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La croissance et le marché du travail sous la pression d’une inflation trop forte
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En théorie, une hausse de l’inflation reflétant une croissance robuste de la demande et de l’activité économique, devrait à priori stimuler les dépenses des ménages via la baisse des taux d’intérêt réels. Il n’en est rien aujourd’hui. Face à la poussée de l’inflation due à des chocs d’offres, les ministres des finances africains sont régulièrement interpellés sur la cherté du coût de la vie sur les plateaux télés et surtout sur les mesures pour protéger le pouvoir d’achat. Plafonnement des prix, suppressions des droits de douane sur certains produits, baisse du taux de TVA…les initiatives ne manquent pas. Pourtant, la grogne continue.
La pression inflationniste
Il faut dire que l’inflation atteint des niveaux inédits au cours des derniers mois. 15,7% au Ghana et au Nigéria en février sur un an. La hausse est moins marquée dans les pays de l’Uemoa. Mais, là aussi les chiffres sont exceptionnels avec une moyenne de 6,1% en février en glissement annuel contre 2,2% il y a un an (source: Bceao). Cela sachant que la mesure de l’inflation en février n’intègre pas les effets de la guerre en Ukraine, l’invasion russe ayant été déclenchée le 24 février. La hausse des prix à la consommation au cours de ce mois a été tirée par la composante alimentaire (+11,3%) et dans une moindre mesure par les rubriques Logement (+4%) et Transports (+2,7%). La pression exercée par l’inflation sur les dépenses des ménages va freiner la croissance africaine. Dans certains pays, une récession n’est pas à exclure si les tensions inflationnistes perdurent avec tous les risques sur le plan social. Le marché du travail devrait de nouveau être durement affecté par le contexte alors que les séquelles du covid sont encore vivaces.
Un impact négatif sur l’employabilité
Au niveau mondial, le retour au niveau pré pandémie sera contrarié par le contexte actuel. Le nombre total d’heures travaillées dans le monde en 2022 restera inférieur, une fois corrigé de la croissance démographique, de près de 2% à son niveau d’avant la pandémie, ce qui équivaut à un déficit de 52 millions d’emplois à plein temps, estime le BIT. Le chômage mondial devrait s’élever à 207 millions en 2022, dépassant d’environ 21 millions son niveau de 2019. En Afrique, au-delà de la reprise du marché du travail en général, l’insertion des jeunes reste un grand défi pour tous les gouvernements. Avant le déclenchement de la pandémie, le taux des jeunes Africains sans emploi, ne suivant ni études ni formation s’élevait à 21,5% et excède le taux de chômage global.