Afrique de l’Est : le Soudan gèle ses relations avec l’Igad
Le ministère soudanais des Affaires étrangères, aligné sur l’armée dirigée par le général Abdel Fattah Al-Burhane, a officiellement annoncé mardi la suspension de ses relations avec l’Igad, le bloc régional d’Afrique de l’Est, l’accusant de «violations de la souveraineté du Soudan».
Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères a informé l’Igad de la décision du Soudan de mettre un terme à sa collaboration et de geler ses relations avec l’organisation régionale, alléguant que cette dernière outrepassait les droits souverains du Soudan.
Depuis le 15 avril, le Soudan est le théâtre d’un conflit entre l’armée et les Forces de soutien rapide (FSR) dirigées par le général Mohamed Hamdane Daglo, s’étant soldé par plus de 13.000 décès, selon l’ONG Armed conflict location & event data project (Acled). Plus de sept millions de personnes ont également été déplacées, selon les chiffres de l’ONU.
Le chef des FSR, rival du général Al-Burhane, a intensifié ses déplacements en Afrique ces dernières semaines et avait été invité par l’Igad à une réunion à Kampala, en Ouganda, jeudi dernier. Le ministère des Affaires étrangères considère cette invitation comme un «dangereux précédent» et une violation de la charte de l’Igad.
Les autorités soudanaises dénoncent depuis des mois la «partialité» de la région et des capitales d’Afrique de l’Est. Malgré les tentatives de médiation diplomatique des États-Unis, de l’Arabie saoudite et plus récemment de l’Igad, les négociations de paix ont jusqu’à présent échoué.
Dans la nuit de mardi à mercredi, le général Daglo a confirmé sa participation à la réunion de Kampala, plaidant en faveur de négociations inclusives impliquant «non seulement les deux camps, mais également des institutions nationales soutenant la démocratie, la société civile, les organisations religieuses, la jeunesse et l’ensemble du peuple».
Les généraux Burhane et Daglo, anciennement alliés lors du coup d’État d’octobre 2021 évinçant les civils du pouvoir, restent dans une impasse sur le terrain, avec les FSR gagnant du terrain face à une résistance affaiblie de l’armée. La situation demeure tendue, et aucun des deux camps ne semble prêt à faire des concessions à la table des négociations.
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