Affaire Moubdiî : le stratège de la lutte contre la corruption dans les filets de la Justice
Le président de la commune de Fkih Ben Saleh, député du Mouvement populaire (MP) et président de la Commission de la justice et de la législation à la Chambre des représentants, Mohamed Moubdiî. © DR
Le président de la commune de Fkih Ben Saleh, député du Mouvement populaire (MP) et président de la Commission de la justice et de la législation à la Chambre des représentants, Mohamed Moubdiî, a été arrêté par la police judiciaire, mercredi 26 avril à Rabat, suite à une plainte déposée en 2020 par l’Association marocaine pour la protection des biens publics (AMPBP).
«M. Moubdii fait l’objet d’un avis de recherche émis à son encontre le 25 avril pour détournement de fonds, de titres et d’actes, avec instruction “À arrêter”», souligne une source citée par Barlamane.
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Accusé de délits en relation avec la gestion des affaires de la commune de Fkih Ben Saleh, au côté d’une douzaine de co-accusés, l’ancien ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative sous le gouvernement Benkirane (2012-2016) aurait refusé, à plusieurs reprises, de donner suite aux convocations de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) auxquelles il aurait opposé des certificats médicaux, affirme Mohamed El Ghalloussi, président de l’AMPBP.
Dans ce contexte, une délégation de l’Association s’était rendue, mardi 25 avril, auprès du Procureur général près de la Cour d’appel de Casablanca pour s’enquérir de l’évolution de la procédure judiciaire engagée à l’encontre du parlementaire.
C’est ainsi que le président de commune a été interpellé, dans la journée de mercredi, à son domicile à Rabat et conduit au siège de la Brigade nationale à Casablanca, s’accordent à dire plusieurs médias.
Auditionné par la BNPJ, le parlementaire aurait été, par la suite, déféré devant le parquet près la Chambre des crimes financiers qui relève de la Cour d’appel de Casablanca, révèlent des sources concordantes.
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Mohamed Moubdiî aurait été placé en détention préventive à la prison d’Oukacha à Casablanca, hier en début de soirée, écrit Le360. L’incarcération de Moubdiî, ainsi que celle de 7 des 13 co-accusés, est intervenue à la demande du ministère public et à laquelle a adhéré le juge d’instruction. Et le média de préciser que sur les personnes auditionnées par la justice, cinq seront poursuivies en état de liberté provisoire. Le juge d’instruction chargé des poursuites aurait décidé toutefois de les placer sous contrôle judiciaire, avec retrait de passeport et interdiction de quitter le territoire.
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Le MP appelle au respect de la présomption d’innocence
En réaction à cet événement, son parti, dont il est un des dirigeants les plus en vue, a confirmé la poursuite judiciaire dans un communiqué diffusé mercredi, sans apporter plus de détails. Le Mouvement déclare suivre de près cette affaire, ajoutant que à valeur d’aujourd’hui, Moubdiî est innocent tant que la justice n’a pas rendu son verdict.
Par la même, le MP a annoncé la décision de Moubdiî de démissionner de la présidence de la Commission de la Justice, de la Législation et des Droits de l’Homme à la Chambre des représentants.
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Le parti a tenu à saluer la décision «responsable» et «courageuse» de Moubdiî de quitter son poste pour assurer sa défense de manière neutre. Selon le parti, cette décision permettrait au parlementaire de défendre ses droits, d’une position d’innocence et d’éviter d’influencer, à partir de son poste à la tête de ladite Commission, la procédure judiciaire en cours. Cette commission qui a fait l’objet d’une campagne médiatique systématique menée par certains supports de presse, déplore le parti. Le MP a également critiqué ces médias pour ne pas avoir respecté la présomption d’innocence jusqu’à ce que la justice prononce son verdict final. Un principe qui, rappelle-t-on, est conforme aux conventions internationales et constitue un droit pour le député.
Démission dix jours après son élection à la tête de la Commission de la justice
Face au tollé médiatique, le Mouvement populaire a souligné que la candidature de Moubdiî à la présidence de la Commission était légale et qu’il avait le droit de jouir pleinement de ses droits politiques et civils, conformément aux lois en vigueur au Maroc.
L’ex-ministre délégué avait été élu le 17 avril 2023 à la majorité de 250 voix à la tête de cette commission après l’invalidation du mandat de son prédécesseur, Mohamed Fadili du même parti, qui, lui-même, risque des poursuites pénales pour infraction aux lois électorales.
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Ce dernier avait pris la place de l’ancien ministre de la Culture Mohamed Laârej, également du MP, qui a, lui aussi, été déchu de son mandat pour ne pas avoir respecté les mesures de sécurité sanitaire lors de sa campagne électorale. Une malédiction pour le parti ?
Face à la controverse politique provoquée dans les milieux parlementaires, la présidence de Moubdiî «n’aura duré que quelques jours». Certains députés s’étaient même retirés lors de son élection, sous prétexte qu’il aurait été «impliqué» dans des affaires de corruption durant ses vingt ans de présidence de la commune de Fkih Ben Saleh.
Impliqué dans «des affaires de corruption»
En 2021, Mohamed Moubdiî a été réélu à la majorité absolue pour la cinquième fois consécutive à la tête du conseil communal de Fkih Ben Saleh, malgré un bilan contrasté et une gestion des deniers publics qui a fait l’objet de plusieurs critiques par les médias locaux.
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Poursuivi pour, entre autres, dilapidation des deniers publics, le député depuis 1997 a été entendu pour la première fois en février 2020 par la BNPJ, suite à une plainte contre lui auprès de la Cour d’appel de Casablanca par l’AMPBP pour «enrichissement illicite» et «violation du code des marchés publics».
«Dans notre plainte déposée en 2020, nous nous sommes basés sur des documents officiels, à savoir le rapport de la Cour des comptes et un rapport de l’inspection générale du ministère de l’Intérieur» qui relèvent plusieurs irrégularités financières dans sa gestion des affaires de la commune, indique à Médias24 un membre de l’Association.
Il s’agit, selon le rapport de la Cour des comptes, de non-respect des règles et formes d’usage lors de la passation des marchés, dont certains auraient été attribués sans publicité ni mise en concurrence préalable. Pire, des entreprises se sont vu attribuer des marchés sans en fixer les prix ni les délais.
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Et de préciser «la plainte n’est pas dirigée contre une personne en particulier, mais contre tout responsable impliqué au sein de la commune».
Le 6 janvier 202, le président du Parquet général, Mohamed Abdennabaoui, avait invité les magistrats sous son autorité à «ouvrir des enquêtes chaque fois qu’ils obtiennent des informations sur des actes de corruption à travers les brigades nationales et régionales de la police judiciaire».
Ironie du sort, fin décembre 2015, Abdelilah Benkirane, alors chef du gouvernement, avait confié à Mohamed Moubdiî l’élaboration de la stratégie nationale de lutte contre la corruption à l’horizon 2025 pour un budget de 1,8 milliard de dirhams.
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