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Covid-19 : l’Afrique ravagée par une troisième vague meurtrière
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Une troisième vague de la Covid-19 ravage l’Afrique. Les hôpitaux et les centres de santé sont dépassés par le nombre sans précédent de patients contaminés et de décès, alors que le continent est très en retard dans sa campagne de vaccination. Avec un peu moins de 5,3 millions de cas signalés et environ 139.000 décès parmi ses 1,3 milliard d’habitants, l’Afrique reste le continent le moins touché au monde par le virus après l’Océanie, selon un décompte de l’AFP.
Jusqu’à présent, contrairement au Brésil et à l’Inde, les nations africaines ont été épargnées par la pandémie. Cependant, la propagation du virus reprend du terrain dans au moins 12 pays, et les cas continentaux devraient atteindre un pic record dans environ trois semaines. Matshidiso Moeti, directrice Afrique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a averti ce vendredi 25 juin que «la troisième vague prend de la vitesse, se propage plus vite, frappe plus fort et menace d’être la pire que l’Afrique ait connue jusqu’à présent». Le directeur des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique), John Nkengasong, a même qualifié cette troisième vague d’«extrêmement brutale» et de «très dévastatrice». Le président du Liberia, George Weah, a quant à lui prévenu que la situation était «bien plus alarmante qu’il y a un an», car les hôpitaux sont aujourd’hui saturés.
Cette nouvelle détérioration de la situation épidémiologique en Afrique est aggravée par les problèmes de vaccination et la propagation de variants plus transmissibles et plus meurtrier. En effet, la souche Delta, détectée pour la première fois en Inde, a été signalée jusqu’à présent dans 14 pays africains, la majorité des nouveaux cas se trouvant en République démocratique du Congo (RDC) et en Ouganda, selon l’OMS. Les médecins d’Afrique du Sud, qui doivent traiter plus de 35% de tous les contaminés enregistrés sur le continent, font face à un afflux de patients massif. Contrairement aux vagues précédentes, cette fois-ci «le système hospitalier ne parvient pas à maîtriser la situation», a déclaré Angelique Coetzee, chef de l’association des médecins. Et de préciser que le nombre moyen de nouvelles infections quotidiennes en Afrique du Sud a été multiplié par 15 depuis le début du mois d’avril, alors que les admissions à l’hôpital ont augmenté d’environ 60%.
Les décès ne cessent d’augmenter
La Namibie et la Zambie connaissent également des courbes d’infection abruptes. Le ministère zambien de la Santé a fait état d’un nombre «sans précédent» de décès dus à la Covid-19, saturant les morgues du pays. Avec des hausses similaires en Ouganda, la ministre de la Santé du pays, Jane Ruth Acheng, a imputé cette nouvelle vague de contaminations aux variants hautement infectieux, notant que ces derniers ont conduit à l’hospitalisation d’un grand nombre de jeunes. De plus, plusieurs gouvernements africains renforcent à nouveau les restrictions contre la pandémie, notamment par un nouveau confinement à l’échelle nationale en Ouganda et un couvre-feu plus strict dans 13 comtés du Kenya.
Parallèlement, le rythme des campagnes de vaccination a du mal à décoller dans le continent. Selon l’OMS, environ 1% de la population africaine est entièrement vaccinée, soit le taux le plus faible au monde, et 90% des pays africains n’atteindront pas l’objectif d’inoculer un dixième de leur population d’ici septembre. «Nous sommes dans une course contre la montre, la pandémie est en avance sur nous. Nous ne sommes pas en train de gagner en Afrique cette bataille contre le virus», a déclaré Nkengasong du CDC Afrique. «C’est effrayant ce qui se passe sur le continent», a-t-il déploré.
La promesse récente des dirigeants occidentaux de faire don d’un milliard de doses de vaccin aux pays les plus pauvres a été largement critiquée pour sa lenteur. Les cas sont «plus nombreux que les vaccinations», regrette Moeti. Elle a fait savoir que «l’Afrique a besoin de toute urgence d’un million de vaccins supplémentaires. Nous avons besoin d’un sprint».
Les lueurs d’espoir se font rares
Plusieurs pays n’ont pas réussi à administrer les vaccins du programme Covax, soutenu par les Nations Unies, avant leur date limite d’utilisation, en raison de défaillances logistiques et d’appréhensions des populations concernant les vaccins. Le Malawi a détruit près de 20.000 doses périmées d’AstraZeneca en mai, tandis que la RDC et le Sud-Soudan ont renvoyé plus de deux millions de doses à l’ONU pour éviter un scénario similaire. Les autorités du Congo-Brazzaville s’inquiètent pour leur part de la lenteur de l’utilisation de près de 100.000 vaccins fabriqués en Chine et arrivant à expiration en juillet.
Pour rappel, une recrudescence des cas de coronavirus en Inde, principal fournisseur mondial d’AstraZeneca, a retardé les livraisons de Covax en Afrique. Le Malawi a épuisé ses stocks la semaine dernière, au moment où des milliers de personnes devaient recevoir leur deuxième injection. Et des centaines de Zimbabwéens frustrés ont protesté le mois dernier après que le principal centre de vaccination de Harare ait épuisé tout son stock.
L’Afrique du Sud affirme avoir obtenu suffisamment de vaccins Johnson & Johnson et Pfizer/BioNTech pour immuniser 67% de ses 59 millions d’habitants. Toutefois, le déploiement a connu des revers et seules 2,2 millions de personnes (personnel soignant et personnes âgées) ont été vaccinées jusqu’à présent. «Le manque de vaccins dans une région où les niveaux de pauvreté et d’inégalité sont élevés signifie que de nombreuses personnes ont l’impression d’attendre la mort», a déclaré Deprose Muchena, directeur régional d’Amnesty International. Enfin, désormais l’avenir de l’Afrique et de ses campagnes de vaccinations repose sur les aides étrangères et sur la générosité des pays riches, notamment les États-Unis et l’Union européenne.