60 ans d’incurie
Les dégâts causés par les récentes inondations meurtrières dans les pays du Sahel illustrent, à bien des égards, l’incurie des pouvoirs publics. Depuis plus de soixante ans, aucun gouvernement ne s’est soucié d’investir dans les systèmes d’assainissement tout en fermant les yeux sur les constructions anarchiques qui pullulent dans les banlieues africaines, là où s’entassent les populations les plus pauvres dans les habitats précaires. Ce sont elles qui ont subi la double peine en perdant leur toit et leurs biens.
Depuis leurs villas dans les quartiers résidentiels, ou sur la corniche comme à Dakar, les oligarchies au pouvoir dans la sous-région, considèrent avec un certain mépris de classe, qu’elles ne sont pas concernées par le risque d’inondation. Et pour cause, leurs quartiers sont bien équipés de réseaux d’évacuation des eaux de pluies. En revanche, ces mêmes élites multiplient des colloques, des ateliers de renforcement des capacités et, depuis peu, des assises- c’est à la mode- dont le seul « mérite » est d’engloutir de l’argent public dans du bla-bla. Et lorsque la pression des sinistrés devient forte, des ministres (au Sénégal, au Tchad et au Niger) tentent une explication bidon sur les plateaux-télé en imputant les inondations au changement climatique. Sous-entendu, que les autorités ne pouvaient pas grand-chose.
Mettre en avant l’argument de la fatalité est une insulte à l’intelligence des citoyens. Ce sont eux qui vivent chaque année la même souffrance. Les caniveaux pour drainer les eaux de pluie ne viennent pas toujours. Le plus infamant est qu’aucune leçon n’est tirée des souffrances de populations. Elles veulent des solutions et ne peuvent plus se contenter de slogans révolutionnaires.
À bon entendeur.