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Vacciner 33 millions de Marocains d’ici fin mai, est-ce possible ?

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Alors que la vaccination de masse anti-Covid-19 a déjà commencé dans plusieurs pays, la campagne marocaine sera lancée cette semaine. Malgré le retard enregistré, le Maroc est parmi les premiers pays africains à lancer une campagne nationale de vaccination. Optant pour les deux vaccins de Sinopharm et d’AstraZeneca, le pays a partagé les détails des capacités logistiques et techniques déployées pour garantir la réussite de cette opération inédite. Par ailleurs, le Royaume, qui a commandé 66 millions de doses, vise à immuniser 33 millions de Marocains d’ici fin mai. Est-ce possible ? Par quoi les vaccins choisis par le Maroc se distinguent-ils ? Réponses.

Alors que des programmes de vaccination de masse sont mis en place dans le monde entier pour tenter de maîtriser la pandémie de la Covid-19, le Maroc s’apprête enfin à lancersa propre campagne d’immunisation. Cette dernière débutera au cours de cette semaine sur l’ensemble du territoire national et mobilisera un lourd dispositif.

Lire aussi :Vaccination contre la Covid-19 : les étapes à suivre

Moyens mis en œuvre pour la vaccination

La distribution des vaccins marque le début imminent de la campagne nationale de vaccination. Ce lundi 25 janvier, le ministère de la Santé a commencé cette distribution aux différentes régions dupays. 13 camions frigorifiques ont été mobilisés pour transférer les vaccins de la Régie autonome des frigorifiquesde Casablanca vers les chefs-lieux des 11 autres régions du Royaume avantleur dispatch sur les différents « vaccinodromes ». Ces véhicules transporteront les vaccins sous haute sécurité, des policiers les escortant dans les villes et des officiers de la Gendarmerie royale les accompagnantsur les routes interurbaines. Les vaccins arriveront d’abord aux directions régionales de la santé, avant d’être distribués aux centres de vaccination de chaque région de manière juste et équitable.

Notons que les vaccins concernés ont été fabriqués par la société pharmaceutique anglo-suédoise AstraZeneca dans ses unités de production indiennes. Le Maroc a reçu un premier envoi de deux millions de doses du vaccin d’AstraZeneca, nommé Covishield, le vendredi 22 janvier. Le Royaume attend également une livraison de vaccins de la société chinoise Sinopharm ce mercredi 27 janvier.

D’importants moyens logistiques

Annoncée pour la première fois en novembre, la campagne est en préparation depuis plus de deux mois. Selon le ministère de la Santé, le Maroc n’attendait que la livraison des vaccins. Afin de réussir cette grande opération inédite, des moyens humains et logistiques conséquents sont mis en place par le Maroc, dont les détails figurent sur le portail www.liqahcorona.ma, exclusivement dédié par la tutelle à cet effet. Cette plateforme, qui permet au citoyentout d’abord prendre rendez-vous, a également été mise en place en réponse aux vagues d’informations trompeuses entourant la prochaine campagne nationale de vaccination du Maroc.

Selon ce portail officiel, 2880 établissements de soins de santé primaires ont été désignés afin de garantir la réussite de cette opération. La majorité des professionnels de santé sont mobilisés et un nombre important de stations vaccinalesseront dédiées à cette campagne de vaccination. Cette campagne s’effectuera en deux modes, notamment un mode fixe où la population se déplace vers la station vaccinale et un autre mobile. Ce dernier prévoit le déplacement des équipes de vaccination rattachées à la station vers des points mobiles de vaccination selon un programme préétabli dont le nombre est arrêté lors de la planification locale en 7000 points. S’agissant du nombre de doses nécessaires, chaque personne doit en recevoir deux. Pour le vaccin du laboratoire Sinopharm, l’intervalle minimal entre les deux injections est de 21 jours, tandis que pour le vaccin du laboratoire AstraZeneca, il est de 28 jours.

Quel vaccin choisir pour se protéger de laCovid-19 ?

Les deux vaccins acquis par le Maroc sont différents. Selon un article de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le groupe chinois Sinopharm a développé un vaccinchez l’Homme. Le laboratoire a opté pour la technique du « virus inactivé ». Cette forme de vaccin est la plus historique, elle découle des découvertes de Louis Pasteur au XIXe siècle. Il s’agit d’inactiver un virus, donc le rendre non agressif, puis de l’injecter pour susciter une réponse immunitaire et produire des anticorps qui le reconnaîtront. Le problème avec ce vaccin, c’est lemanque de transparence. En effet, il n’y a pas eu de publication claire à son sujet, et quand il fut testé au Brésil, l’efficacité était estimée à 50%, soit plus faible que ce qui a été annoncé par le laboratoire.

Le vaccin Oxford-AstraZeneca, qui a été approuvé pour une utilisation au Royaume-Uni et aux États-Unis, estdifférent. Pour développer ce vaccin, les scientifiques ont modifié une version du virus du rhume qui infectait les chimpanzés et ont ajouté un morceau du code génétique du SARS-Cov-2. Ainsi, il repose sur la technologie de l’adénovirus de maladies respiratoires aigües. Et ce, en utilisant comme vecteur un virus dépourvu de gène de reproduction, qui ne peut donc plus infecter l’organisme. Le groupe annonce un vaccin avec environ 60 à 70% d’efficacité, même si on s’était aperçu que ce taux pouvait passerà 90% pour une demi-dose en première injection (échantillon trop faible et protocole non défini pour pouvoir être validé comme résultat probant). Selon l’agence Reuters, la firme a toutefois déjà annoncé des problèmes de rendement dans ses usines de production et aura du mal à livrer ses commandes comme prévu initialement.

Notons qu’aucun effet indésirable grave n’a été signalé pour ces deux vaccins. En effet, de rares effets secondaires, bénins à modérés, ont été notifiés chez quelques personnes parmi les participants aux essais cliniques du vaccin chinois au Maroc. Parmi ces effets mineurs ou modérés, qui disparaissent spontanément, figurent des réactions locales (douleur, tuméfaction ou rougeur sur lesite d’injection) et des réactions systémiques (fièvre, petit malaise, douleur musculaire, maux de tête, douleur articulaire…).

Vacciner 33 millions de Marocains d’ici fin mai est-ce possible ?

Alors que le Maroc a imposédes restrictions majeures à la liberté de circulation, il espère un retour à la normale dès que possible. Pour ce faire, le Royaume a d’ores et déjàcommandé 66 millions de doses de vaccins anti-Covid(dont 40 millions auprès de Sinopharm), pour vacciner 33 millions de Marocains. Cette opération se déroulera progressivement avec comme cibles prioritaires des premières semaines, les professionnels de santé de 40 ans et plus, les autorités publiques, les membres de l’armée, le corps enseignant de plus de 45 ans, et les personnes âgées de plus de 75 ans. La campagne de vaccination concernera également en priorité les zones où le niveau de contamination à la Covid-19 est élevé.

Une chose est sûre : ne serait-ce que pour atteindre ce nombre de personnes vaccinées avant fin mai, il va falloir adopter un rythme accéléré. Le plan marocain de vaccination s’étale sur 3 mois. L’objectif est de réaliser entre 568.000 et 973.000 actes vaccinaux par jour. Àce rythme, le Maroc pourrait immuniser la totalité de la population en moins de trois mois.

Toutefois, pour y parvenir, il faut impérativement recevoir la totalité des doses commandées très rapidement (près de 2 millions par semaine). Alors que les premières doses de Sinopharm devraient arriver ce mercredi 27 janvier, le département de Khalid Aït Taleb n’a pas précisé le nombre de vaccins qui seront envoyés par le laboratoire chinois. Et pour l’instant, seulement deux millions de doses du vaccin d’Astrazeneca ont été reçues. Ceci ne permettrait de protéger qu’un million de personnes. Étant donné qu’AstraZeneca a récemment annoncé des problèmes de rendement dans ses usines de production, le Maroc pourrait ne pas recevoir ces doses dans des délais raisonnables. La firme a déjà annoncé une baisse des livraisons de 60% dans l’Union européenne.

De la réussite de cette campagne dépendra le retour à davantage de libertés. Toutefois, cette absence de visibilité quant à la livraison rend le processus plus complexe et incertain. .

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