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Affaire Karimine et El Badraoui : les dessous d’un scandale de corruption

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Aziz El Badraoui et Mohamed Karimine. © DR

C’est sans doute le début d’un long feuilleton judiciaire. L’affaire impliquant Mohamed Karimine, surnommé «l’empereur de Bouznika», et Aziz El Bedraoui, dirigeant du groupe Ozone, prend un tournant décisif avec leur incarcération préventive ordonnée par le juge d’instruction à la suite d’une requête du procureur général de la Cour d’appel de Casablanca. Après un interrogatoire préliminaire, les deux hommes, soupçonnés de malversations, ont été placés en détention à la prison Aïn Sebaâ, où ils resteront jusqu’à leur jugement.

Les scandales de corruption touchent diverses figures politiques, des hommes d’affaires influents et des personnalités du monde sportif. Mohamed Karimine, ex-parlementaire et ancien maire de Bouznika, reconnu sous le sobriquet «l’empereur de Bouznika», a récemment fait l’objet d’une enquête par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), suite à son éviction pour des accusations de mauvaise gestion. Transféré depuis l’hôpital Cheikh Zayed à Rabat, il a été interrogé sur ses agissements à la tête de cette commune.

Le 3 mai 2023, le tribunal administratif de Casablanca a mis fin à ses fonctions municipales à Bouznika, en réaction à des allégations de conflit d’intérêts et de négligences dans la gestion des services essentiels à la ville. Parallèlement, Aziz El Badraoui, dirigeant de l’entreprise Ozone spécialisée dans le traitement des déchets et ancien président du club du Raja de Casablanca, a été arrêté dans le cadre de la même affaire, suspecté de malversations financières liées à un contrat avec la municipalité de Bouznika. Les investigations ont révélé une possible collusion entre Karimine et El Badraoui, impliquant une surfacturation des services d’Ozone pour un montant de 6 millions de DH (MDH), au détriment de la qualité.

Malgré plusieurs convocations pour être interrogés, les deux hommes ont esquivé certaines sessions, justifiant leur absence par des certificats médicaux, avant d’être finalement arrêtés mardi.

Lire aussi : Trafic de drogue : Said Naciri et Abdennabi Bioui auditionnés

Les accusés devant la justice

Ce mardi 6 février 2024, la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) a conduit Aziz El Badraoui et Mohamed Karimine devant le procureur général près la Cour d’appel de Casablanca, spécialisé dans les affaires de crimes financiers. Accompagnés d’un ingénieur dont l’identité reste confidentielle, leur comparution découle d’une enquête d’un an sur des malversations présumées à Bouznika et au sein d’une coopérative de viande rouge.

Le magistrat a entendu les deux hommes, suite à une plainte d’un ingénieur, également président de l’Association nationale des producteurs de viandes rouges, mettant en cause leurs agissements. Des accusations de détournement de fonds, incluant des subventions attribuées au Salon international d’agriculture de Meknès (SIAM) et destinées à la vaccination de troupeaux, ont été portées à leur encontre.

L’enquête de la BNPJ a révélé des transactions douteuses impliquant Karimine, notamment un virement de 15 MDH vers Ozone et le retrait de 2 MDH de la coopérative pour son compte personnel. Les investigations ont également mis au jour une collusion présumée entre El Badraoui et Karimine pour une surfacturation de services s’élevant à 6 MDH.

Mise en lumière des pratiques frauduleuses à Bouznika

Selon une information rapportée par SNRTnews, une action en justice a été initiée suite à une plainte déposée en novembre 2022 par deux conseillers municipaux. Celle-ci cible des responsables et employés communaux ainsi que des membres du comité d’ouverture des offres, accusés de malversations financières et administratives, surtout dans la gestion des fonds publics.

La plainte met en lumière des irrégularités sur deux périodes distinctes, concernant la gestion externalisée de la propreté urbaine. Sous la direction de l’époque de Karimine, le budget alloué à cette gestion a été considérablement réduit, passant de 14 à 8 MDH, avant d’exploser à 20 MDH en 2016, justifié par une décision administrative et une dette envers la société «Ozone».

Des anomalies ont été relevées, telles que la signature d’un accord pour le transfert de 20 MDH à cette société sans respecter les procédures légales, ou encore la révision des tarifs sous couvert de modifications logistiques. Les plaignants ont également pointé du doigt des écarts dans les tarifs unitaires et une gestion douteuse des déchets, avec des coûts anormalement élevés par rapport aux volumes traités, surtout en comparaison avec d’autres villes.

En 2017, le contrat fut à nouveau attribué à la même entreprise malgré des modifications ultérieures non approuvées par le conseil municipal. Le ministère de l’Intérieur, après avoir formulé des recommandations non prises en compte, a mis en évidence une surestimation de la quantité de déchets produite par habitant dans le contrat, ainsi qu’un coût annuel exorbitant par rapport à la quantité réelle de déchets traités.

Cette affaire est appuyée par des preuves variées, incluant vidéos, témoignages, circulaires ministérielles et documents officiels. Elle s’ajoute à des accusations antérieures portées contre Karimine, liées à des affaires de corruption et de détournements, qui avaient déjà conduit à des comparutions judiciaires. L’enquête, s’intensifiant, a mené à leur arrestation.

Emprisonnement des suspects

Dans les premières heures de ce vendredi, le magistrat instructeur de la Cour d’appel de Casablanca a décidé de mettre sous les verrous Mohamed Karimine et Abdelaziz El Badraoui, les envoyant à la prison d’Aïn Sebaâ, connue sous le nom d’«Oukacha».

Après une série d’interrogations, le procureur général a suggéré leur détention provisoire, une proposition avalisée par le juge d’instruction après un examen approfondi de leur cas.

L’enquête, qui a été confiée à la BNPJ sur ordre du procureur général pour éclaircir les zones d’ombre des témoignages, a révélé des incohérences dans les déclarations des deux accusés. Cette divergence a mené à leur garde à vue pour permettre une investigation plus poussée.

Les investigations en cours les ciblent pour des faits présumés de détournement et de gaspillage de deniers publics, avec des implications dans des actes de falsification de documents officiels et commerciaux, d’abus de pouvoir, et d’autres infractions liées à la gestion des fonds publics.

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