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8e édition de l’APSACO : la Cedeao au banc des accusés

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Panel sur « La médiation dans les conflits internes africains ». © DR

La plus grande organisation sous-régionale du continent traverse une période trouble. La communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) fait face à une crise sans précédent. Trois de ses membres ont quitté l’institution dans un contexte régional particulier avec des foyers de tensions notés un peu partout dans le Sahel en plus de l’avancée du terrorisme. La Cedeao doit revoir son mode de fonctionnement pour redorer son blason afin de jouer pleinement son rôle de médiateur en période de conflits.

La communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), est mise au banc des accusés depuis quelques années avec comme conséquence, la remise en question de sa légitimité et des décisions qu’elle a eu à prendre dans les différents conflits qui ont secoué la sous-région, notamment avec les pays qui ont connu des coups d’États militaires.

D’ailleurs, c’est ce qui a poussé ces derniers a quitté l’organisation à l’image du Mali, du Niger et du Burkina Faso pour créer l’Alliance des États du Sahel (AES). Cette rupture met en lumière les difficultés que rencontre la Cedeao pour trouver une solution face aux conflits qui alimentent la sous-région. C’est dans ce sens que le Policy Center for the New South (PCNS) a organisé la 8ᵉ édition de la Conférence annuelle sur la paix et la sécurité en Afrique (APSACO) à l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) de Rabat.

Lire aussi : Bassirou Diomaye Faye : les dessous d’une tournée au sein de l’Alliance des Etats du Sahel

En janvier 2024, le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont envoyé à la Cedeao une «notification formelle» de leur retrait de l’organisation. Le retrait des trois pays, théâtres de coups d’État militaires successifs depuis 2020, marque le point d’orgue de la dégradation des relations avec la Cedeao. Celle-ci s’est employée en vain à obtenir le retour le plus rapide possible de civils au pouvoir. Sans oublier qu’elle a suspendu les pays de ses instances et a imposé de lourdes sanctions aux pays avant de les lever quelques plus tard. Sous l’impulsion du Nigeria, poids lourd de l’organisation dont il assure actuellement la présidence, la Cedeao est allée jusqu’à menacer de recourir à la force avec l’appui de la Côte Ivoire.

Un mauvais casting dans les médiations

À l’époque, les régimes militaires avaient estimé que la Cedeao était devenue, sous l’influence de puissances étrangères, en l’occurrence la France, une menace pour eux. Il faut noter que la France n’est pas la bienvenue dans ses pays.  En plus, la réaction de la Cedeao n’a pas été la même quand le président ivoirien, Alassane Ouattara, avait invoqué un cas de force majeur pour briguer un mandat troisième mandat. Alors qu’un coup d’État reste un coup d’État : Constitutionnel ou armé dans la mesure où la volonté populaire est confisquée par une minorité.

Pour l’ancien premier ministre de Guinée, Kabiné Komara, la Cedeao ne loge pas les États à la même enseigne.  «Il y’a un besoin d’améliorer la façon dont la Cedeao engage ses négociations. Vous ne pouvez pas sanctionner un pays et mettre en quarantaine le chef d’État en refusant de lui parler. Il faut que vous ouvriez les discussions pour trouver une solution», a -t-il expliqué dans un panel qui avait pour thème «La médiation dans les conflits internes africains». En plus de cela, l’ancien banquier a ajouté que la Cedeao devait revoir ses émissaires lors des négociations. Il faut envoyer des médiateurs qui comprennent «très bien le contexte, les dynamiques et les intérêts. Parce que dans chacun de ces conflits, il y a des intérêts derrières que vous ne connaissez pas. Si vous ne les maîtrisez pas ou ne les intégrez pas dans les négociations, il est impossible de trouver à une solution».

Des émissaires sans compassion

Selon l’ancien premier ministre burkinabé sous la présidence de Roch Marc Christian Kaboré, Lassina Zerbo, la Cedeao est intervenue au Burkina-Faso pour négocier avec les militaires sans l’aviser. «Après le coup d’État, la Cedeao est arrivée au pays immédiatement et devinez, devinez quoi ? Ils ont prétendu avoir parlé à des personnes, mais moi, j’étais chez moi et personne n’est venu toquer à ma porte pour savoir ce qui s’était passé, voire quelles solutions nous pouvions trouver pour aller de l’avant», a-t-il souligné.

Lire aussi : Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye en visite dans les Etats de l’AES

Il a aussi déploré le manque de compassion des émissaires de l’organisation face aux victimes. «Nous avions une centaine de victimes, personne n’était là pour leur témoigner de la compassion. Comment peuvent-ils venir aujourd’hui pour essayer de jouer les médiateurs entre ceux qui ont été derrière le coup d’État», s’est interrogé l’ancien chef du gouvernement burkinabé.

Il a poursuivi en dénonçant un problème de copinage dans les négociations lors des conflits. «L’un des problèmes que l’on rencontre dans les médiations, est que les gens n’interviennent pas parce qu’ils veulent trouver une solution, mais leur intervention est souvent motivée par l’intention de rendre service à un ami dans le besoin», a-t-il indiqué.

Lire aussi : CEDEAO : vers une sortie de crise ?

Le dernier premier ministre élu dans un régime démocratique au Burkina Faso, a lancé un appel à tous les africains à s’impliquer davantage dans le processus de médiation en se basant sur tous segments de la société afin de trouver une solution durable.

Au vu de tout ce qui a été relaté par les deux anciens premiers ministres, il est plus qu’urgent pour la Cedeao de changer de fusil d’épaule pour un fonctionnement plus efficace. Et, cela pourra se faire si l’organisation revoit le casting de ses émissaires. Comme elle l’a fait récemment en envoyant le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye au Mali et au Burkina-Faso. À la tête de ces pays, des jeunes qui ont la même approche du panafricanisme.

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