Le Maroc et l’Union européenne (UE) font des mains et des pieds pour maintenir et renforcer leurs liens.En comparaison avec les trois dernières années, les échanges de biens entre le Royaume et l’UEont enregistré une baisse à fin 2020, n’atteignant ainsi que 35 milliards d’euros (MM€)en raison de la crise sanitaire de la Covid-19. Selon un rapport présenté ce mercredi 24 février par la Délégation de l’UE à Rabat, sur ces 35 MM€, 15 MM€ concernent les exportations marocaines vers l’UE et 20 MM€les exportations de l’UE vers le Royaume.
La même source souligne que le Royaume reste le 1er partenaire de l’UE en Méditerranée du Sud, et que60% de ses échanges commerciaux extérieurs sont avec le vieux continent. 13% de ces échanges sont liés au commerce agricole, qui a atteint environ4,6 MM€ en 2020, et qui a pu maintenir sa progression malgré les répercussions de la pandémie. Ainsi, les exportations marocaines à destination de l’UE ont doublé depuis l’entrée en vigueur de l’accord agricole convenu en 2012 pour atteindre 2,5 MM€ l’année écoulée, soit 16% des exportations marocaines globales vers l’Europe.
De leur côté, les importations en provenance du vieux continent ont également presque doublé depuis 2012 (x1,8) et se sont élevées à 2,2 MM€, soit 11% des importations globales marocaines depuis l’UE. Le Maroc affichant même«un surplus de la balance commerciale agricole avec l’UE», précise la même source. Représentant 9% du commerce agricole bilatéral, le commerce de produits agricoles transformés constitue 16% des importations en provenance de l’UE et 3% des exportations marocaines à destination de l’UE.
Notons que les échanges entre le Maroc et l’UE se font conformément du régime de libre-échange, convenu entre les deux parties dans le cadre de l’Accord d’Association euro-méditerranéen, signé en 1996 et appliqué depuis 2000.
Nouveaux instruments pour la politique de voisinage
Malgré la baisse qu’ont connue les échanges maroco-européens, Claudia Wiedey, ambassadrice de l’UE à Rabat, avance : «la crise sanitaire a de nouveau démontré que le partenariat avec le Maroc a permis une réaction rapide inédite de l’Union européenne envers son partenaire. Aujourd’hui, nous abordons 2021 avec l’ambition commune d’un renouveau, dont les jalons ont été posés avec la communication de l’UE pour un nouvel agenda pour la Méditerranée». Pour Claudia Wiedey, qui est intervenue en marge de la présentation du rapport de la Délégation de l’UE, la coopération Maroc-UE en 2021 reposera sur une série de nouvelles orientations, examinées et approuvées par le Royaume. Lesdites orientations porteront notamment sur «le développement humain, la bonne gouvernance, la transition numérique, la migration et mobilitéet la transition énergétique». D’ailleurs, à propos de ce dernier point, Rabat et Bruxelles ont conclu un «Partenariat vert» présentant la liste de leur action commune sur le climat et sur l’économie verte. À traversce nouveau partenariat, le Maroc et l’UE s’engagent à adopter des modes de consommation plus durables, à mettreen œuvre des stratégies climatiques et à promouvoir les opportunités d’une économie plus propre, le tout dans le cadre de la stratégie de relance économique post-pandémie.
Par ailleurs, afin d’assurer le succès des nouvelles orientations du partenariat entre l’Unioneuropéenne et les pays du voisinage, un plan d’investissement économique spécifique sera établi au profitdes voisins méridionaux.Ce dernier, qui mobilisera sept MM€ et s’étalera sur la période 2021-2027, aura pour objectif «d’améliorer la vie des populations et de garantir que la reprise économique post-Covid-19 ne laisse personne de côté», explique Claudia Wiedey. Et d’ajouter que ce plan d’investissement «devrait contribuer à mobiliser des investissements privés et publics à hauteur de 30 milliards d’euros pour le voisinage méridional».
Il est temps que l’UE abandonne sa «logique du professeur et de l’élève»
Pour Nasser Bourita, le ministre des Affaires étrangères, les récents développements du partenariat Maroc-UE devraient convaincre Bruxelles de s’ouvrir à un nouveau type de relation avec Rabat. S’adressant à l’Agence Europe, il a exhorté l’UE à rompre avec sa «logique du professeur et de l’élève» avec laquelle elle aborde ses relations avec ses voisins du Sud, dont le Maroc. Plutôt que d’imposer un ordre du jour, le dialogue et la consultation multilatéraux devraient être les fondements des relations entre l’UE et ses partenaires, estime le ministre.
Évoquantla décision de l’UE de retirer le Maroc de sa «liste grise» de pays tiers non coopératifs en matière de fiscalité, Bourita a souligné la nécessité d’un dialogue dans la gestion des questions sensibles. «Si le voisinage Sud est important, il ne doit pas subir les conséquences des décisions prises par l’UE», a-t-il expliqué. Selon le Chef de la diplomatie marocaine, il est impératif d’échanger de manière réfléchie afin de donner de la valeur à ce que chaque partenaire apporte à la table des négociations.Les voisins du Sud de l’UE «doivent être impliqués, non pas dans la décision, mais au moins dans la réflexion» sur les grandes décisions politiques qui affectent le bassin méditerranéen, soutient-il.
Par le biais de son interview, Nasser Bourita a appelé l’UE à entrer dans une logique de concertation qui serait mutuellement bénéfique pour elle et ses partenaires. Dans ce sens, ila suggéré l’adoption d’une approche similaire sur le sujet de plus en plus sensible de la migration clandestine. «Toute approche qui cherche à trouver les coupables plutôt que les solutions est une mauvaise méthode», a lancé le ministre. La migration est un «phénomène naturel entre les deux rives», a-t-il avancé, notant que l’UE devrait travailler avec ses partenaires non européens afin de trouver des solutions communes à des défis communs. «Le Maroc assume ses responsabilités, mais ne sera jamais un policier, car ce n’est ni sa vocation ni sa conviction», a-t-il lancé.
Enfin, il a cité en exemple la coordination du Maroc avec l’Espagne, en particulier,qui selon lui représente un bon modèlede l’engagement du Royaume à trouver une solution à la crise migratoire. Bourita a ainsi rappelé les opérations menées par le pays pour lutter contre les réseaux de trafiquants, même au-delà de la Méditerranée. Il a aussi salué les efforts du commissaire européen Oliver Varhelyi, qui consulte les pays concernés avant d’officialiser les décisions de l’UE en matière de migration.
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