Algérie : deux ans après, les revendications du Hirak sont toujours les mêmes
Au mépris des restrictions mises en place pour contrer le coronavirus, des milliers de manifestants se sont réunis mardi à Kherrata pour célébrer le deuxième anniversaire du mouvement Hirak et pour exiger de nouvelles réformes. Environ 5000 manifestants ont brandi des drapeaux algériens et ont scandé « Un État civil, pas un État militaire », rappelant ainsi la mission initiale du mouvement qui était de destituer les élites dirigeantes du gouvernement algérien.
Les manifestations du Hirak ont commencé en février 2019 et ont connu un déferlement massif de manifestants. L’ancien président Abdelaziz Bouteflika a déclenché ce mouvement après avoir annoncé son intention de se présenter pour un cinquième mandat consécutif à la tête du pays. Les militants ont finalement réussi à évincer Bouteflika, mais de nombreux appels à des réformes démocratiques sont restés sans réponse. De plus, les protestations ont été interrompues en raison du confinement du pays pour freiner la propagation de la Covid-19.
La plupart des Algériens ne considèrent pas le remplaçant de Bouteflika, l’actuel président Abdelmadjid Tebboune, comme un homme du peuple. D’ailleurs, les autorités du pays avaient indiqué que son élection en décembre 2019 n’avait connu qu’un taux de participation de 40%. Les Algériens affirment que ce scrutin a été un simulacre en avançant que les cinq candidats étaient étroitement liés à Bouteflika.
Pour apaiser le mouvement, Tebboune a soutenu un référendum visant à modifier la constitution. Cependant, le Hirak a considéré cette initiative comme une mascarade et a appelé à un boycott national. Malgré son soutien public au mouvement protestataire, le président a commandité l’arrestation de dizaines de manifestants. Selon Human Rights Watch, au moins 32 personnes détenues arbitrairement pendant les rassemblements du Hirak sont toujours derrière les barreaux.
Enfin, vu que l’élite du pays maintient encore son emprise sur la politique algérienne, les manifestations de Kherrata reprennent les revendications de 2019. Pour les Algériens, l’anniversaire du mouvement Hirak représente la résurgence d’une révolution détournée.