Afrique du Sud : l’économie menace de s’effondrer
L’économie sud-africaine s’est accélérée au cours du premier trimestre de l’année, mais des inondations historiques dans une province clé et la menace de coupures de courant sans précédent freinent sa reprise.
La ville portuaire de Durban et la province du KwaZulu-Natal, dans l’est de l’Afrique du Sud, ont souffert en avril dernier des pires inondations enregistrées depuis des décennies. Elles ont tué des centaines de personnes et ralenti les opérations de fret dans le port le plus fréquenté d’Afrique subsaharienne.
L’indice Absa des directeurs d’achat (PMI) du secteur manufacturier évalué par le Bureau de la recherche économique (BER), qui avait atteint un niveau record de 60,0 en mars, est tombé à 50,7 en avril. C’est son niveau le plus bas depuis les violentes émeutes qui ont suivi l’arrestation de l’ancien président Jacob Zuma en juillet de l’année dernière.
De plus, le KwaZulu-Natal, deuxième province la plus peuplée d’Afrique du Sud, a également connu les pires violences du pays depuis la fin de l’apartheid.
L’indice PMI composite S&P Global a également atteint son niveau le plus bas depuis quatre mois. Et, dans une note publiée la semaine dernière, Capital Economics a souligné que les données à haute fréquence indiquent que la reprise de la mobilité est au point mort.
Notons que le PMI est interprété comme un indicateur de premier plan de la production et de l’inflation. Sa croissance indique des conditions de marché favorables et peut être considérée comme positive pour le rand sud-africain.
Par ailleurs, les chiffres du premier trimestre dressent un tableau mitigé, selon les économistes de JPMorgan, Sthembiso Nkalanga et Sonja Keller, mais laissent entrevoir une croissance trimestrielle du PIB de 3,5 %, ajustée à des variations saisonnières.
Toutefois, les résultats décevants de l’indice PMI d’avril font peser un risque sur les prévisions de croissance du PIB de 1,5% de JPMorgan pour le deuxième trimestre.
Outre le contexte mondial de la guerre en Ukraine, de l’inflation galopante et des difficultés d’approvisionnement de la Chine, l’Afrique du Sud doit également faire face aux chocs intérieurs que constituent les inondations et le rationnement de l’électricité.
Une grande partie du déclin de l’indice PMI manufacturier s’est concentrée sur l’activité portuaire et manufacturière dans le KwaZulu-Natal, où l’activité manufacturière a chuté de 60,5 en mars à 39,6 en avril.
En effet, les délestages, qui consistent à couper délibérément l’alimentation de certaines parties d’un réseau électrique pour éviter qu’il ne tombe en panne en cas de surcharge, se sont considérablement intensifiés en avril. Les coupures d’électricité ont ainsi dépassé celles déjà importantes observées en 2021.