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Algérie : ce que l’on sait des incendies

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Les incendies continuent leurs ravages dans plusieurs pays, notamment sur les rives de la Méditerranée. Après l’Italie, le Canada, la Grèce, la Turquie ou encore les États-Unis, l’Algérie est à son tour frappée par de gigantesques feux. Alors que le gouvernement évoque une origine criminelle, le dérèglement climatique, contribue à amplifier ce phénomène, comme dans d’autres pays cet été.

C’est une catastrophe environnementale et humaine qu’est en train de vivre l’Algérie. Depuis ce lundi, des incendies gigantesques ravagent les forêts du Nord du pays. Les autorités algériennes ont livré des décomptes différents du nombre de sinistres. La protection civile a fait état d’une centaine de feux dans 16 wilayas (une division administrative algérienne). Une partie des foyers ont été éteints, mais 69 restent actifs, dans 17 wilayas, dont 37 à Tizi-Ouzou, où des milliers de personnes ont fui leurs maisons, a indiqué un porte-parole de la protection civile. Le gouvernement algérien évoque quant à lui de nombreux départs de feu, plus de 70 dans 18 wilayas, qui se sont déclarés dans la soirée de lundi dans le Nord du pays, notamment en Kabylie.



La zone sinistrée ne se limite pas à la Kabylie, mais s’étend de la frontière tunisienne à la wilaya de Blida, au Sud d’Alger. Des images mises en ligne par des journalistes algériens montrent l’étendue des incendies et de l’importance des dégâts.



 


Au moins 73 morts



Tout comme le nombre de sinistres, les bilans de personnes décédées annoncés jusqu’ici diffèrent selon la source. À Bejaia et Tizi-Ouzou, les deux wilayas les plus durement touchées par les incendies, on décompte au moins 73 personnes, dont des militaires, qui ont péri dans les flammes. Le bilan officiel annoncé par le gouvernement évoque un total d’au moins 69 morts, dont 41 sont des civils et 28 sont des militaires déployés pour lutter contre les flammes. Le pire drame est survenu mardi quand 28 militaires ont péri alors qu’ils évacuaient des villageois menacés par les feux, dans les montagnes de Bejaïa et Tizi Ouzou.



Ces bilans risquent de s’alourdir alors que de nombreuses autres régions sont toujours touchées par les incendies. Par ailleurs, le nombre de personnes contraintes d’évacuer leur domicile pour échapper aux flammes n’a pas été communiqué.



En hommage aux victimes, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a décrété un deuil national de trois jours à partir de ce jeudi 12 août, annonce un communiqué de la présidence. « La prière de l’absent » sera dite vendredi dans les mosquées du pays. 



 



Manque de moyens logistiques



Les efforts pour venir à bout des feux se poursuivent sans relâche. Toutefois, sans canadairs et en raison du nombre impressionnant d’incendies déclarés en moins de 24 heures, la protection civile n’a pas pu empêcher l’avancée des flammes dans les villages de Kabylie, notamment à Tizi-Ouzou. Ainsi, l’Algérie a fait appel à l’aide internationale et a sollicité l’Union européenne (UE) pour l’envoi de canadairs. En effet, le pays a conclu un accord commercial avec l’UE pour la location «de deux avions de lutte contre les incendies qui étaient utilisés dans l’opération de lutte contre les feux en Grèce», selon un communiqué publié ce mercredi.



Face à l’ampleur de la catastrophe et au manque de moyens logistiques, les Algériens se sont mobilisés sur Internet pour lancer des appels à l’aide pour les habitants des villages touchés. Pour prendre en charge les personnes sinistrées, un énorme élan de solidarité s’est mis en place à travers le territoire national. 


Selon TSA Algérie, ces appels aux dons ont permis de récolter des quantités importantes de vêtements, de denrées alimentaires, de médicaments et de produits d’hygiène. Plusieurs camions sont partis de la capitale, Alger, transportant du matériel offert par des citoyens et des commerçants. En France, la diaspora et des ONG se mobilisent pour envoyer du matériel aux zones sinistrées par l’intermédiaire d’organisations locales.



 



La France dépêche des canadairs, le Maroc tend la main 



Afin d’aider à lutter contre les incendies, Emmanuel Macron a annoncé mercredi envoyer deux Canadairs et un avion de commandement pour aider à lutter contre les incendies. 



 


 



Ces trois appareils, qui ont atterri jeudi, sont envoyés dans le cadre du mécanisme de protection civile de l’Union européenne, précise la Sécurité civile dans un tweet.



 


De son côté, le Maroc s’est lui aussi dit disposé à prêter main-forte pour contrer les feux dans le pays voisin. Le ​roi Mohammed VI a donné ses hautes instructions aux ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères pour proposer à l’Algérie la mobilisation de deux canadairs marocains pour contribuer à la lutte contre les incendies de forêt. Ces appareils sont prêts à intervenir dès l’approbation des autorités algériennes, souligne un communiqué du ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger. Une aide nécessaire, tant les pompiers algériens sont dépassés par la violence des incendies. Jeudi, le gouvernement algérien n’avait pas encore réagi à cette proposition. 



Notons que cette déclaration intervient après que le Souverain a invité le président algérien à rouvrir le dialogue, «faire prévaloir la sagesse» et «œuvrer à l’unisson au développement des rapports» entre les deux pays voisins. 




Lire aussi : Maroc-Algérie : analyse du discours du roi Mohammed VI




 



Le gouvernement évoque une origine criminelle



Selon les autorités algériennes, les feux seraient d’origine criminelle. En déplacement à Tizi Ouzou, le ministre de l’Intérieur, Kamel Beldjoud, a estimé que ces incendies avaient une origine humaine. «Cinquante départs de feu en même temps, c’est impossible. Ces incendies sont d’origine criminelle», a-t-il déclaré. Toujours selon le ministre de l’Intérieur, «des analyses préliminaires au niveau de la région de Tizi Ouzou ont montré que les sites de déclenchement des incendies ont été soigneusement sélectionnés» pour être difficiles d’accès pour les secours et causer le plus de dégâts possible. 



La radio publique algérienne a annoncé mardi l’arrestation de trois « pyromanes » : un à Annaba, selon l’agence de presse algérienne APS, et trois à Médéa, selon la radio publique algérienne. L’un de ces trois suspects aurait même avoué. 



Le sujet des incendies criminels était déjà sur la table en Algérie. En effet, le 25 juillet dernier, Tebboune a annoncé avoir ordonné l’élaboration d’un projet de loi punissant les auteurs d’incendies criminels de forêts de peines allant jusqu’à 30 ans de prison ferme, voire la perpétuité si l’incendie a causé des morts. 



Par ailleurs, la justice algérienne a ordonné l’ouverture d’une enquête sur les circonstances de la mort d’un homme. Ce dernier, accusé d’être pyromane, a été lynché par une foule dans une région touchée par des incendies meurtriers. Suite à la diffusion d’une vidéo de cet incident sur les réseaux sociaux, le ministère public a affirmé que les auteurs d’un tel acte, s’il est avéré, «recevront une punition sévère, conformément aux lois de la République, afin que ce crime odieux ne reste pas impuni».



Si leur cause directe ne peut pas être déterminée, ces feux se sont déclarés dans un contexte climatique très propice, indique France Info. La canicule qui touche le pays, sur fond de dérèglement climatique, a au moins créé des conditions favorables à leur essor. En effet, dix-neuf wilayas du nord du pays sont actuellement placées en vigilance orange canicule. ​De plus, les flammes sont attisées par le vent et les végétaux s’embrasent en raison de la chaleur, ce qui complique la tâche des pompiers. 



Chaque année, la région boisée dans le nord de l’Algérie est dévastée par des dizaines de feux avivés par la chaleur extrême. En 2020, près de 44.000 hectares de taillis sont partis en fumée. Les autorités avaient annoncé avoir arrêté plusieurs auteurs d’incendies criminels.



 



Le phénomène s’amplifie tandis que les incendies se multiplient sur la planète. Sur la rive Nord de la Méditerranée, l’Italie, la Grèce et la Turquie sont également victimes des flammes liées à une sévère vague de chaleur. Ces feux ont provoqué de nombreux décès, mais aussi des désastres matériels et écologiques. La violence et la multiplicité de ces incendies sont causées par une grave combinaison : l’augmentation de la température, la multiplication des canicules et la baisse des précipitations. C’est aussi le signe d’un des maux de notre planète : le réchauffement climatique.


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