L’article 490 du Code pénal marocain fait de nouveau du bruit au Maroc. Ce texte de loipunit «de l’emprisonnement d’un mois à un an, toutes personnes de sexes différents qui, n’étant pas unies par les liens du mariage, ont entre elles des relations sexuelles».C’est à la suite de lasortie de prison de Hanaa, une mère de deux enfants âgée de 24 ans, qui a été condamnée à un mois de prison ferme et à 500 dirhams d’amende par le tribunal de Tétouan pour «relations sexuelles hors mariage» et «outrage à la pudeur», que le débat sur l’article 490 a été ravivé. Après la diffusion d’une vidéo à caractère sexuel, datant de 2015 où elle apparaissait nue etla tête voilée, la jeune femme a été arrêtée début janvier 2021. Selon son avocate, Me Ghizlane Mamouni, le partenaire de Hanaa ainsi que la ou les personne(s) qui ont fait fuiter la vidéo dans des groupes de messagerien’ont pas été inquiétés par les autorités. Ainsi, l’avocate et la cliente ont pris la décision de poursuivre en justice l’homme qui a filmé, la personne qui a partagé les images et les sites pornographiques ayant diffusé la vidéo. Me Ghizlane Mamouni souligne que «la justice marocaine a émis un mandat d’arrêt national contre cet homme qui s’avère être résident aux Pays-Bas, avec qui le Maroc n’a pas d’accord de coopération judiciaire. Il faut donc déposer une plainte aux Pays-Bas».
De plus, l’avocate de Hanaa a tenu à préciser que sa cliente se trouve déjà en situation de vulnérabilité, du fait qu’elle est «mère célibataire, tombée enceinte pour la première fois à l’âge de 13 ans à la suite d’un viol». Et après la médiatisation de son affaire, ses enfants ne vont plus à l’école, parce qu’ils font l’objet de moqueries et d’insultes de la part de leurs camarades et de leurs enseignants. «Toute sa famille, sauf sa mère, s’est retournée contre elle. Elle a très peur, surtout pour l’avenir de ses enfants. Il faut que la société civile agisse», regrette Me Mamouni.
Lire aussi :Les Hors-la-loi organisent un sit-in digital
Grande polémique autour de l’article 490 du Code pénal
Ainsi, l’affaire de Hanaa a déclenché une nouvelle campagne sur les réseaux sociaux pour l’abrogation de l’article 490. Poursoutenir la jeune femme et pour exiger l’abrogation du texte de loi qui l’a fait condamner, le collectif des « Hors-la-loi » a mené, le mercredi 3 février, un sit-in digitalsur les réseaux sociaux, sous le Hashtag #Stop490. Ce dernier a appelé les internautes marocains à s’exprimer en faveur de «l’abrogation pure et simple de l’article 490 du Code pénal» et pour en «finir avec le sexisme systématique des institutions publiques et la mentalité patriarcale qui sévit dans notre pays». Me Ghizlane Mamouni, membre aussi du mouvement « Hors-la-loi », martèle : «Nous disposons d’articles de loi qui protègent des victimes comme Hanaa, mais l’article 490 se dresse comme une barrière… c’est une arme entre les mains d’une justice complètement désensibilisée aux questions des violences faites aux femmes, de la protection de la vie privée et des libertés individuelles». De son côté, l’écrivaine franco-marocaine Leïla Slimani, cofondatrice du Collectif 490, estime que «cette affaire prouve encore une fois que ce sont toujours les mêmes qui se retrouvent derrière les barreaux, c’est-à-dire les plus fragiles alors qu’elles devraient justement être protégées par l’État. Ces femmes sont à la fois victimes de violences individuelles et de violence de la part de l’État, qui finit par les poursuivre».
Et alors que les « Hors-la-loi » et leurs partisans réclament la suppression de l’article 490, une contre-campagne sous le Hashtag#Keep490 lancée sur Twitter appelle en revanche au maintien de l’article controversé. Les auteurs et les militants de cette contre-campagne avancent que le Maroc est un pays musulman, et qu’autoriser les «relations sexuelles hors mariage» va à l’encontre des préceptes de l’Islam et exposerait le pays à une vague de débauches sans précédent.
À noter que selon les dernières statistiques publiques, 15.192 personnes ont été poursuivies en 2019 pour avoir eu des rapports sexuels hors mariage. Ce «délit contre la moralité publique» est catégorisé par la loi marocaine parmi les «attentats aux mœurs», au même niveau que la prostitution (5.945 poursuites judiciaires en 2019) et l’adultère (3.270).
Lire aussi :Le débat sur les libertés individuelles s’envenime au Maroc
Enfin, rappelons que le collectif des « Hors-la-loi » a été créé en 2019 après l’arrestation de Hajar Raissouni, une journaliste marocaine condamnéepour un avortement clandestin et des relations sexuelles avec son fiancé avant le mariage, avant d’être graciée par le roi Mohammed VI. Raissouni avait été emprisonnée malgré le fait d’avoir fortementnié les délits qu’on lui imputait. C’est dans ce contexte qu’un manifeste réclamant l’abrogation de «lois liberticides» punissant de prison le «sexe hors mariage», l’adultère et l’avortement avait été signé par des centaines de personnes déclarant publiquement avoir elles-mêmes outrepassé ces interdits «obsolètes».
Lutte contre les déchets plastiques : les Marocains prêts à agir
Société - 94% des Marocains interrogés accordent une grande importance à l'élimination des déchets plastiques.
Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024Casablanca : suspect arrêté après acte violent
Société - Les éléments de la police judiciaire de la zone Ain Sebaâ – Hay Mohammadi, en coordination avec la DGST, ont interpellé, un suspect de 31 ans recherché pour plusieurs affaires criminelles.
Ilyasse Rhamir - 23 décembre 2024Fourrières à Casablanca : un système en crise
Société - D’après le rapport annuel 2023-2024 de la Cour des comptes, 97% de ces fourrières ne sont pas légalement constituées en tant que service public.
Ilyasse Rhamir - 23 décembre 2024MRE, qui ne veut pas de vous ?
DOSSIER - C’est l’histoire d’un MRE qui a failli perdre la vie dans une altercation autour d'une terre. Une affaire sordide où advient aussi le « racisme anti-MRE ».
Sabrina El Faiz - 21 décembre 2024L’école marocaine, un rêve empreint d’inégalité
Société - Malgré des avancées notables, le Maroc continue de faire face à des inégalités éducatives importantes.
Ilyasse Rhamir - 20 décembre 2024Casablanca intègre le C40 des villes engagées pour les actions climatiques
Société - La commune de Casablanca a annoncé son adhésion au réseau mondial C40 des villes, regroupant près de 100 villes engagées dans des actions climatiques.
Mbaye Gueye - 20 décembre 2024Alerte météo : chutes de neige samedi et dimanche
Société - Des chutes de neige sur les hauteurs dépassant les 1.800 m, sont prévues dans certaines provinces du Royaume.
Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024Quel est le vrai taux de chômage au Maroc ?
Société - Un jeune Marocain sur deux, âgé de 15 à 24 ans, vivant en milieu urbain, est au chômage selon BAM. Le HCP révèle un taux de 13,6 % et 21,3 % d’après le RGPH.
Ilyasse Rhamir - 19 décembre 2024Cherté de vie : le citoyen se révolte
Société - Mis à rude épreuve par l’inflation et la hausse vertigineuse des prix à la consommation, les ménages se révoltent.
Khadija Shaqi - 5 décembre 2022Mères célibataires et mères divorcées : un vrai calvaire !
Dossier - Le statut des mères célibataires et divorcées au Maroc n’est pas de tout repos, entre traditions ancrées et exigences de modernité.
Sabrina El Faiz - 19 octobre 2024Aïd Al Adha : une fête à prix d’or
Hajar Toufik - 30 mai 2024Prix des médicaments : lancement des consultations avec les industriels pharmaceutiques
Société - Des rencontres seront organisées pour étudier les propositions des acteurs du secteur pharmaceutique concernant les prix de vente des médicaments. Le ministère de la Santé et de la Protection sociale les organise, du 28 juin au 1er juillet à Rabat.
Khadija Shaqi - 29 juin 2022Pénurie de médicaments : état des lieux, causes et solutions
Hajar Toufik - 14 septembre 2022CNSS : augmentation des pensions de 5%
Société - La ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Alaoui, a présidé, ce vendredi, la réunion du Conseil d’administration de la CNSS.
Khadija Shaqi - 9 septembre 2022