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Africa CEO Forum : vers une émergence imminente de générations de champions africains

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Alors que la prolifération des crises à l’échelle mondiale s’accélère, la priorité du continent africain doit davantage se tourner vers la construction d’économies souveraines, résilientes et prospères. C’est dans ce cadre, que l’Africa CEO Forum, le grand rendez-vous des patrons du continent réunis les 5 et 6 juin à Abidjan, a engagé une réflexion de fond pour identifier les conditions favorables à l’émergence d’une nouvelle génération de champions continentaux à même de s’imposer dans l’économie mondiale.

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Les travaux de l’édition 2023 de l’Africa CEO Forum, le plus grand rendez-vous du secteur privé sur le continent, se sont clos mardi à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Quelque 1.800 chefs d’entreprises et décideurs issus de 70 pays, parmi lesquels 43 États du continent africain dont une importante délégation marocaine, ont, deux jours durant, discuté des conditions nécessaires à l’émergence de champions économiques nationaux et continentaux. Le thème retenu pour cette année était «Réussir malgré les crises – De 300 à 3.000 : Comment accélérer l’émergence de la prochaine génération de champions africains ?».

«Notre souhait, c’est que cette 9e édition du Forum soit l’occasion d’un dialogue public-privé exigeant à l’issue duquel nous repartions tous convaincus que nous pouvons construire un front uni, secteur privé, gouvernement et Institutions, pour que l’entreprise, soit désormais le fer de lance de la conquête de notre souveraineté économique», avait déclaré Amir Ben Yahmed, président de l’Africa CEO Forum, lors de la cérémonie d’ouverture.

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Car les économies africaines, aux situations très disparates, ne doivent pas rater le train de la recomposition mondiale, souligne Bruno Faure, envoyé spécial de RFI à Abidjan. Les pays du sud ont certes leur carte à jouer. Encore faut-il des entreprises capables de mener des projets d’envergure, comme le groupe Dangote au Nigeria.

De celles qui dépassent le milliard de dollars de chiffre d’affaires, le continent en compte environ 300. Ces données mettent en évidence le trop faible rythme de croissance comparativement à l’Asie ou à l’Europe qui enregistrent le double. Dans l’agriculture, l’énergie, le numérique, il faut des champions nationaux qui rayonnent dans le monde. C’est une question de souveraineté économique et d’autonomie stratégique.

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Pendant deux jours, conférences, débats et rencontres de très haut niveau, ont été organisés pour mettre en lumière le rôle moteur du secteur privé dans le développement du continent.

Pour une riposte africaine aux crises mondiales

Dans un contexte continental caractérisé par des perspectives de redressement post-Covid – la croissance étant à +3,7% en 2023, supérieure à la croissance mondiale estimée à 2,8% selon les dernières actualisations du FMI –, le continent retrouve une véritable dynamique. Dans cette conjoncture, bien que fragilisée par les incertitudes relatives aux crises économiques mondiales, la plupart des secteurs productifs maintiennent leur performance.

«Nous ne pouvons pas continuer en Afrique à subir les chocs exogènes et à être dépendants des exportations (…) il est temps de faire cette révolution verte», a lancé Makhtar Diop, le directeur général de la Société financière internationale (SFI), branche de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, estimant qu’«il est urgent de faciliter l’accès au financement» pour les économies et la SFI y travaillera.

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À l’ouverture officielle de l’édition 2023, le Premier ministre ivoirien, Patrick Achi, avait pour sa part martelé l’importance de la relation étroite entre l’État et le secteur privé pour le développement de l’Afrique en identifiant les sources sectorielles prioritaires de la transformation économique. En ce sens, il est, selon lui, nécessaire d’intégrer des chaînes de valeurs mondiales et de promouvoir les champions nationaux. C’est tout le projet de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), qui a toutefois accusé d’un sérieux retard dû à la pandémie de Covid-19.

«Les États, les institutions d’aide au développement et les opérateurs privés se mobilisent pour qu’on puisse développer ce secteur des infrastructures. La Zlecaf est une réalité, puisque le traité qui a été signé en 2018 est en vigueur, donc on parle d’un marché unifié. L’objectif, aujourd’hui, c’est de voir comment on peut libérer les potentialités pour permettre aux Africains de commercer», a déclaré sur un ton optimiste Tahirou Barry, directrice financière pour les ports et terminaux chez African Global Logistics.

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C’est là toute la réflexion de fond engagée par les participants à même de permettre au Continent de conquérir sa souveraineté économique dans un contexte de crise et de compétition globale accélérée. Il s’agit, selon les organisateurs, de la réhabilitation de «l’État stratège» de nature à identifier et à encourager les grandes priorités de croissance du Continent pour s’insérer dans les chaînes de valeur mondiales, et du soutien aux grandes entreprises qui constituent le fer de lance de la compétitivité future des économies africaines.

Car d’ici 2050, soit dans un peu plus d’une génération, 40% de l’humanité sera africaine. La population africaine doublera pour atteindre 2,8 milliards d’habitants (et donc de consommateurs) avec plus de 2/3 des habitants ayant plus de 35 ans.

Le Maroc en force à Abidjan

Avec une délégation conduite par le Chef du Gouvernement, Aziz Akhannouch, et comprenant notamment le ministre délégué chargé de l’Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des Politiques Publiques, Mohcine Jazouli, du président de la Confédération générale des Entreprises du Maroc (CGEM), Chakib Alj, et du président de la Fondation nationale des Musées, Mehdi Qotbi, le Royaume a été remarquablement représenté à la 9ᵉ édition de l’Africa CEO Forum.

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Renforcement de la souveraineté du Maroc, rôle du secteur privé, ambitions énergétiques… Le chef du gouvernement marocain, s’exprimant dans le cadre de l’Africa CEO Forum, est revenu sur quelques axes de la nouvelle doctrine économique du Royaume, principalement en matière d’investissements. À Abidjan, Aziz Akhannouch a mis l’accent sur les priorités sectorielles telles que la santé, l’automobile, l’agro-industrie, les fertilisants et l’aéronautique, soulignant l’importance de promouvoir des champions dans ces domaines.

Toutefois, le chef du gouvernement a fait remarquer que la chaîne de valeur ne peut se limiter à un seul pays, mais doit être intégrée au niveau régional. «Aucun pays ne peut tout faire seul, c’est pourquoi nous avons besoin de complémentarité, et l’Afrique possède cette caractéristique», a-t-il déclaré.

Africa CEO Forum : pour l’émergence de la prochaine génération de champions africains

Intervenant lors de l’édition 2023 de l’Africa CEO Forum, Aziz Akhannouch a dressé un large panorama des investissements et des efforts indéniables déployés par le Maroc en matière de développement des infrastructures logistiques. © DR

De son côté, Mohcine Jazouli a souligné, lors d’une session dédiée à l’investissement au Maroc sous la thématique «Co-shaping Regional Value Chains to Thrive», que le Souverain a, en effet, placé l’intégration de l’Afrique au cœur de sa vision. Mettant l’accent sur les 50 visites royales effectuées dans plus de 30 pays africains, le ministre a rappelé que depuis l’accession au trône du roi Mohammed VI, plus de 1.000 accords de coopération ont été signés, faisant du Royaume le 2ᵉ investisseur africain dans le continent et le 1er dans la région Afrique de l’Ouest.

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«Grâce à eux, nos relations économiques se sont considérablement renforcées (…) et, aujourd’hui, nous ne ménageons aucun effort pour approfondir notre coopération pour que le Royaume joue un rôle encore plus grand pour le développement du continent», a-t-il dit.

Lors de cette session, le ministre a souligné que le Maroc a édifié, en un temps record, des industries particulièrement performantes, de même que ses infrastructures sont aux meilleurs standards internationaux, relevant qu’aujourd’hui le Maroc aborde une phase nouvelle de son développement. Une nouvelle phase, portée par des réformes ambitieuses et audacieuses, qui envisage une expansion considérable du secteur privé, a-t-il expliqué.

Et de poursuivre que pour soutenir cette transition, le Maroc s’est récemment doté d’une nouvelle Charte de l’Investissement, qui octroie des avantages sans précédent dans l’histoire économique du Royaume. Ali Seddiki, directeur général de l’Agence Marocaine de Développement des Investissements et des Exportations (AMDIE) a, de son côté, fait une présentation détaillée dans laquelle il a mis en avant les nombreux atouts du Maroc en matière d’investissement, les avantages offerts par la nouvelle Charte de l’Investissement et les opportunités d’investissement.

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Un panel de discussion réunissant des acteurs économiques de haut niveau, composé de Saïd Ibrahimi, Directeur Général de Casablanca Finance City Authority (CFCA), de Cheick-Oumar Sylla, Directeur Régional pour l’Afrique du Nord de la Société Financière Internationale (SFI), de Myriam Lahlou Filali, Directrice Générale de Pharma 5, de Hicham Kabbaj, Directeur Générale de JESA Group et d’Imane Zaoui, Directrice Générale de Nestlé Maroc, et animé par Abdou Diop, a été l’occasion de présenter les modèles concrets d’expériences.

D’un simple événement à une organisation

L’édition 2023 de l’Africa CEO Forum a également permis d’annoncer la transformation progressive de l’événement en organisation à part entière pour maximiser son impact au service d’une Afrique souveraine. L’Africa CEO Forum va devenir un club destiné à mobiliser ses membres afin de renforcer sa mission et son impact sur trois plans : l’influence du secteur privé africain sur les grands enjeux économiques internationaux, la qualité du dialogue public-privé dans certains secteurs pour favoriser des réglementations qui libèrent la croissance et l’incitation à un engagement social, sociétal et environnemental fort des entreprises.

Fondé en 2012, l’Africa CEO Forum est la plateforme de référence des dirigeants des plus grandes entreprises africaines et internationales, des investisseurs internationaux, des responsables de multinationales, des chefs d’État, des ministres et des représentants des principales institutions financières actives sur le continent. Incontestablement le lieu de rencontres de haut niveau, de partage d’expériences et de décryptage des tendances qui affectent le monde des affaires, l’Africa CEO Forum propose des solutions concrètes et innovantes pour faire avancer les entreprises du continent. Grâce à ses initiatives, l’Africa CEO Forum accroît la représentation des femmes aux postes de décision sur le continent et soutient la transformation des entreprises familiales africaines.

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