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Tunisie : les juges dénoncent la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature

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En Tunisie, les juges sont en grève depuis mercredi pour protester contre la décision du président, Kaïs Saïed, de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), et ce quelques mois seulement après s’être arrogé la majorité des pouvoirs du pays. Lors d’une manifestation organisée ce jeudi dans le centre de Tunis, la police a surveillé près de 200 juges et avocats qui scandaient «restaurez le CSM» et «le peuple veut un système judiciaire indépendant». Certains militants ont qualifié la démarche de Saïed de «violation des droits et libertés» et affirment qu’«il n’y a pas de démocratie sans un système judiciaire indépendant».



De son côté, le président tunisien a longtemps accusé le CSM de bloquer des enquêtes politiquement sensibles et d’être influencé par son ennemi juré, le parti d’inspiration islamiste Ennahdha. En annonçant qu’il allait le dissoudre, il a précisé qu’il n’a pas l’intention d’interférer avec le système judiciaire. Cependant, les groupes de défense des droits de l’Homme et les puissances mondiales estiment que cette décision représente un grand pas en arrière pour un pays considéré comme la seule démocratie, bien que dysfonctionnelle, à émerger des soulèvements du printemps arabe.



Par ailleurs, dans une interview accordée mercredi à la télévision nationale publique Watania 1, Leila Jaffel, ministre tunisienne de la Justice, a souligné que le CSM ne sera pas dissous, mais que la loi qui le régit sera modifiée et qu’une autorité judiciaire temporaire sera mise en place pour le remplacer. Aucun détail n’a toutefois été donné sur la composition, le rôle ou le mandat de cet organe temporaire. Jaffel a ajouté que la réforme de la plus haute institution judiciaire tunisienne se fera de manière «démocratique» et «participative», dans le but d’instaurer «une justice pour tous». Elle a indiqué que la loi protégera les droits des juges et garantira leur capacité à faire «le meilleur travail possible».



Enfin, un collectif de 45 groupes de la société civile a publié ce mercredi une déclaration rejetant «toute ingérence du pouvoir exécutif dans le travail du pouvoir judiciaire». Il a déclaré que le CSM, malgré ses «lacunes», est la seule institution garantissant l’indépendance du pouvoir judiciaire.



Pour rappel, la décision de Saïed, le 25 juillet dernier, de limoger le gouvernement et de suspendre le Parlement a été saluée par de nombreux Tunisiens fatigués d’être gouvernés par des partis politiques considérés comme corrompus et égoïstes. Mais ses détracteurs l’ont accusé de pousser le pays sur une pente glissante vers l’autocratie.


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