Accueil / Culture

La culture sacrifiée sur l’autel de la Covid-19

Temps de lecture

Si 2020 sera longtemps associée à la Covid-19, cette année catastrophique a porté un coup dur à la scène culturelle. Paralysée par les conséquences de la pandémie, la culture est à genoux, malgré les aides importantes de l’État. Avec la crise, on parle même d’année blanche. Les perspectives de cette industrie se sont fortement assombries, alors que ce secteur était florissant avant la crise. Les experts estiment désormais que l’année à venir ne sera pas meilleure que la précédente.

2020 aura été le théâtre de crises multiples imbriquées les unes dans les autres. Cette année catastrophique a révélé la fragilité de plusieurs écosystèmes. La pandémie du nouveau coronavirus a touché de plein fouet plusieurs secteurs, notamment celui de la culture, qui souffre le plus des effets de la crise sanitaire. La Covid-19 a presque suspendu les activités culturelles, rompant la relation intime qui les lient au public et aux espaces de spectacles. Depuis mars, les conséquences de la crise sanitaire n’épargnent aucune discipline du secteur. Cinéma, audiovisuel, spectacle vivant, patrimoine, on estime qu’au Maroc, la culture est le troisième secteur le plus impacté par la crise sanitaire liée à la Covid-19. Au sein du microcosme culturel, on dresse le bilan d’une année «presque blanche».

Cet été, les musées ont rouvert leurs portes. Toutefois, en raison de la pandémie, les salles de spectacles, de théâtre et de concerts sont restées fermées quasiment toute l’année, ce qui pénalise lourdement les artistes. Des centaines de milliers de travailleurs, qui vivent de la culture, ont été impactées. Les opérateurs du secteur les plus en souffrance sont les artistes du spectacle vivant, qui sont souvent non déclarés. Dans un diagnostic mis en avant par Mohamed Lotfi Mrini, président de la Fondation Salé pour la Culture et les Arts, il a indiqué à la MAP que «les mesures instaurées ont mené à une paralysie artistico-culturelle dans les espaces publics», impactant la situation sociale d’une large tranche d’employés évoluant dans le milieu, dans la mesure où «plus de 1.000 familles impliquées dans cette industrie ont été directement affectées par cet arrêt».

Plusieurs années de croissance balayées en quelques mois

Il est très difficile d’appréhender de manière précise l’impact duconfinementet du couvre-feu sur ce secteur qui compte beaucoup d’indépendants pas toujours bien identifiés. Toutefois, on estime que depuis le confinement, les transactions liées à la culture ont baissé de 60%. Le ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports a déboursé une enveloppe d’environ 35 millions de dirhams pour soutenir la création artistique. Ce soutien exceptionnel a contribué à l’allègement de l’impact de la pandémie sur les travailleurs du secteur, a souligné Mohamed Lotfi Mrini. S’ajoutent à ces mesures le lancement d’un programme exceptionnel de soutien aux acteurs des milieux de l’art et du livre et la mobilisation du Fonds national pour l’action culturelle. Malgré cela, de nombreux d’artistes n’ont reçu aucune subvention et souhaitent avant tout reprendre leur activité. Toutefois, recrudescence de la Covid-19 oblige, la reprise des spectacles ne semble pas être pour demain.

Pour Bakr Seddiki, président de la Fondation Tayeb Saddiki pour la Culture et la Création, la pandémie a levé le voile sur «la fragilité du secteur de la culture et des arts, toujours en cours de structuration, les textes de loi n’étant toujours pas entrés en vigueur, notamment ceux qui ont trait à l’artiste et aux métiers de l’art». Seddiki appelle ainsi à tirer profit de la leçon de la Covid-19, en renforçant la place des artistes et en consacrant leur rôle dans la culture et la promotion sociale. Alors que le Maroc s’apprête à adopter un nouveau modèle de développement, Seddiki estime que la culture devrait être placée au cœur de ses priorités.

Sauvé par la digitalisation

Malgré ces perspectives sombres, cette année a malgré tout été riche de nombreux changements. En raison du confinement, la digitalisation a pris le dessus, changeant ainsi habitudes de consommation culturelles. Le secteur a pu survivre dans son combat contre le virus grâce à ce que Mohamed Lotfi Mrini appelle un «atterrissage d’urgence» des activités et manifestations culturelles et artistiques sur les plateformes digitales. S’adaptant à la situation, le Centre cinématographique marocain (CCM) a mis ses services au profit du grand public en mettant à la disposition des cinéphiles, depuis le début de l’état d’urgence sanitaire, une sélection d’œuvres marocaines sur son site web. De plus, alors que les Marocains consommaient principalement les éditeurs de contenu numérique, de nombreux médias ont offert, en plus de leur édition en papier, une version électronique en essai gratuit pendant la période de confinement. Enfin, la Fondation nationale des musées a également misé sur le numérique en lançant des initiatives complètement digitales. Selon Mehdi Qotbi, président de la Fondation, «grâce à la magie de la digitalisation et des nouvelles technologies, nous avons pu poursuivre notre mission et préparer les expositions qui sont présentées à travers nos musées».

Dernier articles
Les articles les plus lu

Marrakech : franc succès pour la 53e édition du FNAP

Culture - Le FNAP a connu un succès retentissant selon Mohamed Knidri, président de l'association organisatrice de cet événement.

Rédaction LeBrief - 8 juillet 2024

Mawazine 2024 : 2,5 millions de spectateurs au rendez-vous

Culture - 200 artistes internationaux et 2,5 millions de visiteurs à Rabat et Salé pour la 19e édition du Festival Mawazine.

Chaima Aberni - 8 juillet 2024

Décès de Mustapha Dassoukine, figure emblématique de la comédie marocaine

Culture - Le monde de la comédie marocaine pleure la perte de Mustapha Dassoukine, décédé samedi soir.

Hajar Toufik - 7 juillet 2024

Rites, pratiques mystiques et transe : quelles similitudes entre les Gnawa et les lébous du Sénégal ?

Afrique, Culture, Société - L’origine des Gnawa vient d’Afrique subsaharienne : le Mali, le Sénégal, le Niger, la Mauritanie et la Guinée.

Mbaye Gueye - 3 juillet 2024

Festival Gnaoua : quel impact économique sur Essaouira?

Culture - Lors du Festival Gnaoua, Mehdi Bensaid a rappelé l’importance, aux investisseurs, de saisir les opportunités qu’offre la culture.

Mbaye Gueye - 2 juillet 2024

Festival Gnaoua : « Aïta mon Amour » vogue entre passé et présent

Culture - Les deux artistes ont pris leur courage à deux mains pour mettre en place le projet « Aïta mon Amour».

Mbaye Gueye - 1 juillet 2024

Festival Gnaoua : Ablaye Cissokho et Mehdi Qamoum envoûtent le public de Bab Marrakech

Culture - La place Borj Bab Marrakech a été le lieu de rencontre de deux cultures. Celle venue d'Afrique de l’Ouest et l’autre d'Essaouira

Mbaye Gueye - 29 juin 2024

«Moroccan Badass Girl» : la comédie satirique numéro un sur Netflix Maroc

Culture - «Moroccan Badass Girl» domine les palmarès de Netflix Maroc, acclamée pour son humour et sa critique sociale incisive.

Chaima Aberni - 28 juin 2024
Voir plus

L’art du Melhoun, un art poético-musical

Culture - Ce film est produit par l'Académie du Royaume du Maroc en soutien au dossier d'inscription du Melhoun auprès de l'UNESCO

Rédaction LeBrief - 26 décembre 2023

Festival Gnaoua d’Essaouira : instrumentistes virtuoses et phénomènes scéniques à l’affiche de la 25e édition

Culture - Le programme de cette 25éme édition ne sera pas en reste car comme le veut la tradition, des musiciens venus des 4 coins du monde vont se produire aux côtés des Maâlems Gnaoua.

Mbaye Gueye - 2 mai 2024

Adidas lance une nouvelle collection de t-shirts à la marocaine

Culture - La marque allemande, Adidas a lancé une nouvelle collection de t-shirts pourtant une touche marocaine.

Mbaye Gueye - 16 mai 2024

Saad Lamjarred ne joue pas dans le film Qlab 6/9 (vidéo)

Culture - Alors qu’il était annoncé que la grande star de la chanson, Saad Lamjarred avait participé au film Qlab 6/9, le chanteur réagit.

Rédaction LeBrief - 22 juillet 2024

Hommage à Nour-Eddine Sail

Culture - Le dimanche 15 décembre 2024, date anniversaire de la disparition de Nour-Eddine Sail, un hommage solennel lui sera rendu au CinéAtlas Colisée de Rabat..

Ilyasse Rhamir - 14 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire