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À Hiroshima, le sommet du G7 face à un tournant historique

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Photo de groupe des chefs de gouvernement des pays du G7 dans le parc de la paix à Hiroshima, au Japon le 19 mai 2023. © MICHAEL KAPPELER / AFP

Le Sommet du G7 s’est ouvert ce vendredi matin au Japon, à Hiroshima. Pendant trois jours, les dirigeants des pays membres vont échanger sur plusieurs sujets brûlants, allant de la guerre en Ukraine au désarmement nucléaire. États-Unis, Union européenne et Royaume-Uni doivent y annoncer de nouvelles sanctions contre la Russie, dans cette ville-symbole de l’horreur atomique. Ce n’est pas un hasard si le G7 s’y réunit puisque le Kremlin ne cesse de menacer le monde d’un recours au nucléaire.

Dans un climat géopolitique inédit, marqué par la guerre en Ukraine et la montée en puissance de la Chine, le Sommet du G7 (France, États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Japon, Italie et Canada) s’est ouvert ce vendredi 19 mai à Hiroshima, dans le sud du Japon. Un moment qui restera probablement dans l’histoire diplomatique du pays, qui assume la présidence tournante du groupe.

Pendant trois jours, les dirigeants des pays membres vont échanger sur plusieurs sujets brûlants, de l’énergie à l’intelligence artificielle. Mais l’accent sera mis sur la guerre en Ukraine, le désarmement nucléaire et particulièrement les failles permettant à Moscou d’atténuer l’impact des sanctions du G7 sur son économie. Les dirigeants devraient durcir le ton face à la Russie, 15 mois après son invasion, et adopter une ligne commune vis-à-vis de la superpuissance chinoise.

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Conscient de l’importance particulière du sommet, le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, a déclaré dans des propos rapportés par le journal Asahi Shimbun : «Nous faisons face à un tournant historique», depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui «ébranle les fondements de l’ordre international».

Le Japon, pays hôte de ce G7, souhaite marquer les esprits dans un contexte international particulièrement tendu. Le Premier ministre japonais a également convié, en marge de ce sommet auquel quelque 24.000 membres des forces de sécurité sont déployés, les dirigeants de l’Inde, du Brésil et de l’Indonésie. Il s’agit de convaincre ces États, non alignés, à prendre parti sur la Russie, mais aussi sur la Chine.

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«Je m’attends à ce que les questions clés soient le respect et l’application des sanctions, en particulier dans les pays du Sud non alignés, et l’abaissement potentiel du plafond des prix du pétrole (russe, NDLR), que l’Ukraine réclame», estime Maria Snegovaya, spécialiste de la Russie au Centre d’études internationales et stratégiques (Csis) de Washington, cité par Le Figaro. Le G7 ressent d’autant plus ce besoin d’ouverture que le G20 est lui dans l’impasse, la Chine et la Russie s’opposant à toute référence à la guerre en Ukraine.

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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est attendu en personne au sommet du G7, a déclaré une source européenne à Reuters. Le dirigeant est attendu dimanche, troisième et dernier jour du sommet, ont indiqué deux responsables impliqués dans l’organisation du G7, refusant d’être identifiés en raison du caractère sensible de la visite.

L’information a, par la suite, été confirmée vendredi par le secrétaire du Conseil de la sécurité nationale et de la défense d’Ukraine, Oleksiy Danilov. «Des décisions très importantes y seront prises, donc la présence physique de notre président est absolument importante pour défendre nos intérêts, expliquer, faire des propositions claires et un argument clair sur ce qui se passe dans notre pays», a-t-il déclaré à la télévision d’État.

Le président du pays en guerre contre la Russie vient de boucler une tournée dans plusieurs pays européens et est, par ailleurs, attendu aujourd’hui même au sommet de la Ligue arabe, en Arabie saoudite.

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Un sommet empreint d’histoire

Et ce sommet est marqué par le poids de l’Histoire. Le 6 août 1945, les États-Unis avaient lâché la première bombe atomique sur Hiroshima. Ce vendredi matin, les sept dirigeants se sont recueillis devant le Parc du mémorial de la paix de Hiroshima : lieu commémorant l’horreur de la destruction atomique subie par cette ville japonaise.

Joe Biden, Rishi Sunak ou encore Emmanuel Macron ont déposé des gerbes vendredi devant le cénotaphe à la mémoire des quelque 140.000 personnes tuées. À l’aide d’un audioguide, les dirigeants ont écouté ce rappel historique : «Il est 8h15 du matin, une bombe atomique vient d’être larguée et a explosé à 600 mètres au-dessus de la ville d’Hiroshima. La vie de cette ville a été anéantie en un instant par la bombe atomique».

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Sous une pluie battante, les chefs d’État et de gouvernement des sept plus grandes démocraties industrialisées, dont plusieurs puissances nucléaires, ont été accueillis individuellement par le premier ministre japonais Fumio Kishida.

À Hiroshima, les leaders voient de leurs propres yeux les ravages que peuvent faire les armes nucléaires. Avec cette visite, les dirigeants ont pu «approfondir leur compréhension de la réalité des bombardements atomiques», a noté le ministère japonais des Affaires étrangères. Des vestiges, des objets du quotidien conservés dans un musée, comme en témoigne ce vêtement porté à l’époque par un adolescent de 13 ans. «L’uniforme que vous voyez était collé à sa peau à cause de ses brûlures. Le jeune homme ne portait plus qu’une chaussure quand il a été retrouvé, c’est celle que vous voyez dans la vitrine», détaille la voix de l’audioguide.

Les leaders ont ensuite participé à une cérémonie de plantation d’une bouture d’un cerisier ayant survécu au bombardement de Hiroshima. Ils ont, par ailleurs, rencontré une survivante, Keiko Ogura, âgée de huit ans à l’époque du bombardement. Aucun détail sur le contenu de leur conversation n’a filtré.

«Plan d’action pour Hiroshima»

Ce moment de recueillement est cependant resté symbolique alors que les États-Unis, le Royaume-Uni et la France possèdent des milliers d’ogives nucléaires, et que les autres membres du G7, dont le Japon, sont couverts par le «parapluie nucléaire» américain.

Toutefois, cette visite ne devrait pas entraîner d’avancées significatives sur le désarmement nucléaire. Les espoirs d’avancées dans le désarmement sont encore amincis par le contexte de tensions accrues avec d’autres puissances nucléaires que sont la Russie, la Corée du Nord et la Chine.

Le dirigeant nippon espère cependant mettre le désarmement nucléaire à l’ordre du jour du sommet et une déclaration commune à son issue. «Toute menace de recours à l’arme nucléaire que fait miroiter Moscou et l’utilisation de celle-ci sont absolument inacceptables. [Lors du sommet] nous allons afficher notre détermination à défendre l’ordre international libre et ouvert fondé sur l’état de droit», a-t-il déclaré.

Il espère voir approuvé son «plan d’action pour Hiroshima», dévoilé en 2022 et préconisant notamment un nouvel engagement à ne pas utiliser d’armes nucléaires, la transparence sur les stocks et de nouvelles réductions des arsenaux.

Éviter le contournement des sanctions

Soucieux de «sécurité économique», le sommet de Hiroshima devrait empêcher que les sanctions, «qui ont un coût pour nos économies», soient «contournées au bénéfice d’autres» (NDLR, la Russie). ​​Les pays membres visent également le renforcement des sanctions contre Moscou avec des mesures portant sur le secteur énergétique russe et les exportations.

Lire aussi : Pétrole russe, le Royaume dans le collimateur de Madrid ?

Washington souhaiterait interdire toutes les exportations destinées à certains départements de l’armée russe. Mais le Japon et l’UE se sont déjà opposés à cette proposition américaine jugée «irréaliste», minimisant ainsi les chances d’une interdiction totale d’échanges commerciaux avec la Russie.

​​Autre point, les dirigeants devraient approuver le retrait de chaînes d’approvisionnement cruciales de l’influence chinoise. «Nous recherchons une approche multidimensionnelle de nos relations économiques avec la Chine», a souligné lundi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Mais «cette approche se caractérise par une réduction des risques et non par un découplage», a-t-elle assuré. Ursula von der Leyen a cité des exemples précis de tentatives chinoises de coercition économique visant la Lituanie, le Japon et l’Australie.

Lire aussi : Les BRICS deviennent plus puissants économiquement que le G7

«Nous sommes les plus vulnérables à la coercition (…) là où les dépendances s’accumulent. C’est pourquoi nous prenons des mesures», a-t-elle ajouté, estimant que les matières premières essentielles constituaient un domaine d’action.
Washington a, pour sa part, déjà adopté une approche ferme sur le sujet, bloquant l’accès de Pékin aux semi-conducteurs les plus avancés et aux équipements nécessaires à leur fabrication, et a convaincu Tokyo et La Haye de faire de même.

Les chefs d’État et de gouvernement devraient, par ailleurs, se montrer prudents à l’égard de Pékin, en affichant d’un côté leur unité sur Taïwan, tout en s’efforçant d’éviter d’attiser les tensions. Ce n’est «pas un G7 antichinois», ont insisté, de leur côté, Paris et Berlin en souhaitant «un message positif» de coopération «à condition que nous négociions ensemble».

Voir aussi : La guerre entre la Chine et Taïwan est-elle inévitable ?

Alors que le sommet devrait aboutir, selon les analystes, à une déclaration commune exprimant la préoccupation des pays face à ce qu’ils caractérisent de «coercition économique» de la Chine et une vision commune quant à la position à adopter vis-à-vis de la deuxième économie mondiale. Reste à savoir si les pays membres sont prêts à afficher un front uni.

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