Accueil / Politique

Légalisation du cannabis : le projet de loi passera-t-il ou pas ?

Temps de lecture

Reporté à deux reprises par le Conseil du gouvernement, le projet de loi portant sur la légalisation du cannabis à usage médical et industriel sera de nouveau au cœur de la réunion de l’exécutif de ce jeudi 11 mars. Ce projet de loi ambitieux déchire le Parti de la justice et du développement (PJD), dont l’ancien leader Abdelilah Benkirane a même menacé de le quitter si ce texte venait à être approuvé. Cependant, son adoption serait une opportunité en or pour le Maroc, et lui permettrait non seulement de développer son économie, mais contribuerait aussi à l’essor de plusieurs secteurs, dont le tourisme.

Le projet de loi élaboré par le ministère de l’Intérieur pour légaliser le cannabis à usage médical et industriel a été repoussé à deux reprises par le Conseil du gouvernement, alors que les divergences au sein du Parti de la justice et du développement(PJD) concernant son approbation s’intensifient. En effet,le PJD semble réticent à soutenir ce projet de loi visantla légalisation de l’utilisation thérapeutique des dérivés du chanvre indien, et ce en particulier après que son ancien leader, Abdelilah Benkirane, ait menacé de le quitter si le PJDvenait à approuver cette législation. Le texte en question, dont l’examen a été entamé en Conseil du gouvernement le 25 février dernier, n’entrera en vigueur qu’après la validation du Parlement et sa publication au Bulletin officiel.

Lors de sa dernière réunion, le secrétariat général duparti de lampe a souligné qu’il poursuit l’examen de ce projet de loi et qu’il est nécessaire d’ouvrir un débat public plus large sur la question ainsi que de réaliser une étude plus exhaustive sur l’impact de la légalisation du cannabis. Cependant, plusieurs observateurs estiment que les arguments avancés par le PJD traduisent sa réserve quant au soutien de ce projet de loi, précisant qu’il chercherait plutôt à bloquer son adoption, au moins jusqu’à la fin des prochaines élections.

Notons que la légalisation du cannabis a toujours été une question sensible pour le Royaume. Aujourd’hui, cette question devient encore plus compliquée à l’approche de la fin du mandat du gouvernement PJDiste de Saad Dine El Otmani, et avec le Parti authenticité et modernité (PAM) et le Parti de l’Istiqlal (PI)qui défendant vivement la légalisation de l’utilisation licite de cette plante. Ces derniers affirment que légaliser l’usage du cannabis permettrait de soulagerles souffrances qu’endurent les agriculteurs du nord du pays en raison dela clandestinitéde leur activité et des risquesd’exploitation auxquels ils sont confrontés à cause des trafiquants de drogue.

Lire aussi :Légalisation du cannabis : report et interrogations

Ce qu’il faut retenir de ce projet de loi

Le projet de loi controversé prévoit la mise en place d’une Agence nationale pour la légalisation des activités afférentes à cette culture et qui sera chargée d’acheter le cannabis de chezles agriculteurs et de le vendre aux entreprises pharmaceutiques. S’il est approuvé, le Maroc sera l’un des premiers pays du continent africain à autoriser l’utilisation de cette plante à des fins médicales et thérapeutiques.

Neuf activités nécessiteront une autorisation des autorités pour opérer dans cette nouvelle industrie, y compris l’importation de graines et de plantes, la mise en place de pépinières et la commercialisation du cannabis et de ses sous-produits. Lescritères requispour les cultivateurs qui souhaitent demander une autorisation sont les suivantes : être citoyen marocain adulte, les parcelles de terre doivent être situées dans la zone de réglementation et les demandeurs doivent être membres d’une coopérative conformément à la loi 112-12, les propriétaires des terres doivent livrer une autorisation écrite et documentée pour l’utilisation des terres pour la culture du cannabis. De plus, les agriculteurs autorisés doivent utiliser uniquement des plantes certifiées par l’Agence, transférer tous les produits à la coopérative et adhérer aux bonnes pratiques de production préfixées.

Pour les entreprises de transformation autorisées, ellesdoivent s’engager à signer des contrats d’achat avec les producteurs agréés. De leur côté, les coopératives d’agriculteurs agréés doivent conclure un contrat avec un ou plusieurs transformateurs agréés et/ou des sociétés d’exportation pour vendre les récoltes reçues des agriculteurs membres.

S’agissant de la commercialisation, de l’importation ou l’exportation de produits du cannabis,les sociétés qui seront chargées de ce volet doivent être légales au regard du droit privé marocain et disposer de références techniques, personnelles et financières. Le projet de loi vise ainsi à réglementer les activités légales liées à la culture, la production, la fabrication, le transport et les activités d’échange de cannabis avec d’autres pays.

Lire aussi :Cannabis : vers une légalisation de cette plante au Maroc ?

Une opportunité en or pour le Maroc

Selon le ministère de l’Intérieur, ce projet créera diverses opportunités économiques pour le Maroc et lui permettra d’étendre son marché à l’international. Bien que l’usage récréatif de cette plante restera illégal, de nombreux étrangers ont exprimé leur désir de visiter le pays, soulignant que la décision progressiste du Maroc contribuera à l’essordu secteur touristique marocain. Les voisins européens espèrent également bénéficier de cette industrie, puisque la disponibilité du cannabis médical marocain cultivé traditionnellement est susceptible de plaire à leurs populations.

Lire aussi :Légalisation du cannabis : une démarche qui rapporterait gros

Enfin, restedésormais àvoir si le gouvernement adoptera (enfin) ce projet de loi cette semaine ou s’il le reportera (une nouvelle fois) à une autre réunion.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Entretien à Rabat entre Abdellatif Ouahbi et Qassem Al-Araji

Politique - Ouahbi a rencontré lundi à Rabat Qassem Al-Araji, Conseiller à la Sécurité nationale de la République d'Irak.

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

Le Maroc : pilier stratégique de la coopération sécuritaire et du renseignement dans un contexte géopolitique évolutif

Tribune - Par une approche intégrée combinant soutien au renforcement des capacités sécuritaires, le Royaume se positionne comme un acteur central.

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

Maroc-Mauritanie : quelles conclusions tirer de la visite du président ?

Afrique, Diplomatie, Politique - Relations, gazoduc… Quelles cartes se jouent derrière cette rencontre Maroc-Mauritanie ? Analyse.

Sabrina El Faiz - 23 décembre 2024

Sanchez à Rabat : « Les principes de la souveraineté sont menacés »

Politique - A Rabat, l'IS s’est rassemblée avec des personnalités socialistes, telles que Driss Lachgar, Pedro Sanchez, ou encore Anne Hidalgo.

Sabrina El Faiz - 21 décembre 2024

Assises de la régionalisation avancée : le roi Mohammed VI accorde une attention particulière à la réussite du développement régional

Politique - Le message du Roi adressé aux participants de la deuxième édition des Assises nationales de la régionalisation avancée met en lumière l'importance que le roi Mohammed VI accorde à la réussite du développement régional.

Farah Nadifi - 21 décembre 2024

Transformation digitale au Maroc : défis et perspectives pour les régions

Politique - La transformation digitale s'impose comme une priorité stratégique pour le développement des régions marocaines, un enjeu mis en lumière lors des Assises de la régionalisation avancée.

Rédaction LeBrief - 21 décembre 2024

Le roi Mohammed VI reçoit le président de la République Islamique de Mauritanie

Politique - Le roi Mohammed VI a reçu ce jeudi au Palais Royal de Casablanca, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, président de la République Islamique de Mauritanie, selon un communiqué du Cabinet Royal.

Farah Nadifi - 20 décembre 2024

A Tanger, la régionalisation avancée en quête d’un nouveau souffle

Politique - À Tanger, les débats battent leur plein lors des Assises nationales de la régionalisation avancée.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024
Voir plus

AMO : simplification en vue

Politique - Le Conseil de gouvernement marocain a adopté un nouveau projet de loi (n° 54.23) modifiant la loi n° 65.00 relative à l'AMO.

Ilyasse Rhamir - 7 novembre 2024

Droit de grève : malgré la modification du texte, le projet divise toujours

Politique - Face à la pression des syndicalistes, le gouvernement a fait un geste visant à améliorer le projet de loi sur le droit de grève.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Sahara : Sainte Lucie, la Dominique et Grenade réaffirment leur soutien au Maroc

Politique - Sainte Lucie, la Dominique et Grenade ont réaffirmé leur soutien indéfectible à la souveraineté du Maroc sur le Sahara.

Rédaction LeBrief - 28 novembre 2024

Le roi Mohammed VI préside le Conseil des ministres

Politique - Le roi Mohammed VI a présidé un Conseil des ministres, ce mercredi 4 décembre 2024, au palais royal de Rabat.

Mbaye Gueye - 4 décembre 2024

Un Symposium international célèbre la justice transitionnelle à Rabat

Politique - Sous le patronage du roi Mohammed VI, un Symposium international sur la justice transitionnelle a débuté à Rabat.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024

Akhannouch : bâtir aujourd’hui, rayonner en 2030

Politique - Aziz Akhannouch a mis en avant les progrès significatifs réalisés par le Maroc grâce à des choix stratégiques déterminants.

Ilyasse Rhamir - 17 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire