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À Davos, le gotha politique et économique mondial veut rebâtir la confiance

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Le Forum économique mondial de Davos débute ce lundi, 15 janvier 2024, dans la station des Alpes suisses. © DR

Le 54ᵉ Forum économique mondial (WEF) a officiellement ouvert ses portes en Suisse pour cinq jours avec comme mot d’ordre «rétablir la confiance». Gouvernants, chefs d’entreprise, universitaires, responsables d’ONG et journalistes se sont retrouvés hier dans la station alpine, Davos, avant que ne commencent les sessions où les questions de géopolitique, l’avenir de l’IA et le changement climatique ont une importante place au regard du contexte mondial. Ce mardi, nous retiendrons la participation en personne du président ukrainien, dont le pays a entamé sa deuxième année d’invasion russe, et celle du premier ministre chinois, plus haut responsable à participer à la réunion annuelle du Forum depuis le président Xi Jinping en 201.

La réunion annuelle du Forum économique mondial a démarré, hier lundi 15 janvier à Davos pour cinq jours, dans un contexte de ralentissement économique mondial et d’augmentation des effets du changement climatique. Pour «rétablir la confiance» entre dirigeants et citoyens, plus de 2.800 participants, dont au moins 60 chefs d’État et de gouvernement, ont répondu présents.

«C’est une réponse directe à la dégradation de la confiance dans nos sociétés et entre les nations», selon Mirek Dusek, directeur général du Forum économique mondial. «Certains pourraient relier directement les fissures aux profondes transformations qui nous entourent, qu’elles soient géopolitiques, géoéconomiques ou liées au climat et à la nature», dit-il.

«Engagés à améliorer l’état du monde»

Le WEF a été fondé en 1971 par Klaus Schwab, un économiste et professeur suisse-allemand, dans le but d’encourager la coopération mondiale sur des questions politiques, sociales et économiques. L’objectif de cette organisation internationale à but non lucratif, dont le siège se trouve aujourd’hui près de Genève, était de réunir les représentants des secteurs public et privé pour réfléchir à des solutions aux problèmes mondiaux. Cela reste l’un de ses principes fondateurs et correspond à son énoncé de mission : «Committed to improving the state of the world» (Engagé à améliorer l’état du monde).

La première réunion du WEF, il y a cinq décennies, s’est tenue à Davos, qui est depuis lors le centre de son rassemblement annuel, le nom de la station étant même devenu l’abréviation courante de l’événement.

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Davos est peut-être un lieu de discussion pour les riches et les puissants du monde, mais c’est un forum de discussion et de débats sans égal à l’échelle mondiale et il a plusieurs réalisations importantes à son actif au cours de ses cinquante années d’existence.

En 1988, un accord signé lors de la réunion, connu sous le nom de «Déclaration de Davos», a permis à la Turquie et à la Grèce de s’éloigner d’un conflit armé.

En 1992, Nelson Mandela et le président sud-africain de l’époque, Frederik de Klerk, ont fait leur première apparition commune sur la scène internationale à Davos, ce qui a sans doute constitué une étape importante vers la fin de l’apartheid. Les deux hommes ont reçu le prix Nobel de la paix l’année suivante.

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En 2000, l’Alliance mondiale pour les vaccins et l’immunisation (Gavi) a été lancée à Davos et a depuis amélioré l’accès aux vaccins pour des millions de personnes. Depuis sa création, elle a contribué à la vaccination de 760 millions d’enfants dans le monde.

Dans son dernier rapport publié en amont du sommet, le Forum économique mondial de Davos s’inquiète des risques environnementaux et sociaux qui pèsent sur le monde et s’amplifient, année après année. L’organisation a, en effet, alerté sur les risques qui pèsent sur les sociétés mondiales, pointant cette année du doigt la montée des risques environnementaux et la polarisation sociale qui s’amplifie par rapport à 2023, sur fond de crise de confiance.

À Davos, le gotha politique et économique mondial veut rebâtir la confiance

Risques mondiaux classés par gravité à court et à long terme (2023-2024 et 2023-2033). © Forum économique mondial (WEF)

Les risques environnementaux et le risque du «point de non-retour»

C’est l’une des conclusions principales du rapport : les risques environnementaux s’ancrent parmi les principales menaces pesant sur les économies et sur les sociétés mondiales. Le Forum économique mondial a interrogé un panel d’experts, de scientifiques, de représentants de la société civile et de dirigeants politiques et économiques sur leur perception des risques économiques globaux pour les prochaines années.

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Les événements météorologiques extrêmes, par exemple, qui ont déjà connu une hausse régulière et significative ces dernières décennies, sont considérés comme un risque majeur à court terme. Les inondations, tempêtes et autres sécheresses constituent un danger durable pour les populations, les infrastructures et les activités humaines, et déstabilisent déjà de nombreuses régions. La pollution est également d’ores et déjà perçue comme l’un des risques les plus notables à court terme.

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À moyen terme, le rapport identifie aussi les modifications générales du système Terre, notamment la crise de la biodiversité, comme un facteur majeur de déstabilisation mondiale. Les experts mentionnent aussi les pénuries de ressources naturelles dans les prochaines années, surtout pour les chaînes d’approvisionnement mondialisées qui dépendent de ressources critiques. Au total, quatre des cinq risques les plus sévères pour la prochaine décennie sont des risques environnementaux, selon l’analyse du Forum de Davos.

La polarisation sociale et la crise de confiance

Mais la crise n’est pas qu’environnementale, elle est aussi sociale. En troisième position des risques les plus sévères, juste derrière les risques environnementaux, le Forum économique mondial pointe du doigt la crise de la cohésion sociale. Le rapport constate que le fossé se creuse entre des pans entiers des sociétés mondiales, fracturées par les inégalités, la crise du pouvoir d’achat et la persistance de la pauvreté. Cette crise aux racines profondes provoque progressivement une amplification des conflits sociaux et des conflits de valeurs, et est liée à la hausse des populismes et extrémismes politiques. Le Forum de Davos met en garde contre cette situation de tension et de polarisation sociale, qui est, en plus, exacerbée par une crise de confiance généralisée.

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Avec l’essor des nouvelles technologies de l’information, des réseaux sociaux et de l’Intelligence artificielle, la désinformation se répand en effet très rapidement et contribue à accentuer encore les conflits et la défiance entre les groupes sociaux. Ce risque de désinformation est le plus sévère identifié à court terme par le rapport, qui rappelle que la cohésion d’une société repose en grande partie sur la capacité de celle-ci à garantir une information libre et fiable, permettant de faciliter notamment les processus démocratiques et électoraux.

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Or, dans les prochains mois, ce sont plus de quatre milliards de personnes dans le monde qui seront appelées aux urnes pour des élections qui pourraient être profondément déstabilisées par les fake news et la désinformation. Les élections européennes, en 2024, mais aussi l’élection présidentielle américaine, les législatives indiennes, ou les élections générales au Mexique, pourraient ainsi être affectées. Un risque de déstabilisation politique qui tombe au pire moment, à l’heure où le monde doit prendre des décisions cruciales face à la conjonction des crises sociales et environnementales.

Opération reconquête pour Pékin

La Chine fait un retour en force à Davos mardi, avec un discours de son premier ministre Li Qiang très attendu après l’élection présidentielle à Taiwan qui a conduit à la victoire de Lai Ching-te, issu du Parti démocrate progressiste (DPP). Li Qiang est le plus haut responsable chinois à participer à la réunion annuelle du Forum économique mondial dans la station des Alpes suisses depuis le président Xi Jinping en 2017.

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La Chine considère Taïwan comme l’une de ses provinces, à réunifier par la force si nécessaire. Elle s’est encore déclarée lundi «fermement opposée» à tout échange officiel entre les États-Unis et Taïwan, après l’accueil dans l’île d’une délégation américaine présentée par Washington comme non officielle.

Dans son allocution à Davos, le premier ministre chinois a principalement tenté de rassurer sur l’économie chinoise. «L’économie chinoise progresse, elle avance et elle va continuer à dynamiser l’économie mondiale», a-t-il affirmé. «Il faut prendre du recul et regarder les choses de loin», comme pour les Alpes, a-t-il ajouté.

Même si la croissance ralentit à court terme, le volume économique chinois va continuer à augmenter à long terme, selon lui. Et de mentionner notamment l’activité des entreprises chinoises sur les technologies ou sur l’économie verte. Cette situation «va permettre de faire émerger de nouveaux modèles de croissance en Chine», a-t-il dit à ceux qui anticipent une détérioration économique.

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Plus largement, Li Qiang a estimé que «la confiance était plus forte auparavant» entre les grandes économies. Il a plaidé pour une large collaboration économique, technologique et scientifique, mettant en garde toutefois contre les menaces sécuritaires liées à l’intelligence artificielle (IA).

Zelensky au-devant de la scène pour tenter de rallier des soutiens

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, autrefois réticent à quitter son pays déchiré par la guerre, a récemment entrepris une tournée éclair pour tenter de rallier le soutien à la cause de l’Ukraine contre la Russie. À l’approche du 2e anniversaire de l’invasion de son pays par l’armée russe, Zelensky fait cette année, pour la première fois, le déplacement en personne.

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Confronté à la lassitude des donateurs occidentaux et aux inquiétudes quant au retour à la Maison-Blanche l’année prochaine de l’ancien président américain Donald Trump, qui se vantait d’entretenir de bonnes relations avec Poutine, Volodymyr Zelensky est en tête d’affiche d’une seconde journée pleine de frénésie de la réunion annuelle du Forum économique mondial dans la station de ski suisse de Davos.

Vêtu de son habituel pull sombre et d’un pantalon kaki, il a été accueilli dès le matin par des applaudissements à une réunion à huis clos de «PDGs pour l’Ukraine» – notamment les patrons de Siemens Energy et de Bank of America – en présence également du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, et du vice-chancelier allemand, Robert Habeck.

Le président ukrainien a estimé mardi à Davos que son homologue russe Vladimir Poutine était un «prédateur» qui ne se satisfera pas d’un conflit «gelé» en Ukraine, où la ligne de front est globalement immobile depuis plusieurs mois. «Après 2014, des tentatives ont été faites pour geler la guerre dans le Donbass (est de l’Ukraine). Il y avait des garants très influents, la chancelière allemande (Angela Merkel), le président français (François Hollande). Mais Poutine est un prédateur qui ne se contente pas de produits congelés», a déclaré Volodymyr Zelensky lors de son intervention au Forum économique mondial en Suisse.

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Il a accusé le président russe de «tenter de normaliser» les «déportations massives, les villes et villages rasés et le sentiment terrifiant que la guerre ne s’arrêtera peut-être jamais». Appelant une nouvelle fois les Occidentaux à livrer davantage d’armes à son pays, le président ukrainien a assuré que «les orientations possibles et le calendrier même d’une nouvelle agression russe au-delà de l’Ukraine deviennent de plus en plus évidents», au moment où la guerre entre Israël et le Hamas, qui a dépassé le cap des 100 jours, a détourné une grande partie de l’attention du monde et suscité des inquiétudes quant à un conflit plus large au Proche-Orient.

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