Guerre en Ukraine : la menace d’une crise alimentaire se renforce
Plus d’un mois après le début de l’invasion russe en Ukraine, l’issue du conflit reste encore très incertaine. Si les prix de l’énergie fluctuent au rythme des annonces des grandes puissances et de la Russie, ceux du blé restent perchés à des sommets. La persistance du conflit pose de réelles difficultés à plusieurs États africains, la Russie et l’Ukraine étant parmi leurs principaux fournisseurs. À eux deux, ils pèsent pratiquement 1/3 du commerce mondial de blé. En Afrique subsaharienne, «les prix record du blé sont particulièrement préoccupants pour une région dont les importations représentent environ 85 % de l’approvisionnement, dont un tiers provient de Russie ou d’Ukraine», alertent les équipes du FMI. Certains pays comme le Bénin, le Soudan ou encore l’Égypte dépendent entre 75% et 100% de ces deux marchés. À quelques jours du ramadan, la tension monte d’un cran.
Déjà fragilisé par la crise du coronavirus, les économies africaines doivent absorber un nouveau choc d’une ampleur tout aussi inédite que celle du covid. «Le conflit survient alors que la plupart des pays disposent d’une marge de manœuvre minime pour contrer les effets de ce choc. Cette situation risque d’aggraver les pressions socio-économiques, la vulnérabilité liée à la dette publique et les séquelles de la pandémie auxquelles étaient déjà confrontés des millions de ménages et d’entreprises», prévient le FMI.
Tensions diplomatiques
Au début du mois, une vingtaine de pays africains se sont abstenus ou n’ont pas pris part au vote de l’assemblée de l’ONU contre l’invasion russe en Ukraine. L’Erythrée, elle, soutient même l’intervention russe. Beaucoup ont peur des représailles du maître du Kremlin. Vu le poids des produits alimentaires dans la consommation des ménages, une rupture des approvisionnements aura des conséquences dévastatrices. C’est une arme dont pourrait se servir la Russie pour peser dans ses rapports avec les états africains, d’autant que les abstentionnistes seraient dans le collimateur de l’Union européenne. Le coup de pression viendrait de Ursula Von der Leyen. La présidente de la commission européenne voudrait faire payer les pays qui se sont abstenus ou voter contre la résolution de l’ONU en utilisant l’arme de l’aide au développement.