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Économies africaines : une crise de la dette en gestation ?
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La poussée de l’inflation, même si jugée temporaire, pourrait mettre fin à une longue période de taux bas. La Réserve fédérale américaine (Fed) a laissé entendre qu’elle pourrait relever ses taux plus tôt que prévu, à partir de 2022. Cette inflexion du discours de la banque centrale des États-Unis s’explique notamment par une prévision d’inflation deux fois supérieure à son objectif. Si les marchés scrutent avec attention le discours du patron de la Fed et de son homologue de la BCE, les ministres des Finances africains n’en font pas moins.
Le revers de la médaille
Au cours des dernières années, l’environnement de taux bas a facilité l’accès aux liquidités à de nombreux États pour financer les politiques publiques. Nombre d’entre eux ont aussi emprunté pour financer la riposte contre le coronavirus et les plans de relance. Ces derniers ont coûté jusqu’à 12% du PIB selon les pays. Aujourd’hui, le taux d’endettement du continent africain dépasse 65%, son plus haut niveau depuis vingt-ans, relèvent les cabinets Control Risks et Oxford Economics dans le rapport «Africa Risk-Reward Index». À leur tour, les auteurs du rapport s’inquiètent du poids de la dette de certains pays après les alertes de la Banque africaine de développement.
La situation serait particulièrement préoccupante en Angola ou encore au Mozambique. A la fin 2020, la Zambie a fait défaut sur sa dette. Selon le FMI, une vingtaine de pays de l’Afrique subsaharienne seraient dans une situation délicate. La fin de la politique monétaire accommodante aux États-Unis et en Europe et la perspective d’une remontée des taux d’intérêt vont affecter la capacité de refinancement de plusieurs pays. «Dans le contexte actuel de la faiblesse des taux d’intérêts, la dette semble gérable mais la Fed américaine vient d’annoncer clairement que l’heure de la réduction des mesures de relance monétaire avait sonné. Quand les banques centrales commenceront à remonter leurs taux, les gouvernements africains seront confrontés à des problèmes auxquels ils ne trouveront pas facilement de solutions», avertit François Conradie, économiste politique principal chez Oxford Economics Africa.
Le fardeau de la dette présente des risques pour les économies comme pour les entreprises. Dans le même temps, son annulation serait une fausse bonne idée. «Si les options de restructuration ou de remboursement de la dette sont limitées, certaines solutions innovantes sont toutefois en discussion et en train d’être testées. Les nouvelles obligations sociales et les mécanismes de financement régionaux n’offriront pas de solution miracle permettant de revenir à une gestion budgétaire saine, mais ils pourraient contribuer à réduire la menace que représente l’endettement et offrir de nouvelles opportunités aux investisseurs», note le rapport.