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Tunisie : le ras-le-bol du peuple et de son président
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Le président Kais Saied a annoncé ce dimanche 25 juillet le limogeage du Premier ministre Hichem Mechichi. Il a déclaré qu’il assumerait l’autorité exécutive avec l’aide d’un nouveau Chef de gouvernement après que de violentes manifestations ont éclaté dans plusieurs villes tunisiennes. Ces protestations dénonçaient la mauvaise gestion par l’exécutif de l’économie et de la pandémie de la Covid-19. Cette dernière a fait plus de 18.000 morts dans un pays de 12 millions d’habitants.
La démarche du leader tunisien reste la plus grande contestation à ce jour de la Constitution de 2014 qui répartit les pouvoirs entre le président, le Premier ministre et le Parlement. «Beaucoup de gens ont été trompés par l’hypocrisie, la trahison et le vol des droits du peuple», a-t-il lancé lors d’une allocution diffusée par les médias d’État. «Je mets en garde tous ceux qui pensent à recourir aux armes (…) et vers quiconque tire une balle, les forces armées répondront par des balles», a-t-il prévenu. Le président a également suspendu l’immunité des membres du Parlement pour 30 jours, insistant sur le fait que ses actions sont conformes à la Constitution.
La sortie de Kais Saied fait suite à une réunion d’urgence qui s’est tenue au Palais de Carthage avec des responsables des forces de sécurité, après que des milliers de Tunisiens ont exprimé leur colère contre le parti Ennahdha, qui détient la majorité des sièges au Parlement. Rached Ghannouchi, président dudit Parlement, a accusé Saied de lancer «un coup d’État contre la révolution et la Constitution» après ce mouvement. «Nous considérons que les institutions sont toujours debout et que les partisans d’Ennahdha et le peuple tunisien défendront la révolution», a martelé Ghannouchi, qui dirige Ennahdha.
Ce lundi, le président tunisien a en outre limogé le ministre de la Défense, Ibrahim Bartaji, et celle de la Justice par intérim, Hasna Ben Slimane, par ailleurs porte-parole du gouvernement et ministre de la Fonction publique.
Il faut préciser que Saied est empêtré dans des conflits politiques avec Mechichi depuis plus d’un an, alors que le pays est aux prises avec une crise économique et une réponse bancale à la pandémie de la Covid-19. Pour rappel, le président et les membres du Parlement ont été élus lors de votes populaires distincts en 2019, tandis que Mechichi a pris ses fonctions l’année dernière, en remplacement d’un autre gouvernement éphémère.
Par ailleurs, des milliers de personnes avaient bravé les restrictions liées au virus et la chaleur accablante pour manifester plus tôt dans la journée du dimanche à Tunis, la capitale, et dans d’autres villes. La foule, composée essentiellement de jeunes, a crié « Dehors ! » et des slogans appelant à la dissolution du Parlement et à des élections anticipées. Les manifestations ont été organisées à l’occasion du 64e anniversaire de l’indépendance de la Tunisie par un nouveau groupe appelé le « Mouvement du 25 juillet ».