Temps de lecture : 5 minutes

Accueil / Économie / Affaire La Samir : le CIRDI a tranché, et après ?

Affaire La Samir : le CIRDI a tranché, et après ?

Temps de lecture : 5 minutes

Gros plan

Temps de lecture : 5 minutes

Six ans après le début du litige soumis à l’arbitrage du Centre international de règlement des différends relatifs à l’investissement (CIRDI), relevant de la Banque mondiale, l’instance internationale prononce enfin son verdict. Retour sur cette affaire qui oppose l’État marocain à Corral Morocco Holding, actionnaire majoritaire de la raffinerie marocaine La Samir et propriété de l’homme d’affaires saoudien d’origine éthiopienne Mohamed El Amoudi, et les enjeux post-verdict.

Temps de lecture : 5 minutes

Très attendu, le verdict du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) a été rendu lundi dans l’affaire opposant l’État marocain au groupe Corral Morocco Holding, l’actionnaire principal de La Samir. Le tribunal a rejeté la majorité des demandes du groupe, initialement estimées à hauteur de 2,7 milliards de dollars, et a accordé une indemnisation de seulement 150 millions de dollars, soit moins de 6% du montant réclamé. Cette décision a été confirmée par Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des Finances, qui a précisé que le Maroc étudiait toutes les options possibles, y compris un recours en annulation devant le CIRDI.

Lors de cette procédure, le Maroc a défendu sa position en mettant en avant les nombreux moyens mis en œuvre pour soutenir la raffinerie La Samir. Depuis 2002, les pouvoirs publics ont mobilisé des ressources importantes pour tenter de redresser la situation financière de la raffinerie, sans succès en raison des pratiques de gestion du principal actionnaire, Corral Morocco Holdings. Dans ce sens, la ministre a souligné que le Maroc a toujours honoré ses engagements contractuels et qu’il continue de respecter ses obligations envers ses partenaires et les instances internationales.

Lire aussi : Affaire la Samir : au Parlement, Leila Benali s’explique

Affaire La Samir : une bataille juridique de longue haleine

Le contexte de cette affaire repose sur une plainte déposée par le groupe Corral, qui s’est appuyé sur le traité d’investissement signé entre le Maroc et la Suède en 1990 et publié en 2009. Ce traité garantit un traitement juste et équitable des investissements, interdisant la nationalisation et l’expropriation sans compensation adéquate. Corral, via sa filiale Corral Morocco Holding, accuse le gouvernement d’avoir porté préjudice à son investissement en ne respectant pas ces clauses. L’entreprise a initialement réclamé des dédommagements de 1,4 milliard de dollars, avant de réévaluer cette somme à 2,7 milliards de dollars.

La défense marocaine, représentée par le cabinet Naciri et Allen Associés, a contesté ces accusations en arguant que la faillite de la raffinerie Samir était due à des difficultés financières chroniques et non à une action délibérée du gouvernement. En effet, la raffinerie, lourdement endettée à hauteur de 40 milliards de DH, a été placée en liquidation judiciaire en 2015. Les créanciers incluent l’État marocain et plusieurs banques nationales et internationales. Le principal actionnaire, Corral Morocco Holding, avait ainsi saisi le CIRDI en novembre 2018, deux ans après la faillite de cet actif stratégique pour le Maroc.

Il est important de noter que le groupe Corral avait acquis la raffinerie La Samir et la société chérifienne des pétroles (SCP) en 1997 pour une somme modeste de 380 millions d’euros. Malgré cet investissement initial, le groupe n’a pas respecté ses engagements d’investissement au fil des années. Après l’arrêt définitif de la raffinerie en 2016, La Samir avait accumulé une dette colossale, dont 40% étaient dus à l’administration des douanes.

Lire aussi : La Samir : le FNSS hausse le ton contre le gouvernement

La Samir : quel avenir pour la raffinerie ?

En réaction à cette décision du CIRDI, Hussein Yamani, secrétaire général du Syndicat national des pétroles et gaz et membre de la Confédération démocratique du travail (CDT), a exprimé ses préoccupations et son point de vue sur les implications de ce verdict. Il a souligné la gravité des pertes financières subies par le Maroc depuis la privatisation de la raffinerie La Samir, un actif stratégique pour le pays.

Yamani a aussi insisté sur le fait que la décision du CIRDI d’ordonner une indemnisation, bien que nettement inférieure aux demandes initiales du groupe Corral, représente une nouvelle charge pour le Maroc. Selon lui, il est impératif de défendre fermement les intérêts nationaux en faisant appel de ce verdict pour tenter de l’annuler et de récupérer les fonds détournés, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

Au-delà des aspects juridiques et financiers, Yamani a mis en avant l’urgence de relancer rapidement les activités de raffinage à la raffinerie de La Samir. Il a averti que le site risque une destruction complète si des mesures ne sont pas prises rapidement pour le réhabiliter et le développer. Pour lui, revitaliser cette infrastructure est crucial non seulement pour limiter les pertes financières, mais aussi pour garantir la sécurité énergétique du Maroc et préserver les emplois des travailleurs de la raffinerie.

Laissez-nous vos commentaires

Temps de lecture : 5 minutes

La newsletter qui vous briefe en 5 min

Chaque jour, recevez l’essentiel de l’information pour ne rien rater de l’actualité

Et sur nos réseaux sociaux :

La Samir

Vision 2024 : le Maroc investit massivement dans son réseau ferroviaire et aéroportuaire

Face aux défis croissants de la mobilité et au besoin d'innovation dans les infrastructures de transport, le Maroc dévoile un projet colossa…
La Samir

Croissance au Maroc : les prévisions optimistes de la BERD

Le dernier rapport de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) décrit les dynamiques économiques des régions q…
La Samir

Banque mondiale : investissements de 117 millions de dollars dans les infrastructures privées

La Banque mondiale a publié son rapport annuel pour l'année 2023 sur les investissements privés dans les infrastructures des pays à revenu f…
La Samir

Tourisme : la perspective d’une nouvelle année record se confirme

Cette année, le Maroc s'apprête à battre un nouveau record touristique après celui de 2023, où 14,5 millions d'arrivées avaient été enregist…
La Samir

Maroc et cybersécurité : la quête d’une place de leader sur la scène internationale

En 2024, la cybersécurité reste au cœur des préoccupations mondiales alors que l'environnement en ligne devient de plus en plus complexe et …
La Samir

Chômage au Maroc : des chiffres qui inquiètent

Le Fonds monétaire international n’a pas fermé les yeux sur la situation du marché de l’emploi marocain. L’institution a d’ailleurs tiré la …
La Samir

Horizon 2030 : ces grands chantiers qui transformeront Casablanca

Cette dynamique de construction et de rénovation que connaît Casablanca n’est non seulement un moteur de modernisation, mais c’est surtout u…
La Samir

Gouvernement-syndicats : réforme fiscale et hausse des salaires

L'accord conclu par le gouvernement lors de la session d'avril 2024 du dialogue social central a marqué une avancée dans l'amélioration des …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire