Accueil / Société

Réforme du Code du travail : bras de fer entre la CGEM et les syndicats

Temps de lecture

Les discussions sur la réforme du Code du travail sont de nouveau relancées entre le patronat et les syndicats. Les échanges s’annoncent déjà très difficiles. La Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) plaide pour une importante refonte afin d’offrir plus de flexibilité pour le marché du travail. Les partenaires sociaux quant à eux s’opposent à cette approche et appellent à une application plus scrupuleuse du Code du travail actuel, qui est selon eux moderne, équilibré et garant des droits et acquis des salariés au Maroc.

Un houleux débat s’annonce entre patronat et syndicats sur laréforme du Code du travail. En effet, les négociations récemment relancées à ce sujet entre les partenaires économiques et sociaux commencent déjà à se compliquer. Alors que la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) insiste sur l’importance de la flexibilité du marché du travail,les syndicats plaident pour leur part pour une application plus stricte de la réglementation actuelle du travail. Abdelkader Zair, secrétaire général de la confédération démocratique du travail (CDT), indique à L’Observateur du Maroc et d’Afrique qu’aujourd’hui«les entreprises n’appliquent même pas 10% des dispositions du Code du travail», notant qu’avant de parler de réforme, il fait d’abord respecter les textes en vigueur.

Lire aussi :Code du travail : le Conseil du Gouvernement valide l’article 16

Les arguments et les objectifs de la CGEM

Pour la CGEM, le Code dutravail actuel est dépassé et a montré ses limites, soulignant qu’il est temps de l’assouplir pour mieux l’adapter aux besoins dumarché. Lors de son intervention du 11 février dernier durant la conférence de presse de la CGEM, Hicham Zouanat, président de la commission sociale du patronat, a martelé que «dans un pays normal, on ne peut pas attendre 20 ans pour changer le Code dutravail.Le monde a changé autour de nous, il y a de nouvelles formes de travail, notamment le télétravail et l’autoentrepreneuriat». Contrairement à la France, qui a modifié son Code dutravail quatre fois pendant les dix dernières années, le Maroc, lui, a attendu 30 ans pour changer le sien en 2004, soit plus de 16 ans déjà.

Selon Zouanat, bien que la réforme du Code du travail ait été annoncée dans la déclaration gouvernementale de 2017, cette dernière n’a toujours pas eu lieu, et ce en raison des discordes autour du manque de flexibilité de ses textes. Le représentant patronal explique que le code actuel et conditionné par de nombreux facteurs contraignants. À titre d’exemple, il a cité la mise en place d’un décret de loi qui prévoitla suspension de contrats pendant cette période de crise sanitaire, qui a entrainé près de 900.000 pertes d’emplois. «En l’absence de ce décret de loi qui a protégé les salariés, il y aurait des millions de pertes d’emplois», affirme Zouanat. Ce dernier avance que la flexibilité du Code du travail servira à trouver des alternatives au licenciement au moment de crises et à encourager les entreprises à créer de l’emploi de qualité.

Lire aussi :Licenciement économique : une procédure compliquée

Le niet des syndicats

Du côté des syndicats,l’assouplissement du Codedutravail risque de précariser les salariés. Miloudi Moukhariq, secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT), a souligné à TelQuel que l’UMT est contre la réforme du code, qui est selon lui, «moderne, équilibré et garant des droits et acquis des salariés au Maroc». Moukhariq affirme que ces textes ont été établis après moult concertations et négociations entre le mouvement syndical, la CGEM et le gouvernement. Il estime aussi qu’une refonte ne fera que déstabiliser les relations professionnelles dans le milieu du travail. Ali Lotfi, secrétaire général de l’Organisation démocratique du travail (ODT), rejoint la position de Moukhariq et ajoute que l’actuel Code du travailcouvre parfaitementce qui se passe sur le terrain au Maroc ainsi que lesrelations desentreprises à l’égard de leurs collaborateurs. Pour Lotfi (ODT), Moukhariq (UMT) et Zair (CDT) le marché du travail marocain à plus besoin d’une application plus scrupuleuse du Code du travail, que d’une révision urgente.

lire aussi :Pandémie et télétravail : ce que dit le Code du travail

Enfin, ces positions opposées présagent des discussions très rudes lors de la prochaine réunion du dialogue social, dont la date n’a pas encore été fixée. Il est clair que le patronat va maintenir la pression pour assurer la concrétisation de cette réforme. Cependant, les syndicats aussi ne prévoient pas de céder face au patronat etcomptent défendre bec et ongles leur vision.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Protection sociale : 15 millions de Marocains couverts

Société - Mustapha Baitas a annoncé que 3.769.000 travailleurs indépendants sont désormais inscrits au régime de couverture médicale.

Ilyasse Rhamir - 13 décembre 2024

LF 2025 : exonération totale des pensions pour 164.000 retraités

Société - Le gouvernement franchit une étape importante avec l’exonération des pensions et des rentes viagères des retraités prévue par la loi de finances 2025.

Ilyasse Rhamir - 13 décembre 2024

Le Maroc, modèle régional des droits de l’Homme

Société - Lors de la Journée internationale des droits de l’Homme, Abdellatif Ouahbi, a souligné l’engagement du Maroc dans la promotion des droits fondamentaux.

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024

Salé : une tentative de trafic de près de 5.000 comprimés psychotropes avortée

Société - La DGST a réussi à déjouer une importante tentative de trafic de substances psychotropes, mercredi après-midi.

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024

Saisie record : 3,6 tonnes de drogue interceptées à Casablanca

Société - Les forces de l’ordre marocaines, en coopération avec les services douaniers, ont mis en échec une tentative de trafic de drogue au port de Casablanca.

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024

Berkane lance son premier parking intelligent

Société - Le premier parking intelligent de Berkane a été officiellement inauguré ce mercredi à la place de la Marche Verte.

Ilyasse Rhamir - 11 décembre 2024

Violence domestique : les mentalités changent-elles ?

Société - Une conférence à Guercif sensibilise la population aux dangers de la violence domestique et à son impact dévastateur sur la société et les individus.

Farah Nadifi - 11 décembre 2024

Déclaration CNSS : un nouvel outil numérique

Société - Une solution numérique innovante sera déployée pour simplifier l’enregistrement des employés auprès de la CNSS.

Ilyasse Rhamir - 11 décembre 2024
Voir plus

Bac 2023 : place au diplôme numérique

Société - À compter de cette année, les bacheliers récupéreront leurs diplômes plus vite grâce à la digitalisation de ce processus

Atika Ratim - 2 juin 2023

Horaires des prières à Meknès

Bienvenue sur notre page consacrée aux horaires de prière à Meknès ! Ici, nous fournirons les heures exactes des prières à Meknès ainsi que d'autres informations utiles.

Rédaction LeBrief - 5 septembre 2023

Pourquoi le site Narsa Khadamat est-il hors service ?

Société - Depuis un mois, l’accès au site Narsa Khadamat est impossible. Découvrez la raison de cette interruption.

Rédaction LeBrief - 27 novembre 2024

Palestine : Barid Al-Maghrib émet un timbre-poste arabe commun en solidarité

Société - Le groupe Barid Al-Maghrib a lancé un timbre-poste spécial intitulé Avec Gaza en signe de solidarité avec le peuple palestinien.

Rédaction LeBrief - 30 novembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire