépendance du Portugal en 1974, le pays a connu quatre putschs et plus d’une douzaine de tentatives de coup d’État.

Lire aussi : Cédéao : déploiement d’une force de stabilisation en Guinée-Bissau

 

De nouveau investissement au Bénin

Le mercredi 27 juillet, c’est au Bénin que le président français s’est rendu pour la deuxième escale de sa tournée africaine. Là encore, il a rencontré le dirigent du pays, le président béninois Patrice Talon à Cotonou. Dans le cadre de ses efforts de redynamisation des relations postcoloniale de la France avec le continent, Emmanuel Macron a souligné le désire de son pays de faire du Bénin un «exemple de développement» en Afrique occidentale.

À l’issue de leur rencontre, Talon et Macron ont annoncé qu’ils ont décidé de consolider leur collaboration par le biais d’investissements dans la sécurité, l’éducation et la culture dans le pays africain. Sur le plan de la sécurité, l’Hexagone pourrait livrer des drones et des armes plus sophistiquées au Bénin pour l’aider à faire face au terrorisme, a expliqué Macron. Il a promis de livrer prochainement des véhicules, du matériel de déminage, des gilets pare-balles et du matériel de vision nocturne.

Dans le domaine de l’éducation, le président français s’est engagé à augmenter le financement de ce secteur au Bénin et à signer des partenariats entre les écoles et les universités des deux pays, couvrant divers sujets allant des arts à la formation professionnelle. De plus, il a été salué pour avoir défendu le retour en 2021 de plus d’une douzaine d’objets d’art pillés au pays africain par les forces coloniales françaises en 1892.

Lire aussi : Bénin : libération de 30 détenus lors de la visite d’Emmanuel Macron

 

Le Cameroun, un partenaire stratégique de la France en Afrique centrale

Avant de se rendre au Bénin et en Guinée-Bissau, Emmanuel Macron a visité le Cameroun, première étape de cette tournée, où il a passé 48 heures. Ainsi, il s’est entretenu le mardi 26 juillet avec le président Paul Biya, 89 ans, qui dirige le pays d’une main de fer depuis près de 40 ans. Le président français a déclaré que le gouvernement camerounais «est un partenaire stratégique en Afrique centrale», une région à laquelle il compte consacrer plus de temps lors de son second mandat.

Ces dernières années, l’Hexagone a en effet vu son influence se détériorer au Cameroun, première économie d’Afrique centrale. Face à une rude concurrence avec la Chine, l’Inde, l’Allemagne et la Russie, les entreprises françaises ne pèsent plus qu’environ 10% de l’économie de ce pays, contre 40% dans les années 1990. De ce fait, la visite d’Emmanuel Macron avait également pour objectif de conclure de nouveaux partenariats agricoles avec le Cameroun, qui souffre actuellement d’une grave crise alimentaire en raison de la guerre en Ukraine.

Par ailleurs, le dirigeant français a annoncé que les archives sur la domination coloniale française au Cameroun seront ouvertes «en totalité». De même, il a demandé aux historiens de «faire la lumière» sur les «moments douloureux» et «tragiques» de cette période. «Il convient d’établir factuellement» des «responsabilités», a-t-il ajouté. Notons que les autorités coloniales françaises ont brutalement réprimé les nationalistes camerounais armés avant l’indépendance du pays en 1960. Des dizaines de milliers de partisans du parti de l’Union des peuples du Cameroun (UPC) sont ainsi morts aux mains des troupes coloniales françaises et du premier président post-indépendance, Ahmadou Ahidjo.

Lire aussi : La tournée africaine d’Emmanuel Macron a démarré au Cameroun

 

Macron tente de repousser l’influence de la Russie en Afrique

Selon Emmanuel Macron, en envahissant l’Ukraine, «la Russie a commencé un nouveau type de guerre mondiale hybride». Il a dénoncé que le blocus des ports ukrainiens par les forces russes et les attaques contre les entrepôts de céréales ont perturbé l’approvisionnement alimentaire mondial et provoqué des pénuries alimentaires en Afrique.

Le président français a avancé ces propos en réponse aux déclarations de Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, également en tournée dans d’autres pays africains. Lors d’un point de presse en Égypte, le chef de la diplomatie russe a imputé le blocage des exportations des denrées alimentaires et l’inflation mondiale aux «sanctions occidentales illégales» imposées à son pays. Une explication que Macron a vivement rejetée, soulignant qu’il ne s’agit là que d’une nouvelle tentative de Moscou de manipuler les politiques africaines pour étendre davantage sa présence sur le continent.

Lire aussi : Russie-Afrique : Moscou courtise le Congo et l’Ouganda

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