Dépenses militaires : les Africains à la traîne
Les dépenses exceptionnelles occasionnées par la crise du coronavirus et les arbitrages pour y faire face n’ont pas freiné la course à l’armement. Les dépenses militaires ont poursuivi leur hausse en 2021 pour dépasser la barre des 2.000 milliards de dollars en 2021 à 2.113 milliards a révélé SIPRI.
Théâtre de nombreux conflits, une vingtaine, l’Afrique subsaharienne a enregistré la deuxième plus forte hausse régionale après une augmentation de 4,1% contre une moyenne mondiale de 0,7%. Cette hausse est tirée principalement par le Nigeria dont les dépenses militaires ont augmenté de 56 % à 4,5 milliards de dollars en réponse à de nombreux problèmes de sécurité tels que l’extrémisme violent et les insurrections séparatistes.
Les montants engagés en Afrique du Nord ont, quant à eux, reculé de 1,7%. Mais, l’ensemble de l’Afrique représente moins de 2% des dépenses mondiales, soit 40 milliards de dollars en 2021. L’Algérie est le pays le plus dépensier avec un budget de 9,1 milliards de dollars pour renforcer son armée. Le Maroc a consacré 4,2% du PIB aux dépenses militaires, soit 5,4 milliards de dollars.
Bien que les pays d’Afrique subsaharienne aient de nombreux défis à relever pour accélérer leur développement, la question sécuritaire est devenue une urgence à traiter face notamment à l’avancée de la violence jihadiste vers les pays du Golfe de Guinée. Le retrait des troupes étrangères, en l’occurrence françaises, pourrait confronter les armées des pays sahéliens à une épreuve difficile. «Elles dépendaient de la puissance, de la logistique de Barkhane et des techniques de combat de cette armée qui maîtrisait le Sahel depuis huit ans. Les armées doivent désormais s’adapter, évoluer seule ou en région pour pouvoir faire face à une menace terroriste qui est beaucoup plus puissante et beaucoup plus organisée», commente Mahamadou Sawadogo, expert en sécurité (Source : DW). Les marges de manœuvre des armées africaines pour améliorer la sécurité dans la région seraient réduites, estime pour sa part, Gilles Yabi, directeur du think tank Wathi.
Au-delà des chocs conjoncturels comme c’est le cas ces dernières années avec la pandémie du coronavirus puis la guerre en Ukraine, l’insécurité et les conflits internes, notamment dans la région du Sahel ou encore en Afrique de l’Est, constituent des menaces pour la demande et la croissance.