La Zlecaf, un choix stratégique pour l’Afrique
À l’approche de l’entrée en application de l’accord de libre-échange, un sommet extraordinaire de l’Union africaine dédiée à la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) s’est tenu samedi par visioconférence avec la participation du Maroc. La pandémie de Covid-19 ayant beaucoup ralenti les débuts de ce projet, son lancement a été reporté de juillet 2020 au 1er janvier 2021.
Ratifiée par 33 pays africains, la Zlecaf doit être un moteur de la résilience de l’Afrique. Appuyée par les Zones de libre-échange des Communautés économiques régionales (CER), cette zone vise à créer un marché unique pour les marchandises et les services, facilité par la circulation des personnes. L’objectif est d’approfondir l’intégration économique du continent africain. Et ce, conformément à la vision panafricaine d’une «Afrique intégrée, prospère et pacifique» telle qu’énoncée dans l’Agenda 2063. La Zlecaf sera la plus grande zone de libre-échange du monde depuis la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Ce marché très dynamique s’étendra sur un marché de 1,2 milliard de personnes, représentant un produit intérieur brut (PIB) de 2500 milliards de dollars dans l’ensemble des 55 États membres de l’Union africaine, estime la Commission économique pour l’Afrique (UNECA).
Le champ d’application de la Zlecaf est vaste
La Zlecaf représente une véritable occasion de stimuler la croissance, de réduire la pauvreté et d’élargir l’inclusion économique en Afrique, et cela malgré la crise engendrée par le coronavirus. La concrétisation du potentiel de ce projet sera particulièrement importante au regard des conséquences économiques de la pandémie de la Covid-19, qui devrait causer jusqu’à 79 milliards de dollars de pertes de production en Afrique pour la seule année 2020, estime la Banque mondiale.
«La Zone de libre-échange continentale africaine a la capacité d’accroître les possibilités d’emploi et les revenus, ce qui contribue à élargir les perspectives de tous les Africains», a souligné Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique. «Elle devrait permettre de sortir de la pauvreté modérée environ 68 millions de personnes et de rendre les pays africains plus compétitifs», a-t-il précisé. La mise en œuvre de la Zlecaf permettrait également de mener à bien les réformes de fond nécessaires pour stimuler la croissance à long terme dans les pays africains. De plus, cette zone de libre-échange pourrait permettre aux pays africains de faire sortir de l’extrême pauvreté 30 millions d’habitants, indique un rapport de la Banque mondiale. Et d’ajouter que la Zlecaf génèrerait 450 milliards de dollars de revenus supplémentaires. Sur ce montant, 292 milliards proviendraient du renforcement des mesures de facilitation des échanges qui visent à lever les freins bureaucratiques et à simplifier les procédures douanières, détaille l’institution financière internationale.
Quel intérêt pour le Maroc ?
L’Afrique étant un continent qui comprend un éventail de pays allant des grands pays plus développés aux petits pays moins développés, les effets de la Zlecaf se feront donc sentir de diverses manières. Toutefois, ses avantages seront largement répandus au Maroc comme sur l’ensemble du continent. Étant le plus grand investisseur africain en Afrique de l’Ouest et le second plus grand investisseur africain sur l’ensemble du continent, le Maroc a décidé de faire du développement socio-économique de l’Afrique l’une de ses priorités, a souligné Mohcine Jazouli, ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères. S’exprimant lors du sommet extraordinaire de l’Union africaine, il a ajouté que la Zlecaf constitue «pour nous tous Africains, un nouveau pallier sur le chemin de l’unité et de l’intégration du continent».